
Flash-back en 2001, quand Gérard Houllier glanait cinq trophées avec Liverpool au cours d'une année complètement folle
Décédé à 73 ans, Gérard Houllier restera dans le Panthéon des entraîneurs français. Notamment grâce à une année 2001 complètement dingue avec Liverpool. Avec cinq trophées au bout, mais aussi une très grosse frayeur pour sa santé.
League Cup : fin de la disette
Cette édition 2000-01 de la Coupe de la League anglaise est spéciale rien qu'en regardant le lieu où se joue sa finale : pour la première fois, une finale de coupe anglaise se dispute dans un autre pays. Rendez-vous à Cardiff, au Millenium Stadium, ce 25 février 2001. Défait trois jours plus tôt à domicile par la Roma en huitièmes de finale de la Coupe de l'UEFA (0-1), mais tout de même qualifiés après le succès 2-0 en terres italiennes, les troupes de Gérard Houllier veulent accrocher un premier trophée pour Liverpool depuis... six ans ! L'adversaire ? Birmingham City, pensionnaire de deuxième division, qui s'est invité à Cardiff en ayant notamment fait tomber Tottenham, Newcastle, Sheffield Wednesday et Ipswich Town. Et pourtant, cette finale va s'étirer, s'étirer et encore s'étirer. Une ouverture du score de Robbie Fowler à la demi-heure, puis une égalisation des hommes de Trevor Francis à la dernière minute du temps additionnel. Stéphane Henchoz concède en effet un penalty transformé par Darren Purse.
Liverpool passe tout proche de sombrer dans la prolongation, mais Sander Westerveld, le portier des Reds, est solide tandis que Henchoz, encore lui, assène un nouveau tacle suspect en pleine surface, non signalé par le corps arbitral. Dietmar Hamann touche du bois (114e) et Liverpool va finalement avoir le dernier mot lors de la séance des tirs au but. Westerveld sort deux tentatives adverses. Les You'll Never Walk Alone du peuple red venait saluer la sixième League Cup de l'histoire de leur club. «Je suis heureux pour les supporters car ils ont été fantastiques, je suis très content aussi pour les joueurs, explique Houllier après la finale. Le premier trophée est toujours le plus dur à gagner ! Ce match ne va pas définir notre saison mais je peux dire que, si mes joueurs continuent à évoluer de la sorte, ils peuvent atteindre d’autres finales.» Il ne croit pas si bien dire...
La compo de Liverpool lors de cette finale : Westerveld - Babbel, Henchoz, Hyypia, Carragher - Gerrard (Mc Allister, 78e), Hamann, Biscan (Ziege, 97e), Smicer (Barmby, 84e) - Fowler, Heskey.
Cup : l'incroyable renversement
83e minute de cette finale de la Coupe d'Angleterre. Nous sommes le 12 mai. A Cardiff, encore, Liverpool est mené depuis la 72e minute par Arsenal et un but de Freddie Ljungberg. Avantage mérité pour des Gunners qui s'étaient créés de nombreuses opportunités. Au bout du compte, les ouailles d'Arsène Wenger vont bien les regretter dans ce duel entre entraîneurs français. A l'image de Thierry Henry, qui rate encore une occasion face à Sander Westerveld.
Et c'est le futur Ballon d'Or France Football 2001 qui va faire chavirer les supporters des Reds. En cinq minutes, aux 83e et 88e minutes, Michael Owen, jusque-là bien discret, renverse complètement Arsenal. A la suite d'un coup franc, d'abord, puis d'un long ballon pour Owen qui résistait à Lee Dixon et Tony Adams pour crucifier David Seaman.
La compo de Liverpool lors de cette finale : Westerveld - Babbel, Henchoz, Hyypiä, Carragher - Murphy (Berger, 77e), Gerrard, Hamann (McAllister, 61e), Smicer (Fowler, 77e) - Heskey, Owen.
Coupe de l'UEFA : un délire
Rapid Bucarest, Slovan Liberec, Olympiakos, AS Roma, FC Porto et enfin le FC Barcelone en demi-finales : tel a été le parcours du Liverpool de Gérard Houllier pour retrouver une finale européenne pour la première fois depuis 1985 et le tristement célèbre drame du Heysel. Cette finale de C3 du 16 mai au Westfallen Stadion de Dortmund intervient seulement quatre jours après la victoire sur Arsenal en Coupe d'Angleterre. En face, l'étonnant Deportivo Alavés, qui, pour sa première campagne européenne de son histoire, atteint la finale ! Les coéquipiers de Jordi Cruyff, dans cette finale arbitrée par le Français Gilles Veissière, vont participer à ce que cette édition 2000-01 de la Coupe de l'UEFA reste dans les mémoires du football. 2-0 Liverpool après un quart d'heure de jeu (Babbel et Gerrard). Puis un changement tactique de Mané, l'entraîneur d'Alavés, qui change un défenseur (Eggen) par un attaquant (Ivan Alonso). Tout change.
