Cheikh Ndoye (Red Star) : « Je veux faire progresser ce club » (Élise Lopez / Red Star FC/D.R)

Cheikh Ndoye : «Je suis encore jeune, même si les gens me voient déjà vieux»

L'ancien milieu d'Angers a rejoint le Red Star, en National, il y a quelques mois. Avec l'objectif, pourquoi pas, d'accéder à la Ligue 2. Mais surtout pour se faire plaisir lui qui, à bientôt 35 ans, estime qu'il en a encore sous le pied et qu'il n'a plus rien à prouver. Entretien.

«Vous avez rejoint le Red Star dans les ultimes heures du mercato en octobre dernier. Comment se passe cette aventure ?
Tout va bien ! On s'accroche. Il y a une bonne ambiance, un bon groupe, on a un vestiaire qui vit bien.

Vous allez fêter vos 35 ans en mars : vous êtes-vous tout de suite imposé comme un leader dans ce club ?
Souvent, quand j'arrive dans un groupe, c'est naturel chez moi : quand je dois parler, je parle. Quand je bosse, je bosse. Et, surtout, je suis quelqu'un qui a ce leadership naturel. Capitaine ou pas, je m'en fous, je suis un leader naturel, je sais ce que j'ai à faire.
«J'avais envie de rejouer au foot»

Avec le Red Star, vous êtes cinquième du National actuellement alors que les deux premiers, Quevilly et Bastia, ont pris le large pour les deux premières places synonymes de montée assurée en Ligue 2. L'accession, on y croit ?
On sait très bien que ça va être dur, mais on ne va pas lâcher ! Le club veut monter.

Vous êtes resté sans club durant toute la saison dernière...
J'avais envie de rejouer au foot. Vivre une saison sans club, c'est difficile mais, comme on dit, en bon croyant, en bon pratiquant, ma force, c'est de croire en Dieu et de croire en moi. Les clubs se demandaient si j'étais revenu mon niveau. C'était ça l'interrogation vue que j'avais subi une blessure aux ligaments croisés (NDLR : en avril 2019). Il y avait des doutes...
 
Des doutes qui vous ont chagriné ?
Même pas. Moi, je savais que tout allait bien. Mon genou va très bien. Je n'ai pas de souci.

«Qu'est-ce que j'ai à prouver ?»

En arrivant au Red Star, aviez-vous l'envie de prouver quelque chose ?
Non, c'est avant tout pour me faire plaisir. Qu'est-ce que j'ai à prouver ? J'ai déjà fait ma carrière, une petite carrière. Je vais prouver quoi ? Je n'ai rien à prouver. Quelqu'un qui a fait une Coupe du monde, qui a été capitaine en Ligue 1, qui a disputé une Coupe d'Afrique des Nations. Je vais avoir 35 ans. Je suis encore jeune, même si les gens me voient déjà vieux.

Justement, quel regard portez-vous sur votre carrière ?
Déjà, je suis fier de moi-même. Je suis arrivé en France à l'âge de 23 ans. J'ai signé mon premier contrat professionnel à 26 ou 27 ans avec Créteil. On est montés de National en Ligue 2. Ensuite, j'ai quand même joué en Ligue 1, la CAN, le Mondial : je ne me plains pas !

Parfois, vous repensez à ce jour où vous êtes arrivé en France depuis le Sénégal ?
Bien sûr ! Le 25 septembre 2009 à Epinal ! Inoubliable. J'ai plusieurs dates comme ça en tête. Je me revois arriver à Charles-de-Gaulle avant de prendre le train direction Epinal, qu'on ne connaissait pas. La seule chose qu'on savait, c'est qu'on allait en France, jouer dans une équipe en quatrième division, en CFA. A l'époque, je voulais réussir, être professionnel et pourquoi pas être international un jour ou l'autre. Je ne rêvais que de ça.

«Tant que mon corps suit, tant que mon corps peut jouer, je vais continuer.»

Douze ans après, à quel point auriez-vous envie de dire que tout ce chemin a été dur ?
Ç'a été dur, bien sûr ! Ce n'est pas donné à tout le monde. Il faut bosser, être constant chaque week-end. Quand la barre est très haute, il faut la maintenir. Ce n'est pas facile !

Entre Epinal, Créteil et Angers, où vous êtes-vous senti le plus épanoui ?
Créteil, quand même. Tu montes de National en Ligue 2. Il y avait cet engouement dans la ville. Les gens autour de nous. Même si c'est vrai aussi qu'à Angers, je suis devenu capitaine et on est allés jusqu'à une finale de Coupe de France, c'était fantastique (NDLR : défaite 0-1 en 2017 face au PSG). J'ai fait mon temps en Ligue 1. C'est gravé dans ma mémoire.

Vous avez connu quelques difficultés depuis votre départ à Birmingham, en Championship, en 2017.
Birmingham, j'arrive dans un club où le manager qui m'a fait venir est viré au bout de sept matches. Pour la première fois dans ma carrière, j'ai eu trois entraîneurs différents sur une saison. C'est une expérience. Une belle expérience. J'ai fait 37 matches. Angers a tout fait ensuite pour que je puisse revenir (en 2018). Cela s'est mal passé, c'est le destin.

Votre retraite, vous y pensez ?
Non. Tant que mon corps suit, tant que mon corps peut jouer, je vais continuer. Après ma carrière ? Je suis en train de me préparer. Mais je sais que je vais rester dans le foot.»

Timothé Crépin