Equipe de France Espoirs : «Young King», «Mauvais perdant», la NBA, l'Amérique... Aurélien «Tchouamso» Tchouaméni raconté par ses proches
2021 est décidément une sacrée année pour le Monégasque. Moteur incontournable de l'ASM de Niko Kovac, l'ancien Bordelais a découvert les Espoirs à l'Euro dernièrement et entre maintenant chez les A de Didier Deschamps. FF a appelé ses proches pour savoir qui se cache derrière Aurélien Tchouaméni.
Il est resté dans le club d'Artigues jusqu'à ses 10 ans. Il était très athlétique et marquait beaucoup de buts. Je me souviens de deux retournés, dont un lors du tournoi de Capbreton dans une finale entre Nantes et Bordeaux. Des idoles ? (Claude) Makelele et (Paul) Pogba quand il a commencé à grandir. C'est à 14-15 ans qu'on l'a mis au milieu de terrain, mais à un poste de numéro 10. En U18, il est descendu numéro 8, relayeur. Plus il grandissait, plus il avait une aisance technique et un physique. Il regarde beaucoup Pogba, (Kevin) De Bruyne et sa qualité de passe et de finition. Et (N'Golo) Kanté pour les courses. Il a beaucoup travaillé son foncier d'ailleurs, et ça commence à payer, il court en moyenne 12 kilomètres par match depuis quelque temps. Il n'a jamais fait une année pleine. Donc, là, c'est vraiment la première fois qu'il démarre la saison sans souci, avec un nouveau coach. C'est sa vraie première année. Il a aussi suivi une vraie préparation.
En ce moment, je ne sais pas ce qui lui arrive ! Il marche sur l'eau. Il y a des déclics comme ça... En décembre, on a eu une discussion où je l'ai un peu secoué. Sachez que depuis ses 5-6 ans, je débriefe tous ses matches avec lui. Il me trouve très exigeant. Il me dit que je ne serai pas content même s'il gagnait la Coupe du monde ou l'Euro. Je trouvais qu'il avait été très en-dedans entre septembre et octobre, il se contentait du minimum. Pendant les fêtes, je l'ai invité à passer deux heures avec moi, en tête à tête. Je lui ai dit que je ne le reconnaissais pas et qu'il était devenu un joueur banal. Il me le reproche encore en ce moment en me disant : "Voilà le joueur banal" (Il sourit). Je trouvais que ses efforts ne se voyaient pas. En sortie de cet entretien, il m'a dit : "Tu vas voir." Il est parti début janvier, et, depuis il ne s'arrête plus. Et il me le rappelle tous les week-ends : "Voilà celui que tu as traité de joueur banal." Je l'ai piqué un peu. Ce n'était pas méchant, mais je lui dis toujours les quatre vérités. Pendant longtemps, il se contentait de prendre et de donner, avec ce coté nonchalant où il ne se projettait pas toujours. Il jouait simple, facile. S'il continuait, il allait être un joueur normal. Donc il l'a gommé, il est tout le temps en mouvement.
Le moment le plus difficile, et le seul, je pense, de sa carrière, ç'a été l'année dernière quand il est arrivé à Monaco. Passer des U17 aux pros à Bordeaux, cela a été hyper vite, il est tombé sur des coaches qui le connaissaient très bien et qui lui ont toujours fait confiance. A Monaco, quand tu arrives pour à peu près 20 millions d'euros en janvier, ce n'est pas une somme anodine. Il y a des maillots qui sont un petit peu plus lourds à porter que d'autres, tu as une autre pression. Son premier match est un peu difficile (NDLR : Le 1er février, lors d'un Nîmes-Monaco catastrophique pour l'ASM, battu 3-1 avec deux expulsions, Tchouaméni remplace Youssouf Fofana à dix-huit minutes du terme). Il entre en cours de jeu, il ne sait pas à quoi s'attendre et fait tout de suite une petite erreur qui le plombe. Cela ne faisait pas longtemps que le coach (NDLR : Robert Moreno) était là et il n'avait pas le temps de faire les essais avec lui et a vite pris la décision de ne pas le mettre titulaire maintenant. Ce qui est bien avec Aurélien, c'est qu'il est aussi intelligent que résiliant. Il a travaillé. Il avait une forme de nonchalance qu'il a gommé. Il a complètement changé son style de courses, sa manière d'aborder les matches... Après le confinement, à la reprise, il était différent. Cette saison, à l'aller, lors de Lille-Monaco, Aurélien avait branché Mike (Maignan, dont il est proche). Avec l'esprit de compétition, Mike n'en a pas besoin de beaucoup pour se surmotiver. Avant le match, il a été voir ses milieux de terrain pour leur dire : "Aurélien Tchouaméni, aujourd'hui, vous le détruisez." Au bout, Aurélien n'a pas existé, il s'est fait manger. Au retour (NDLR : 0-0, le 14 mars dernier), il a juste dit, "J'ai bien grandi et bien appris depuis", il avait un compte à régler, il l'a fait.