
Ces Algériens qui ont marqué les Bleus
Nabil Fekir est le 17e joueur français d'origine algérienne à porter le maillot des Bleus. On vous propose de retrouver sous forme de classement ses 16 prédécesseurs. Voici la suite de notre dossier (des rangs 10 à 6).
10. Camel Meriem, né à Audincourt en 1979. Milieu de terrain, 331 matches, 3 sélections.
Par ses origines algériennes, il a beaucoup souffert de la comparaison avec Zinéddine Zidane, tout comme Mourad Meghni un peu plus tard. A ses débuts, les observateurs l'imaginaient comme successeur de ZZ en meneur de jeu des Bleus. Né dans le Doubs, ce Franco-Algérien fait ses classes à Sochaux où son éternel statut de grand espoir du football français le suit pendant toute sa carrière. C'est sous les couleurs de Bordeaux que Raymond Domenech le sélectionne et lui offre ses trois capes. Une grave blessure le prive des terrains et l'éloigne des Bleus. En 2007, dans la presse algérienne, il reconnaît ne pas avoir fait le bon choix sportif: «Je dis toujours que l'Algérie est mon pays d'origine et j'en suis très fier. Si la situation avait été organisée au niveau de la sélection algérienne à ce moment-là, bien sûr que j'aurais joué pour l'Algérie. Aujourd'hui, il ne reste plus que les regrets.» A la différence des cas récents, Meriem a fait son choix en faveur de la France sans aucune pression puisque l'Algérie ne l'avait jamais contacté.
9. Kader Firoud (1919-2005). Milieu de terrain, 175 matches, 6 sélections.
Il a longtemps été l'entraîneur qui a occupé le plus de fois le banc d’une Ligue 1 avant que son record ne soit battu par Guy Roux. L’ancien entraîneur de Nîmes a inscrit son nom dans l'histoire du football français. Ça, c'est sur le banc, mais Firoud c'est aussi une belle carrière de footballeur. Entre Oran, Alger, Toulouse, Grenoble, Saint-Etienne et son Nîmes Olympique, il a joué plus de vingt ans au haut niveau. Avec les Bleus, c'est à une semaine de son trente-deuxième anniversaire qu'il connaît sa première cape. Le 3 octobre 1951, il affronte l'Angleterre à Highbury. Il y connut tout d’abord une cruelle désillusion en marquant contre son camp dès le début de la rencontre. «Ne t’en fais pas, Kader, on va arranger ça !» lui lança René Vignal, le gardien, pour le remettre en confiance. Les Français inscrivent deux buts, et étaient en passe de devenir la première équipe à battre l’Angleterre sur son sol. Mais les Anglais égalisèrent (2-2). La bourde de Firoud fut vite oubliée puisqu’il sera sélectionné lors des cinq autres matches internationaux de la saison. Devenu directeur sportif de l’Algérie en 1967-1968, il restera attaché à sa terre natale.
8.Abderahmane Ibrir (1919-1988). Gardien de but, 182 matches, 6 sélections.
Par leur vivacité, leur sens du dribble et leur créativité, la très grande majorité des Algériens ayant évolué avec les Bleus sont des joueurs à vocation offensive. Mais au poste de gardien de but, le Toulousain Abderahmane Ibrir s'est hissé parmi les meilleurs avec la France. Malheureux lors de la campagne éliminatoire au Mondial 1950, le natif de Dellys voit ses rêves de disputer la compétition s'envoler lors d'un match d'appui épique face à la Yougoslavie (2-3). Sur terrain neutre, à Florence le 11 décembre, l’équipe de France mène 2-1 à sept minutes de la fin mais concède un penalty dans la foulée. 2-2, prolongations et défaite 2-3. La Yougoslavie est qualifiée, les Bleus sont éliminés pour la première fois en quatre éditions. En club, il rejoint l'OM, et quitte la France quelques années plus tard pour devenir le gardien de l'équipe du FLN, ancêtre de la sélection nationale d'Algérie. Ce gardien du temple laissera sa vie en mer le 14 février 1988 du côté de Sidi-Fredj, mort noyé.
7. Abdelaziz Ben Tifour, (1927-1970). Attaquant, 245 matches, 4 sélections.
Arrivé de Tunisie où il a commencé à jouer au football à l'Espérance Tunis et Hammam-Lif, Abdelaziz Ben Tifour débarque en France en 1948. C'est avec Nice que Ben Tifour se fait un nom dans la métropole. L'ailier est l'un des acteurs majeurs de la période faste du club azuréen avec à la clé deux titres de champion de France dont un doublé Coupe-Championnat en 1952. En 1954, en Suisse, Abdelaziz Ben Tifour devient le premier Algérien à disputer une Coupe du monde avec la France aux cotés de Raymond Kopa. Il est de la seule victoire des Bleus contre le Mexique (3-2) où il offre une passe décisive à Jean Vincent. En 1958, le néo-Monégasque est l'un des tous premiers joueurs professionnels évoluant en France à rejoindre l'équipe du FLN dont il deviendra le capitaine. En 1962, à l'indépendance, il devient entraîneur-joueur de l'USM Alger avec qui il remporte le premier Championnat d'Algérie de football en 1963. A la tête de la JS Kabylie, il décède le 19 novembre 1970 dans un accident de voiture.
6. Omar Sahnoun (1955-1980). Milieu de terrain, 136 matches, 6 sélections.
Son histoire épouse les plaies ouvertes de la Guerre d'Algérie (1954-62). Fils de harki, sa famille fuit sous la contrainte sa terre natale pour s'installer en 1962 à Beauvais. Toute sa vie, il a revendiqué fièrement l’engagement de son père à un moment où la question des harkis délaissés échauffe les esprits dans la France de Giscard. Sur le terrain, à dix-sept ans, ce joueur capable d'évoluer en défense, au milieu, et même comme numéro 10 rejoint le FC Nantes. Il est champion de France à deux reprises avec les Canaris. Michel Hidalgo le remarque et le convoque. Avec les Bleus, il est époustouflant au Maracana (2-2) en 1977. Cette même saison, il inscrit 15 buts en 31 matches avec son club. Bien parti pour jouer le Mondial 78 en Argentine avec la génération Platini, des problèmes cardiaques l'obligent à s'arrêter. Transféré à Bordeaux où Claude Bez souhaite monter une grande équipe, Sahnoun s’effondre brutalement à l'entraînement le 21 avril 1980.
Nabil DJELLIT
Vendredi prochain : suite et fin avec les 5 premiers
En attendant, retrouvez le premier épisode ici