Alain Giresse a joué à Marseille de 1986 à 1988. (Photo : R. Perrocheau/L'Equipe)

Alain Giresse : «Thierry Henry à Bordeaux, pourquoi pas ?»

Enfant de Gironde, meilleur buteur de l'histoire des Girondins de Bordeaux et joueur le plus capé du club, Alain Giresse a connu les années fastes des Marines et Blancs pendant 16 ans. Pour FF.fr, il revient sur les derniers épisodes du club au scapulaire et ses prochaines perspectives.

«En tant qu’ancien joueur, qu’est-ce que ça vous fait de voir Bordeaux dans cette situation compliquée ?
C’est un peu compliqué à Bordeaux, c’est vrai… Il se dit plusieurs choses, mais que ça ne fonctionne pas comme il le faut, c’est une réalité. C’est toujours peu appréciable et désagréable de voir qu’un club qu’on a connu soit dans une situation pareille. Et là, le club, on a l’impression qu’il a du mal à se mettre en place. Les résultats sportifs, c’est une chose. Le fonctionnement, l’organisation, toute la logistique, ça en est une autre, même si c'est sûrement lié. Et on a du mal à suivre et à comprendre, surtout avec ce qu’il vient de se passer (mauvais résultats, mise à pied de Gustavo Poyet,…). Bon, après, difficile à savoir le pourquoi du comment…
 
L’arrivée de nouveaux investisseurs (le fonds d’investissement américain GAPC) est prévue pour bientôt…
C’est dans l’air du temps, en France où on le voit et ailleurs, c’est comme ça aussi. Mais à partir du moment où l’identité d’un club, ce qu’il représente, ce qu’il est, la façon dont il fonctionne sont préservés, on peut s’y faire. Volontairement, je vais être excessif, mais imaginons qu’un nouvel investisseur arrive et qu’il dise : "L’équipe va jouer en jaune". Là, on perd toute identité, toute l’histoire… J’espère qu’à Bordeaux, ce sera maintenu, dans un ordre de marche cohérent.
 
On parle aussi beaucoup de l’arrivée de Thierry Henry sur le banc. Pour les Girondins, ça pourrait être un super coup…
Il y a deux choses. Déjà, on parle de repreneurs, il faut que cela soit en phase avec eux. Quand vous mettez un coach, il faut que cela soit en phase, évidemment. Puis Thierry Henry, il veut aborder sa carrière d’entraîneur, ça va ressembler à ce que Laurent Blanc avait fait, en démarrant sa carrière à Bordeaux. Aujourd’hui, on ne peut pas préjuger de quoi que ce soit. Ça va être son premier poste, sa première fonction en tant que numéro un, comme Vieira l’est à Nice et l’ont été Deschamps ou Blanc. Lui, il arriverait dans un contexte compliqué, avec une équipe au potentiel difficile. Si demain, on dit à Henry qu’il faut qu’il gagne la Ligue Europa et être champion de France, c’est décalé par rapport au potentiel des joueurs. Mais si on le met pour prendre en main cette équipe et l’aider à construire par rapport à des perspectives futures, pourquoi pas ?

«Mettre cette équipe sur les bons rails»

Selon vous, qu’est-ce qu’il faudrait changer en priorité ?
Déjà, c’est avoir un fonctionnement clair pour que tous ces remue-ménages n’existent plus. Qu’il y ait un coulissage de haut en bas et inversement, sur le plan sportif. Il y a toujours eu une bonne formation aux Girondins, elle existe toujours, il y a toujours des bons joueurs qui sont sortis, je sais de quoi je parle. Il faut maintenir ça et l’améliorer, et après, avoir une bonne équipe. Ce n’est pas facile quand on est un club français et qu’on n’a pas des moyens comme les clubs anglais, ni un gros budget. Mais Bordeaux peut quand même avoir un effectif un peu plus solide. La plus grande priorité, ce serait de se donner une assise par rapport à l’équipe. Celle que je vois actuellement, je ne peux pas dire que cela m’inquiète parce que ça ne fait que deux matches, mais ça m’interpelle. Il faut qu’il y ait un gros travail pour mettre cette équipe sur les bons rails, en étant conscient de ses possibilités et ses limites.
 
Quelle saison et quel avenir prévoyez-vous pour les Girondins de Bordeaux ?
Pour l’instant, elle démarre dans les quarantièmes rugissants, ça c’est sûr ! Ce n’est pas évident. Il faut que cela s’assagisse, que cela se remette en ordre et que ce que sont les Girondins et ce qu’est un club de football se remette en action. C’est-à-dire le travail au quotidien pour faire en sorte que l’équipe première ait un beau visage. Elle peut finir dixième en montrant un visage séduisant, et si elle se confronte à ses limites, on ne peut rien dire. Mais aujourd’hui, on ne peut pas dire, de ce que j’ai vu, que cette équipe soit alléchante en termes de jeu.»
 
Propos recueillis par Antoine Bourlon