delanoe (thomas) *** Local Caption *** 14/01/2016 HANDBALL EURO 2016 POLOGNE Cracovie TAURON ARENA Photo: Alain MOUNIC (PAPON BERNARD/L'Equipe)

Luçon, pour l'amour du jeu

Équipe surprise du National la saison passée, le club vendéen reste en course pour la montée, sans toujours parvenir à reproduire la qualité de spectacle qui avait fait son charme et sa singularité.

Être comparé aux plus grands, ça veut parfois tout et rien dire. Surtout dans le football. Au Brésil, un dribble chaloupé et vous voilà comparé à Pelé. À tort, souvent. En toute logique, l’envolée de Bruno Luzi, lâchée en mars 2015, appelait à la prudence : «Luçon, c’est le Barça du National.» L’entraîneur de Chambly n’était pas le seul à se montrer admiratif, limite obséquieux. Dans la foulée, le président de Strasbourg Marc Keller (six sélections en équipe de France, quand même) faisait un éloge identique, en mai : «Quand je vois comment cette équipe remonte le ballon, ça me fait penser à ce que font Barcelone et le Bayern Munich à l’échelle européenne.» Eh oui, en National, ça joue. Et plutôt bien. Souvent grâce à Luçon et à son entraîneur. Frédéric Reculeau est à la tête du club depuis 2005. À six ans, il y signait sa première licence de footballeur. À quarante-trois ans, il a hissé le club du CFA2 au National, où les Vendéens évoluent depuis 2013. Avec des fondamentaux chevillés au corps : conservation de balle, multiplication des passes, relances courtes du gardien. À l’époque, Reculeau se disait amoureux du beau jeu. Fan de Barcelone, forcément. Aujourd’hui, c’est plus du côté du PSG et de Nice que son cœur balance. «Quand je vois des joueurs qui prennent et donnent autant de plaisir, ça m’éclate», se pâme-t-il.

Reculeau, coach de l'année

Alors Luçon essaie de s’imprégner de ces exemples. À chaque recrutement, le club vendéen vise surtout des joueurs techniques. À chaque entraînement, le ballon est au cœur des exercices. Et sur le terrain, Reculeau expérimente. Certains joueurs descendent d’un cran apporter de la technique dès les premières relances. C’est le cas de Mathieu Chemin, milieu relayeur reconverti défenseur central. Pierre Germann, lui, a troqué son rôle de milieu offensif pour celui de milieu défensif. «Pour ressortir le ballon», confirme l’ancien Dijonnais. Pour Reculeau, il est hors de question de sacrifier ses fondamentaux sur l’autel du résultat. «Je ne ferai jamais une saison en disant à mes joueurs de miser sur le résultat, d’attendre les contres», martèle-t-il. Son travail est «réussi» dès lors que ses joueurs «prennent du plaisir». Cette année, pourtant, le sourire n’est pas toujours de sortie. Luçon est certes dans la course pour la montée en Ligue 2, mais l’équipe vendéenne «bafoue son jeu», admet son entraîneur. «Les adversaires commencent à connaître notre tactique. Ce n’est pas comme l’an dernier.» La saison passée, justement, a été celle de la révélation. Le début avait été poussif. La suite, elle, a été explosive.Luçon a établi une série de dix-sept matches sans défaite. La montée a été loupée de peu, à la suite de deux ultimes revers face à Avranches et à Strasbourg. Le club vendéen a fini cinquième, devant des clubs comme Boulogne ou Amiens. Frédéric Reculeau, lui, a été consacré entraîneur de la saison par ses pairs. Auréolé d’un tel parcours, Luçon n’est plus le petit que personne n’attend. Il est aujourd’hui un club estimé, voire redouté. «Les adversaires ne sont pas fous, décrypte le coach. Notre jeu est facile à lire, à contrer. À nous d’être plus forts, plus inventifs dans nos intentions

Vive les mariés !

Au club, l’état de la pelouse du stade Jean-de-Mouzon est également pointé du doigt. À l’instar de son entraîneur, Germann fustige un terrain «médiocre qui ne permet pas de créer du jeu». Heureusement pour lui et pour l’équipe, cette situation n’est peut-être pas appelée à durer. L’an prochain, l’équipe ne jouera sans doute plus sur ce gazon maudit par les siens. Luçon sera devenu Vendée Football Club après sa fusion avec les voisins de La Roche-sur-Yon (CFA 2), annoncée en décembre dernier. Michel Reculeau est le père de l’entraîneur de Luçon. Il est également le président du club depuis 1989. Selon lui, ce mariage était indispensable : «La Roche-sur-Yon possède des infrastructures que Luçon n’a pas. Si on monte en L2, on ne pourra plus jouer à Luçon. Il faudra jouer là-bas.» Les moyens financiers seront également plus conséquents. Le président table sur un budget minimal de 2,5 M€, contre 1,6 M€ cette saison à Luçon. Les objectifs seront revus à la hausse. «Le projet est d’atteindre la Ligue 2 cette année ou l’année prochaine», révèle-t-il. Qu’il le veuille ou non, Frédéric Reculeau n’aura bientôt plus le choix. Il devra viser le résultat, et plus seulement le beau jeu.

Nick Carvalho