19 September 2020, London - Premier League - Arsenal v West Ham United - Angelo Ogbonna of West Ham - Photo: Charlotte Wilson / Offside. *** Local Caption *** (Charlotte Wilson/OFFSIDE/PRESS/PRESSE SPORTS)
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West Ham
Angelo Ogbonna (West Ham) : «Je suis totalement épanoui en Angleterre»
Quelques heures avant le chaud derby face à Chelsea, le défenseur central italien de West Ham se confie sur les ambitions de son club et son expérience en Premier League.
Roberto Notarianni
mis à jour le 21 décembre 2020 à 01h01
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Ce soir à 21 heures, Stamford Bridge sera le théâtre de l’un des dix derbies londoniens au programme de cette saison de Premier League. Un derby important pour les ambitions des deux clubs, Chelsea et West Ham, qui feront tout pour rester en bonne place dans la course à l'Europe, et qu’un petit point sépare au classement. Après avoir bouclé le précédent exercice au seizième rang, à cinq points de la relégation, les Hammers sont bien mieux partis et ont creusé leur sillon dans la première moitié de tableau. Face aux Blues, l’un de leurs atouts maître sera Angelo Ogbonna. Le défenseur central italien débarqué en 2015 dans le club de l’Est de Londres a éré l'auteur de bonnes prestations depuis le début de saison et il se montre particulièrement en verve ces dernières semaines, comme le démontrent ses buts face à Aston Villa (2-1) et à Leeds (2-1). Un Ogbonna qui, face à Chelsea, s’apprête à disputer son 149e match de Premier League, devenant à égalité avec Alessandro Pistone (ex-Newcastle et Everton), le cinquième Italien le plus présent dans le Championnat anglais. Totalement épanoui en terre d’Albion, il devrait vite rejoindre Carlo Cudicini (161 matches), avant de s’attaquer au podium la prochaine saison (Benito Carbone, 3e, compte 177 rencontres, treize de moins que Paolo Di Canio, qui le devance au classement). Et pourquoi pas rejoindre le mythe «Magic Box» Zola (229 matches) avant le terme de son contrat ? L’idée ne semble pas si saugrenue que ça.
«Angelo, les Hammers jouent-ils gros ce soir à Chelsea ?
C’est un derby et il y a toujours une belle pression dans ce genre de rendez-vous. West Ham a jusqu’à maintenant disputé une bonne première phase et nous aurons à cœur de le démontrer face à Chelsea. Occuper la huitième place dans un Championnat aussi relevé que la Premier League peut être considéré comme très positif (NDLR : C’était la place de West Ham au moment de réaliser l’entretien, avant que les Londoniens ne glissent à la dixième position, juste à quelques heures d’affronter Chelsea). Nous aller essayer d’aller le plus haut possible, sans nous fixer de limites précises. Nous savons que nous avons les moyens de lutter avec n’importe quel adversaire. Le groupe est sorti renforcé par le maintien obtenu en fin de saison 2019-20. Et le travail effectué par notre nouveau coach (NDLR : David Moyes), tant sur le plan du mental que de la tactique et de la discipline, nous booste vraiment.
Chelsea est l'un des nombreux derbies de Londres, mais est-ce vraiment particulier ?
Tous les derbies londoniens ont une grande valeur aux yeux des joueurs et des supporters. Bien sûr, historiquement, la tradition fait que celui face à Tottenham a ce supplément d’âme en plus. A titre personnel, ce sont précisément deux derbies face aux Spurs qui sont au top de mes pensées. Il y a bien sûr le 3-3 sur leur terrain cette saison (NDLR : 5e journée, 18 octobre). Et ce succès 1-0 dans un stade de Tottenham plein il y a deux saisons (NDLR : 36e journée, 27 avril 2019).
«La situation vécue en 2020 a quelque chose d'irréel»
Vous parlez de stades pleins, ce qui fut le cas en début d’année 2020, puis vous avez connu les huis clos et, enfin, le retour progressif du public… Comme pour tout le monde, je pense être passé par tous les sentiments. La situation vécue en 2020 a quelque chose d’irréel pour un footballeur. Tu joues pour vivre des ambiances de folie, pour la chaleur des supporters. Et là, il faut faire sans. Pas facile, d’autant plus qu’en temps normal, la passion du public t’accompagne aussi à la sortie des entraînements et sur le parcours du bus avant d’arriver au stade. C’est une sacrée motivation d’être poussé par 50 000 personnes dans ton fief…
Surtout lorsque les résultats sont là… En Italie, quand les mauvaises performances se multiplient, ce n'est pas toujours de tout repos de se produire devant son public… Mais ce n’est presque jamais le cas en Angleterre. Ici, tes supporters te soutiennent, t’encouragent toujours, même quand tu perds. L’essentiel pour eux est que tu donnes tout pour tes couleurs.
