Equipe de France : Un Olivier Giroud, en mode résistance
L'inclusion de Karim Benzema parmi les Bleus retenus pour l'Euro devrait sortir Olivier Giroud du onze-type et des feux médiatiques. Sa force mentale doit lui permettre de surmonter ce nouveau défi.
Huit buts… Le défi lui semblait à portée de son pied gauche qui coupe les trajectoires, de son front de combattant d’altitude. Encore huit gestes qui cinglent face aux filets pour dépasser l’Imperator Thierry Henry, actuel meilleur buteur de l’équipe de France avec 51 unités. Olivier Giroud, lui, pointe à 44 buts, devant Platini, Trezeguet, Griezmann, Zidane, Fontaine, Papin… Et n’a jamais caché que ce record peuple ses jours et ses nuits, histoire de graver son nom au panthéon bleu. Mais, voilà…. Benzema est arrivé ! Et, d’un coup, c’est comme si le preux ‘’Olive’’ n’existait plus, rayé de la carte, remisé dans l’armoire des buteurs d’avant, malgré ses 107 capes. Dans les débats foot qui pullulent sur les réseaux sociaux, les plateaux TV et radio, son nom est évoqué en trente secondes tant l’attention est focalisée sur le retour d’un certain attaquant madrilène et sur son entente avec Antoine Griezmann et Kylian Mbappé. Car, bien entendu, Didier Deschamps a levé son boycott prolongé à l’encontre d’un Karim Benzema au sommet de son art avec l’idée de former le plus formidable trio offensif du moment. Comment en serait-il autrement ? Les trois sorties du mois de mars face à l’Ukraine, le Kazakhstan et la Bosnie l’ont convaincu qu’il était urgent de régénérer son modèle offensif, même couronné en Russie en 2018.
Avenger de la résilience
Un tel barouf autour de cette attaque "BMG" new look s’explique parfaitement. N’importe quel fan de jeu frémit d’aise dans l’attente de découvrir cette association. Le ressentiment d’Olivier Giroud serait tout aussi légitime. Mais l’intéressé est bien trop bien élevé et bien trop sûr de lui pour balancer une pique dans les médias. Même dans un rôle de remplaçant du remplaçant, la conquête de la Ligue des Champions avec Chelsea samedi dernier suffit à son bonheur présent. Golgoth mental, Avenger de la résilience, le natif de Chambéry a surmonté d’autres mises à l’écart programmées depuis ses débuts à Grenoble (L2), Istres (National) et Tours (L2). A 34 ans, un an de plus que Benzema, le Londonien affiche un palmarès qui en dit long sur sa capacité à durer à très haut niveau : une Coupe du monde, une C1, une Ligue 1, quatre FA Cups et une Ligue Europa. Surtout, il sait que Didier Deschamps possède une mémoire d’éléphant. Pour son baptême de sélectionneur (15/08/12 contre l’Uruguay), DD l’avait aligné titulaire. Depuis, la fidélité entre les deux hommes n’a jamais connu d’entailles. Cet Euro 2021 est leur quatrième tournoi international en commun.
Un costume de supersub
Logiquement, le surgissement de Karim Benzema pousse Olivier Giroud, indiscutable titulaire au Mondial 2018 et à l’Euro 2016, sur le banc. Mais le sélectionneur connait le talent de son attaquant à bonifier chaque entrée en jeu, même une poignée de minutes. Sa capacité à tenir le ballon dos au but, à valoriser les mouvements autour de lui, son jeu de tête (offensif et défensif), son sens du sacrifice à toutes épreuves, autant de qualités parmi d’autres qui serviront aux Bleus dans la course à un troisième Euro de leur histoire. Malgré l’afflux de lazzi lors du Mondial 2018, Didier Deschamps avait toujours maintenu son attaquant en pointe. Le 18 mai dernier, malgré un temps de jeu riquiqui en club, il l’a naturellement incorporé dans sa liste des 26. Hors de question de se priver d’un totem de la décennie écoulée à l’instar de son homologue espagnol Luis Enrique qui a laissé Sergio Ramos a la casa.
Des statistiques brut(al)es
Pourtant, cette saison, le Français de Chelsea a vraiment très peu joué, encore moins depuis la nomination de Thomas Tuchel, peu fan de son profil qu’il juge trop statique, inadapté aux courses à perdre haleine. Résultat : il n’a été titulaire que huit fois en Premier League. La dernière remonte au 28 février, contre Manchester United (0-0). En Ligue des Champions, son total de titularisations est bloqué à deux avec, au passage, un quadruplé à Séville en décembre. En cumulant ces deux compétitions et les deux Coupes nationales, en 2020-21, le numéro 18 des Blues n’a joué un match en entier qu’à une seule reprise, le 12 décembre contre Everton. Ces statistiques brut(al)es montrent l’estime et la foi que ressent Didier Deschamps à son égard. Nombre de sélectionneurs les auraient utilisées pour lui régler son compte. A l’inverse, le boss des champions du monde lui a octroyé dix nouvelles capes depuis septembre 2020, dont six fois d’entrée de jeu (mais jamais 90 minutes) avec cinq buts à la clef. Du pur Giroud, qui ne lâchera jamais rien… A partir du 15 juin, ouverture de l’Euro, moins que jamais.
Christophe Larcher
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