Andreas Nittis

«Tout le monde se moquait de moi à Chypre»

Cette semaine, FF.fr tire le portrait de ces supporters de clubs français vivant aux quatre coins du monde. Andreas Nittis , 20 ans, un inconditionnel de Toulouse vivant à Chypre se confie sur sa passion du club haut-garonnais.

Il n’a pas choisi la facilité. Loin de là. En cette année 2006-2007, Lyon écrase tout sur son chemin dans le Championnat de France. Les parcours européens des Gones traversent les frontières et la popularité du club de Jean-Michel Aulas ne cesse d’augmenter en dehors de l’Hexagone. Sur l’île de Chypre, à Limassol, Andreas a onze ans et la Ligue 1 commence à le passionner. «C’était un Championnat passionnant, mais je voulais choisir une équipe autre que Lyon, Paris ou Marseille. Trop facile. Je me suis dit que j’allais suivre Toulouse», se remémore-t-il dans un anglais parfait. Le TFC est la surprise de la saison et termine à une superbe troisième place qualificative pour le tour préliminaire de la Ligue des champions. Andreas tombe amoureux.

«Comme si j'allais visiter ma famille»

Dans son entourage et à l’école, peu de gens comprennent sa passion. Le Real, le Barça, Lyon, Le Milan AC ? OK ! Mais pourquoi Toulouse ? Jusqu’à en arriver à de l’idiotie. «Tout le monde se moquait de moi quand je disais que j’étais supporter du Téfécé. Ca frôlait même le harcèlement à certains moments», raconte-t-il avec émotion. Aujourd’hui, la revanche est belle. Depuis 2011, Andreas vient une fois par an voir un match au Stadium et il est à chaque fois accueilli comme un roi. «Les joueurs me connaissent, le staff aussi et j’ai noué beaucoup d’amitié avec les supporters. C’est comme si j’allais visiter ma famille», lance le jeune Chypriote dans un rire. Il est chouchouté par les Violets qui lui offrent maillots et polos. Par l’intermédiaire de Facebook et de ses aller-retours, Andreas a noué une belle amitié avec Ali Ahamada : «Avant que je ne vienne dans la Ville rose, on se parlait avec Ali sur les réseaux sociaux. Un jour, au culot, je lui ai demandé ses gants. Il me les a envoyés à Limassol. J’étais agréablement surpris», se souvient ce fou du «Tèf».

Les matches du TFC sur son smartphone pendant l'armée

Andreas va entamer des études sur son île pour devenir professeur des écoles dès la rentrée. Un soulagement, puisque depuis deux ans, il était contraint d’effectuer son service militaire obligatoire. «C’était parfois difficile, surtout pour suivre les rencontres. J’écoutais la radio sur mon smartphone les soirs de matches de Toulouse. La saison dernière, c’était vraiment déprimant. En plus de la vie à l’armée qui était très dure, nous avons failli descendre en Ligue 2...» Jusqu’à ce que «Monsieur Dominique Arribagé», comme il l’appelle, débarque au Stadium en lieu et place d’Alain Casanova pour redresser la barre et sauver le club. Un soulagement pour Andreas. Toulouse a sauvé sa peau à la 37e journée. Le supporter chypriote était ce jour-là en transit vers la Ville rose pour aller voir le dernier match au Stadium contre Nice.

Il quitte White Hart Lane plus tôt... pour aller voir Guingamp-TFC à l'hôtel !

Une journée d’escale à Londres. Il en profite pour aller voir Tottenham jouer à White Hart Lane. «Vu que mon hôtel n’était pas à côté et que le match du TFC avait lieu pas longtemps après le coup de sifflet final, je suis parti à trente minutes de la fin de la rencontre. Tout le monde m’a regardé bizarrement. Mais je n’aurais raté Toulouse pour rien au monde». Le TFC s’inclinera à Guingamp mais dans le même temps, Evian trébuche à domicile face à l’ASSE. Fiesta à l’hôtel, les Violets sont sauvés. Pour l’opus à venir, la tendance est à l’optimisme même si Andreas sent «de l’anxiété chez les Toulousains», à cause d’un mercato bien pâle. La meilleure recrue : Wissam Ben Yedder. A deux doigts de partir en début de saison, l’attaquant de poche est toujours là. Même si le jeune chypriote reste réaliste : «C’est le meilleur joueur de notre équipe. Il n’y a pas de doute. Je suis ravi qu’il soit encore là. Mais pour être honnête, je pense qu’il mérite bien mieux que le TFC. Pour sa progression, je ne sais pas si c’est une bonne chose d’être resté». Lucide, Andreas espère une place dans le milieu du classement, «pour ne plus revivre la saison passée». Sans cracher sur un joli parcours en Coupes nationales. Le Stade de France serait une belle récompense pour lui...
 
Johan Tabau