Didier Deschamps ce jeudi en conférence de presse. (P. Lahalle/Lâ™Ãquipe)
Faut-il abandonner l'idée de mérite en équipe de France ?
C'est une tendance qui semble se confirmer de plus en plus : en équipe de France, place à un groupe et non pas aux "meilleurs". Logique ou injuste ?
C'est toujours la même histoire. Jeudi dernier, aux alentours de 14h05, alors que Didier Deschamps venait de révéler sa nouvelle liste de joueurs convoqués en équipe de France pour les trois premiers matches des Bleus dans la course à la qualification au Mondial 2022, des débats étaient très vite lancés au sujet des présents et des absents. «Untel mérite bien plus que lui», «Untel est tellement plus fort que lui», «Untel fait une meilleure saison que lui», etc. Et si tout cela n'avait en fait plus de sens, encore plus sous le règne de Didier Deschamps ? Pour le sélectionneur de l'équipe de France, en place depuis 2012, on le sait, la logique de groupe est placée tout en haut de ses principes et de son organisation. Difficile de lui donner tort en regardant ses résultats dans les grandes compétitions, oui. Aujourd'hui, les sélections sont de véritables clubs où le management des individualités et la gestion des comportements prennent de plus en plus d'importance dans le fonctionnement en interne et donc dans les performances sur le terrain.
Mission Euro
Mais la publication d'une liste de joueurs convoqués en équipe de France a toujours été assimilée à une liste des meilleurs éléments d'un pays. Avec toujours cette volonté, pour le grand public, de se dire que ce sont les joueurs les plus performants qui doivent être appelés en Bleus. Loin de nous l'envie de remettre en cause le niveau des 26 (!) éléments qui se rendront à Clairefontaine lundi, mais il est clair que Didier Deschamps a plus que jamais enclenché la mission Euro 2021. Le fait de choisir de laisser les Espoirs à la disposition de Sylvain Ripoll pour l'Euro de la catégorie est un premier signe. De l'autre, DD vient de rappeler Ousmane Dembélé et Thomas Lemar, qui ont évidemment fait partie de l'aventure en Russie en 2018.
Un mérite vraiment disparu, alors ? On aurait en fait un constat, car il serait faux d'estimer que Deschamps se contente de convoquer les mêmes visages en permanence et ne laisse pas de fenêtre à ceux qui se mettent en avant avec leurs clubs. Regardez les Eduardo Camavinga, Houssem Aouar, Tanguy Ndombele ou Ferland Mendy, pour ne citer qu'eux, qui ont connu leurs premières en Bleus depuis le sacre de 2018. Mais voilà, les possibles postulants ont à chaque fois un peu moins de deux ans, entre une Coupe du monde et un Euro, pour débarquer à Clairefontaine et convaincre. Dès lors qu'on approche d'une grande compétition, Deschamps s'entoure de son socle sûr. Et sous Deschamps, vous n'aurez jamais un cas similaire à Pascal Chimbonda, appelé à la surprise générale pour la Coupe du monde 2006 alors qu'il n'était jamais apparu dans aucune liste. Frustrant à la fois pour certains joueurs et certains joueurs, mais c'est aussi ça, le très haut niveau.