
Finale de la Ligue des champions : les clés du duel Manchester City - Chelsea
Affiche inédite à ce stade, la finale de la Ligue des champions entre Manchester City à Chelsea, ce samedi, mettra aux prises deux équipes qui se connaissent, deux entraîneurs qui se respectent. Le scénario, lui, reste à écrire. Voici quelques pistes de réflexion.
Structure londonienne contre pressing mancunien
N'ayons pas peur des mots : ce qu'a accompli Thomas Tuchel à la tête de Chelsea en l'espace de quelques semaines relève du miracle. À une équipe sans identité, le technicien allemand a offert une structure collective de tout premier ordre malgré l'absence de véritables références mondiales dans son effectif, à l'exception de N'Golo Kanté. La principale force de ces Blues réside dans leur façon d'aspirer l'adversaire par des circuits de passes courtes et répétées dans leur camp, afin de progresser patiemment en gardant la maîtrise et pouvoir profiter d'espaces plus conséquents dans la partie de terrain adverse. Voilà sans doute le principal levier du rapport de forces dans cette finale : à l'image de sa performance épatante en demi-finales de la Cup le mois dernier (1-0), Chelsea sera-t-il capable de contrecarrer le pressing de City, un des plus redoutables du continent ? Agressifs dès la perte via une première ligne de quatre toujours active (a priori Mahrez-Bernardo-De Bruyne-Foden), les Citizens savent, patiemment ou furieusement, désemparer leurs opposants. Mais à Wembley, ils n'étaient pas parvenus à gêner suffisamment les relances des Blues, qui avaient notamment confisqué le ballon en début de rencontre (58% de possession après 30 minutes). Si l'évolution de leur logiciel collectif leur permet désormais de subir sans trop souffrir, les coéquipiers de Ruben Dias ne sont jamais plus dangereux que lorsqu'ils réussissent à étouffer leur adversaire dans son propre camp.
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La gestion de la profondeur et la menace Werner
Puisque ce duel en demi-finales de Cup est le seul à avoir livré de véritables enseignements (la victoire de Chelsea 2-1 en Championnat est plus récente mais avec des équipes remaniées et des Citizens déjà assurés à 99% du titre), il faut également noter que Man City avait souffert face aux courses incessantes de Timo Werner dans la profondeur. Avant-centre sur le papier, l'attaquant allemand avait en fait touché la majorité de ses ballons dans les demi-espaces et dans les couloirs, à droite comme à gauche, forçant la défense des Skyblues à courir vers son but, c'est -à-dire tout ce qu'elle déteste. Malgré son statut de plus grand croqueur d'Europe, l'ancien de Leipzig sera l'homme à surveiller. Et il y a fort à parier que les ouailles de Thomas Tuchel insisteront à nouveau sur ses qualités samedi à Porto, même si leurs adversaires ont démontré face au PSG au tour précédent -notamment à l'aller en muselant Kylian Mbappé- qu'on ne les y reprendrait plus aussi facilement. Quoi qu'il en soit, la capacité ou non de Chelsea à capitaliser sur ce type d'actions sera déterminante pour les maintenir dans la partie, ou les mener à la victoire.

Guardiola-Tuchel, qui aura un temps d'avance ?
Cette finale de C1 sera le théâtre du huitième face à face entre deux hommes à la philosophie proche, et très attachés à la flexibilité et à l'anticipation du plan adverse. Plan A, plan B, plan C : on imagine aisément Pep Guardiola et Thomas Tuchel se creuser la tête depuis quelques semaines afin de trouver la meilleure manière d'imposer leur scénario, mais aussi de contrer les choix tactiques de leur adversaire. À quelle hauteur vaut-il mieux placer son bloc ? Quel rôle pour Joao Cancelo ? Quelle animation autour de Timo Werner ? Quels latéraux pour Chelsea ? Où opérera Kevin De Bruyne ? Et si Phil Foden était un meilleur atout en sortant du banc ? Ces questions sont évidemment notées, annotées, entourées sur le bloc-notes des deux ingénieux techniciens. Le spectacle en pâtira peut-être, mais la partie d'échecs s'annonce palpitante, tant Guardiola et Tuchel sont obsédés par le contrôle et l'équilibre. L'un n'avait plus mis les pieds en finale de la Ligue des champions depuis dix ans, l'autre espère ne pas en perdre une deuxième consécutive : il y a des rendez-vous auxquels il ne faut pas arriver en retard, même si on a pensé à tout. Surtout si on a pensé à tout. - C.C.
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