benaglio (diego) benzema (karim) (S.Mantey/L'Equipe)

Equipe de France : Retour sur la Coupe du monde 2014 de Karim Benzema

Karim Benzema ne le savait pas encore, mais la Coupe du Monde au Brésil était sa dernière compétition internationale avant cet Euro 2020. Une campagne au cours de laquelle le buteur du Real a brillé et fait briller. Avant de décliner comme tous ses coéquipiers.

19 novembre 2013. La célébration euphorique de Karim Benzema dans un Stade de France incandescent en dit long sur la pression de l’événement et la joie du buteur. Après s’être vu injustement refusé un but quelques instants plus tôt, il parvient cette fois à trouver la faille pour donner un peu plus vie au miracle. En ballotage très défavorable dans ce barrage de qualification pour la Coupe du monde au Brésil, l’équipe de France réussit le tour de force de renverser l’Ukraine (3-0). Karim Benzema était attendu au tournant avant cette rencontre, lui qui sort à peine d’une très longue disette en sélection. Il ne s’est pas manqué. Portés par un doublé de l’inattendu Mamadou Sakho, les Bleus peuvent aussi compter sur leur buteur et taulier. La France ira bien au Brésil

L'arme offensive numéro un enchaînait avec une saison de haut niveau au Real. 17 buts et 10 passes décisives en Liga, 5 pions et autant de caviars en Ligue des champions. En sélection, il claque encore début mars d’une superbe volée face aux Pays-Bas (2-0). Avant de rejoindre tardivement le rassemblement pré-Mondial en fin de saison, retardé par la victoire des Merengue en C1. Un seul match de rodage lui suffit pour montrer qu’il est bel et bien prêt à connaître son premier Mondial. Au Stade de France, la Jamaïque prend l’eau (8-0) et l’ancien Lyonnais signe un doublé et deux nouvelles passes décisives. Les Bleus et leur buteur ont les crocs au moment de traverser l’Atlantique.

Débuts de folie

En ouverture, c’est le Honduras qui se présente en ce 15 juin 2014 à Porto Alegre. Benzema occupe la pointe du 4-3-3 français, accompagné par Mathieu Valbuena et Antoine Griezmann. Face à l’adversaire le plus faible du groupe, les Bleus mettent un peu de temps pour rentrer dans la partie. Mais peuvent compter sur leur patron pour les lancer. Juste avant la pause, Paul Pogba obtient un penalty que le buteur du Real transforme. Trois minutes après le repos, il pense faire le break mais c’est Noel Valladares qui pousse le ballon dans ses propres buts. Le doublé sera finalement validé avec un nouveau pion à un quart d’heure du terme pour assurer la victoire. Des débuts idylliques sur le plan comptable mais aussi dans le contenu. Très affûté malgré sa longue saison à Madrid, Benzema montre une complémentarité très plaisante avec ses partenaires de l’attaque et brille dans son rôle de finisseur.

L’impression se confirme dès le second match contre la Suisse, principale menace des Français dans ce groupe E. Peu importe si l’ancien Lyonnais doit cette fois évoluer sur l’aile gauche dans le 4-3-3 de Didier Deschamps, il se montre tout aussi létal et inspiré. A la distribution comme à la finition. Il y a d’abord cette passe décisive pour Blaise Matuidi sur le deuxième but des Bleus. Puis ce penalty obtenu, mais manqué, à la demi-heure de jeu. L’erreur est corrigée d’un but en pivot à l’heure de jeu. Avant de délivrer une seconde offrande à Moussa Sissoko. La Nati ne peut rien devant une telle force de frappe offensive (5-2). A 26 ans, la complémentarité qu’il montre avec ses partenaires et le leadership affiché ont de quoi faire saliver. Huit buts inscrits en deux rencontres, dont trois pour l’avant-centre, et une qualification en huitièmes déjà assurée : les Bleus et Benzema sont l’une des attractions de ce premier tour. Et ce n’est pas le nul 0-0 contre l’Equateur pour valider la première place du groupe qui freine l’enthousiasme autour de cette équipe.

Un mur nommé Neuer

La dynamique se grippe avec l’arrivée des matches couperets. En huitième de finale, le Nigéria cause un mal fou à l’équipe de France. Aligné à gauche comme contre la Suisse, Benzema est très discret. Jusqu’à son replacement dans l’axe après la sortie de Giroud à l’heure de jeu. Sur un premier duel avec Vincent Enyeama, il croit marquer mais Victor Moses sauve devant sa ligne. Dans la foulée d’un corner trop long, c’est cette fois John Obi Mikel qui l’empêche de scorer d’un tir croisé. Les Bleus s’en sortent finalement grâce à Paul Pogba et à un but contre son camp tardif de Joseph Yobo. Pour la première fois du Mondial, la machine offensive a bégayé. Rien de bon à l’approche d’un quart de finale contre l’Allemagne.

Benzema retrouve l’axe dans le onze des Bleus pour aborder ce duel avec la Mannschaft. C’est d’ailleurs lui qui signe le premier éclair de la partie d’une volée plat du pied qui file à gauche des buts de Manuel Neuer. Mais l’Allemagne ouvre le score et le Merengue, comme tous ses coéquipiers, s’enlise dans l’arrière-garde adverse et peine à se montrer. La partie est frustrante. A l’image de ce tacle décisif de Mats Hummels pour contrer son tir alors qu’il venait d’effacer Philip Lahm d’un bon crochet. Les Bleus croient malgré tout pouvoir arracher la prolongation en toute fin de match lorsque Giroud décale Benzema côté gauche de la surface. Le Français ne réfléchit pas et envoie un missile au premier poteau. «Transversale ! Transversale !», s’écrient Christian Jeanpierre et Bixente Lizarazu aux commentaires. C’est pourtant bien la main de Neuer que le tir du Français vient de fracasser. Impressionnant de bout en bout, le gardien allemand écœure un à un les tricolores et met un terme à la compétition des Bleus sur cette parade majuscule. Une défaite qui annonce des lendemains radieux, se disait-on alors, devant une équipe de France qui semblait s’être trouvée un leader. Cet été, Karim Benzema aura l’occasion de chasser six années de grisaille.

Quentin Coldefy

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