Comment avez-vous vécu la crise du Covid-19 ?
Cela a été une épreuve pour tous. L’isolement, la difficulté de voir ses proches. Et puis les petites habitudes des joueurs, les bons restaurants, l’activité culturelle, tout ça, il a fallu l’oublier la plupart du temps. Finalement, le statut social a peu compté : tout le monde a été logé à la même enseigne !
Pensez-vous vivre actuellement votre meilleure saison ?
C’est possible. Mais la performance individuelle ressort plus quand les résultats de l’équipe sont au rendez-vous, quand les mécanismes sont bien huilés. Sans oublier la confiance que nourrissent les autres en toi. La confiance de l’entraîneur, aussi, qui nous pousse à tenter des choses, à prendre notre chance devant le but adverse. Ce que je fais de plus en plus.
Qu’est-ce qui a changé chez vous en tant que joueur depuis votre arrivée en Angleterre ?
La confiance, la capacité d’analyse des situations. Je suis moins passif qu’avant. Je vais plus facilement au contact pour récupérer le ballon. J’ai gagné en agressivité dans la surface de réparation. Et, en dehors des terrains, j’ai gagné en autonomie. En Italie, le club est omniprésent, pour toutes les "tracasseries". En Angleterre, tu te gères un peu plus. Et puis, nous les Italiens, nous nous reposons énormément sur la famille. Ici, avec l’éloignement, nous avons dû plus compter sur nous-mêmes. Cela te fait mûrir, gagner en sens des responsabilités.
Quelles sont les principales différences entre la Serie A et la Premier League ?
On a toujours mis en avant l’aspect très tactique des matches de Serie A, et c’est vrai que la tactique y est omniprésente. C’est moins le cas en Angleterre, même si les différences tendent à se réduire, ne serait-ce que parce qu’en Premier League, il y a de plus en plus d’entraîneurs étrangers. Une chose qui me frappe dans le Championnat anglais est cette grande compétitivité de tous les clubs. Tu peux être mis en difficulté sur chaque match, face à chaque adversaire. Il n’y a pas d’énorme écart entre équipes, contrairement à ce qu’on peut voir en Liga ou en Italie.
«Nous les Italiens, nous nous reposons énormément sur la famille. Ici, avec l'éloignement, nous avons dû plus compter sur nous-mêmes. Cela te fait mûrir, gagner en sens des responsabilités.»
Ogbonna avec la Nazionale lors du dernier Euro 2016. (P.Lahalle/L'Equipe)
«Remporter un trophée avec West Ham»
Face à Chelsea, vous rejoignez Alessandro Pistone comme cinquième Italien le plus capé en Premier League. Pensez-vous un jour battre le record de Gianfranco Zola et le pousser encore plus loin ? Le football est imprévisible. Et on ne sait jamais de quoi sera fait l’avenir. Ce que je peux dire, c’est qu’aujourd’hui, je me sens bien dans ce pays. Je m’y suis épanoui. J’ai prolongé jusqu’en 2022 et je me verrais bien y continuer pendant un bon bout de temps, si possible en remportant un trophée avec West Ham.
Le Torino, la Juve, West Ham : vous vous imaginiez un tel parcours quand vous jouiez à Cassino, votre ville natale ?
Mon rêve était surtout de devenir joueur professionnel. Qu’importe le club, même si j’étais tifoso du Milan AC. Et, bien sûr, de porter le maillot de l’équipe d’Italie.
Vous y êtes arrivé, jouant même l’Euro 2016. Le prochain en 2021 est-il un objectif ?
Roberto Mancini m’a déjà convoqué dans le groupe. C’est une belle satisfaction. D’autres convocations pourraient venir si les bons résultats en club se confirment dans les prochaines semaines, les prochains mois. Cette Nazionale ne peut que t’attirer : excellent état d’esprit du groupe, talents en quantité, beau jeu, grosses expérience des cadres. L’Italie a vraiment beaucoup d’atouts !»