
Pablo Longoria, le directeur du football de l'OM, en conférence de presse, le 7 octobre. (N. Tucat/AFP)
10 choses à savoir sur Pablo Longoria, nouveau président de l'Olympique de Marseille
Il est arrivé à Marseille l'été dernier et a participé activement à l'arrivée de nouveaux renforts. Pablo Longoria se trouve désormais à la présidence du club olympien. Pour l'occasion, FF vous présente le nouveau président de l'OM, de Football Manager à Marseille en passant par Newcastle et Valence.
L'enfant de la Playstation
«El niño de la Play». C’est ainsi que Pablo Longoria a été surnommé très rapidement par la presse espagnole, et notamment vendredi soir par le quotidien As. Adepte des jeux FIFA et Football Manager pendant son adolescence, il y a tout appris : les joueurs, les tactiques et tout ce que le football peut proposer. Si aujourd’hui, l’Espagnol n’a pas les libertés économiques que proposent un jeu, il a au moins le mérite d’avoir une connaissance irréprochable du football.
Un parcours atypique
Alors qu’aujourd’hui les présidents des plus grands clubs sont des hommes d’affaires, Pablo Longoria est loin de ce milieu. Il débute dans le monde du football en travaillant avec l’actuel entraîneur de l’Athletic Bilbao, Marcelino, qu’il conseille en tant qu’analyste. Il anime aussi un forum, avant de se retrouver consultant pour la radio sportive espagnole Radio Marca. Il est ensuite en charge du recrutement de plusieurs équipes, dont Marseille. Et ce sont ses qualités à ce poste qui le mènent aujourd’hui à la présidence du club.
Un scout précoce
Âgé d’une vingtaine d’années seulement, l’enfant d’Oviedo se trouvait déjà aux côtés de l’agent Eugenio Botas, qui travaillait avec Marcelino, évoqué plus tôt. Pendant trois ans, ce dernier utilisait les analyses de Pablo Longoria pour composer son effectif du Recreativo Huelva et du Racing Santander tout en s’appuyant sur les conseils tactiques du jeune Espagnol. Des contacts et une connaissance du football qui le mèneront à son premier rôle de recruteur à Newcastle. Tout cela à seulement 21 ans.
Un globe-trotter du ballon rond
Après un premier départ en Angleterre à Newcastle pour son poste de recruteur, il enchaîne avec Huelva, en tant que responsable du recrutement. En 2010, à 24 ans, il prend la direction de l’Italie, et plus précisément de l’Atalanta Bergame de 2010 à 2013, Sassuolo de 2013 à 2015 et la Juventus de 2015 à 2018. Une nouvelle fois, pour être en charge du recrutement. Finalement, il retrouve l’Espagne, à Valence, avant de s’installer à Marseille l’été dernier.
Il sait construire un effectif
Si son expérience à Valence n’a même pas duré deux ans, Pablo Longoria a tout de même eu le temps de construire un effectif qui a permis aux Blanquinegros de se remettre de leur difficile saison 2016-17. Là-bas, l’Espagnol a fait venir de bons éléments à moindre coût, comme Cristiano Piccini, arraché pour 8 millions d’euros au Sporting, et signé des transferts plus ronflants mais ô combien importants. Geoffrey Kondogbia (22 millions d’euros, en provenance de l’Inter) en fait partie, tout comme Gonçalo Guedes, qui s’était perdu au PSG, et qui a connu de belles heures à Mestalla, malgré ses blessures récurrentes. En plus, Pablo Logoria flaire les joueurs à potentiel. C’est notamment lui qui avait attiré Florent Sinama-Pongolle à Huelva ou Rodrigo Bentancur à la Juve.
Il visionne sept à huit matches par jour
Rien de bien surprenant évidemment. Pour exercer des fonctions, hautes ou non, dans un club, il n’est pas illogique de dévorer le foot comme on dévorerait un délicieux cookie au goûter. L’Asturien regarde des matches à gogo, comme il le confiait à Superdeporte en 2018 : «Il est rare que je passe une journée sans voir sept ou huit matches.» Y compris des rencontres autrichiennes, danoises ou suisses, toutes les ligues sans exception, afin de surveiller l’éclosion de talents. Un investissement personnel qui demande également des moyens techniques importants. «À son domicile d’Oviedo, il dispose de quatre antennes paraboliques et de toutes sortes de matériel pour regarder les matchs en ligne», écrivait Superdeporte.
