Avant Bayern Munich - Leipzig : Nordi Mukiele, l'apprentissage à l'allemande

En Allemagne, on ne blague pas avec le règlement. Alors quand Nordi Mukiele, en compagnie de Jean-Kévin Augustin, est retrouvé en train de jouer sur son téléphone au lieu de se changer avant la rencontre de Ligue Europa face au club filial du RB Salzbourg le 20 septembre 2018, l’entraineur Ralf Rangnick sévit. Arrivé à Leipzig en provenance de Montpellier durant l’été de la même année, celui pour qui le RB a dépensé près de 14 millions d’euros va payer cher cette erreur de jeunesse. L’ancien de Laval passera 10 matches sans jouer la moindre minute en Bundesliga, devant se contenter de regarder ses coéquipiers depuis le banc de touche, ou même quelquefois depuis les tribunes. L’apprentissage du haut niveau est dur mais aussi essentiel pour le gamin de Montreuil, 20 ans à l’époque. Depuis, l’international espoirs français a retenu la leçon, gommant ses petits défauts pour s’imposer comme un véritable cadre dans la Saxe.

 

Aujourd’hui titulaire indiscutable avec Julian Nagelsmann, Mukiele en a ainsi presque fait oublier les quelques soucis qu’il a pu avoir à ses débuts en Allemagne. Outre l’évènement cité précédemment, on lui reprochait également des manquements dans l’implication, notamment quant au programme d’entretien physique à suivre pendant l’été que le club lui avait fourni. Face à la rigidité et au niveau de discipline exigé par un formateur reconnu comme Rangnick, il a logiquement rectifié le tir. «Grâce à cet épisode, Nordi a grandi,  explique Patrick Guillou, consultant pour beIN Sports, diffuseur de la Bundesliga. Il était buté au départ mais contrairement à Jean-Kévin Augustin, il a compris que sa direction et ses partenaires étaient dans le vrai. Il a véritablement muté pour devenir un titulaire indiscutable dans une équipe qui a joué une demi-finale de Ligue des champions cette saison».

Le changement, il n’a pas uniquement été réalisé sur le plan mental. Au niveau du jeu, l’ancien du MHSC a progressé à vitesse grand V : «Il ne faut pas oublier qu’en 2018, les plus grands clubs européens le voulaient, rappelle Patrick Guillou. Aujourd’hui, il est devenu plus concentré et plus mature dans son jeu. On sent l’apport de Julian Nagelsmann dans le travail tactique, il commet moins d’erreurs de placement et se sent plus concerné quand le ballon est à l’opposé. Il s’est également amélioré dans sa capacité à défendre en reculant lors des contres adverses». Autant d’améliorations qui viennent s’ajouter à un profil plus que complet.

 

Contre le Bayern Munich, Mukiele devrait fêter sa 80e apparition toutes compétitions confondues sous le maillot de Leipzig. Utilisé à droite mais aussi dans l’axe de la défense depuis son arrivée, il a séduit le public allemand par sa polyvalence et sa propension à se montrer efficace aussi bien en phases offensives que défensives. Buteur lors de la rencontre folle entre Basaksehir et le RB en Ligue des champions cette semaine (3-4), celui qui a grandi au sein du Paris FC reste pourtant dans l’ombre de Dayot Upamecano et Ibrahima Konaté : «C’est vrai que l’on a un peu plus parlé d’eux, admet Guillou. Mais cela s’explique par le fait qu’il a mis un peu plus de temps à faire son trou. Maintenant il est bien installé et il faut qu’il prenne réellement conscience de ses capacités». Avant de rajouter : «Il est très bon, très efficace et il fait tout avec simplicité. Son seul souci à mon avis, c’est qu’il n’a pas conscience du niveau qu’il peut atteindre et du fait qu’il peut évoluer dans un club du top 8 européen sans problème». Un grand club, il va en rencontrer un ce samedi, le Bayern. Face à une équipe qui lui avait réussi l’an dernier, réalisant une prestation de haute-volée lors du match nul à l’aller (1-1), Mukiele aura l’occasion de se montrer aux yeux de tous, et en particulier à ceux de Didier Deschamps qu’il voudra convaincre de ses progrès accomplis en Allemagne en vue d’une éventuelle sélection chez les Bleus.

Benoît Desaint

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