Pablo Longoria, 34 ans, plus jeune président de l'OM depuis plus d'un siècle ? pic.twitter.com/8WwVbrPL59
— Late Football Club (@LateFootClub) February 26, 2021
C'est le plus jeune président de l'OM depuis un siècle
Au-delà de sa précocité dans le milieu des scouts, le nouveau président olympien l’est aussi dans ses nouvelles fonctions. À 34 ans, il est le président le plus jeune du club phocéen depuis un siècle. Il faut remonter aux premières années de l’OM pour retrouver la trace d’un «minot» à la tête du nonuple champion de France. Seuls les quatre premiers présidents de l’Olympique de Marseille avaient pris leurs fonctions avec un âge inférieur au sien (entre 1899 et 1921). Le plus précoce étant le fondateur du club, René Dufaure de Montmirail, alors âgé de 23 ans. D’autant que Pablo Longoria connaîtra sa première expérience à ce niveau de direction. Jusqu’à présent, le plus haut poste qu’il avait occupé était celui de directeur sportif, à Valence (février 2018-septembre 2019), et donc Marseille (depuis juillet 2020).
Des collaborateurs espagnols qui l'apprécient...
S’il n’a pas débarqué dans la cité phocéenne en tant que superstar des dirigeants, le natif d’Oviedo a souvent séduit ses collaborateurs grâce à ses qualités professionnelles et son flair dans le recrutement. À 18 ans, il échange avec Eugenio Botas. Cet agent de joueurs et d’entraîneurs a été impressionné par le jeune homme de l’époque. «Ce fut un succès total de parier sur lui», certifiait-il à Superdeporte. Selon lui, Pablo Longoria doit «grimper dans la hiérarchie footballistique» et «que lui seul est en mesure de fixer son plafond». Des éloges datant d’il y a trois ans, et presque prémonitoires quand on connaît l’ascension fulgurante de l’Espagnol. Marcelino, qu’il a assisté en tant qu’analyste de 2005 à 2008, à Huelva puis à Santander, disait de lui qu’il connaissait «toutes les caractéristiques des joueurs. À chaque fois que je lui ai demandé, il m'a donné de bons conseils.»
...enfin presque
Certains ne tarissent pas d’éloges à son égard, mais ce n’est pourtant pas le cas de tout le monde. À Valence notamment, où son aventure s’est terminée après avoir trouvé un accord avec la direction, en septembre 2019. Peu de temps après sa nomination en tant que directeur sportif de l’OM, des échos négatifs étaient remontés du côté de l’Espagne. Ils provenaient de Vicente Rodriguez, secrétaire technique et ancienne légende du club (340 matches). «Il n’a rien démontré à Valence. Ce sont Mateu et Marcelino qui décidaient des transferts. (…) Quand il est arrivé, il m’a arnaqué et mal traité. Ce gars n’en fait qu’à sa tête et je lui ai dit que je ne travaillerais plus jamais avec lui. Il n’a pas osé en parler à Mateu. Ça prouve le genre de personne qu’il est : un lâche et un menteur», avait vilipendé l’ex-ailier au micro de la Cadena Ser.
Il semble avoir compris Marseille
C’est la crise à Marseille, et l’ancien directeur sportif, désormais président, a bien l’air d’avoir compris les enjeux de sa nomination. Apprécié des supporters pour les deux mercatos auxquels il a participé avec les départs de Mitroglou et Strootman et les arrivées de Lirola ou Milik, Pablo Longoria incarne aujourd’hui l’apaisement. L’Espagnol est conscient et déclarait il y a quelques jours que «l'OM ne peut pas vivre sans ses supporters. On doit tous avoir le même état d'esprit et surtout chercher l'unité, on va en avoir besoin pour atteindre nos objectifs.»
Hugo Dulary et Florent Larios