Alonso réduit la marque quatre minutes après son entrées, Westerveld, encore lui, est solide pour repousser trois tentatives. Et le penalty de McAllister juste avant la pause pour une faute de Herrera, le portier d'Alavés, sur Owen (3-1) ressemblait à un break définitif. Et pourtant, on passait à 3-3 alors qu'on ne jouait pas depuis six minutes en seconde période avec notamment un coup franc de Javi Moreno. Puis 4-3 Liverpool (McAllister) et 4-4 à une minute de la fin sur un pion de Jordi Cruyff, plus prompt que Westerveld. Dans une prolongation indécise où un but en or pouvait tout stopper en un instant, Alavés se retrouvait à dix (99e, Magno), puis à neuf (116e, Karmona) avant que Geli ne prolonge un coup franc de McAllister contre son camp (117e). Terrible finish pour une finale légendaire. Après Luis Fernandez, victorieux de la Coupe des Coupes avec le PSG dans les années 90, Gérard Houllier devient le deuxième entraîneur français à conquérir une Coupe d'Europe. Pour le septième trophée européen de l'histoire pour Liverpool (quatre C1, trois C3). Troisième trophée de l'année. Et ce n'est pas fini.
La compo de Liverpool lors de cette finale : Westerveld - Babbel, Henchoz (Smicer, 56e), Hyppia, Carragher - Hamann, McAllister, Gerrard, Murphy - Heskey (Fowler, 65e), Owen (Berger, 79e).
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Charity Shield : Le champion au tapis
Quand Gary Neville, Dennis Irwin et la défense de Manchester United tombent sur bien plus fort. A peine la première moitié de l'année digérée avec ses trois trophées que Liverpool, vainqueur de la Cup, affronte Manchester United, couronné en Premier League. Et les Red Devils auront longtemps regretté leur entame de partie.
Car McAllister, sur un penalty concédé par Roy Keane, et Owen trompaient Fabien Barthez et portaient le score à 2-0 dès le quart d'heure de jeu. Et si MU offre un second acte de grande qualité avec plus de dix occasions et un but superbe de Ruud van Nistelrooy, ce sont bien Gérard Houllier et ses joueurs qui soulèvent un nouveau trophée dans une année décidément glorieuse.
La compo de Liverpool lors de cette finale : Westerveld – Babbel, Henchoz, Hyypiä, Riise (Carragher, 83e) – Barmby (Biscan, 71e), Hamann, McAllister, Murphy (Berger, 71e) - Owen, Heskey.
Supercoupe d'Europe : puissance 5
Quelques jours plus tard, Liverpool se rend à Monaco pour la Supercoupe d’Europe. En qualité de vainqueur de la Coupe de l’UEFA, les Reds affrontent le Bayern Munich, tombeur, aux tirs au but, de Valence en finale de la Ligue des champions. Avec encore une fois Michael Owen très impliqué dans le cinquième sacre de l’année pour les siens. Après seulement quinze secondes de jeu en seconde période, il assomme les Bavarois avec le troisième but de son équipe. Car dans le premier acte, John-Arne Riise et Emile Heskey avaient déjà fait le boulot. Et si le Bayern revenait à 1-3 (Salihamidzic, 57e), puis 2-3 (Jancker, 82e), il était bien trop tard.
La compo de Liverpool lors de cette finale : Westerveld – Babbel, Henchoz, Hyypia, Carragher – Gerrard (Biscan, 66e ), Hamann, McAllister, Riise (Murphy, 69e ) – Owen (Fowler, 83e ), Heskey.
Si forte en émotion, cette année 2001 terminait pourtant avec une grosse frayeur pour Gérard Houllier. En octobre, Leeds, leader du Championnat, se rend à Anfield pour la 9ejournée de Premier League. Harry Kewell, buteur, et les siens mènent 1-0 à la pause. Dans les vestiaires, juste après son discours à ses joueurs, Gérard Houllier, 54 ans alors, ressent alors des douleurs dans la poitrine. La partie reprend, l’entraîneur français est évacué et opéré en urgence de l’aorte dans la soirée. Une opération qui dure onze heures. En soins intensifs et placé sous assistance respiratoire, Houllier est face à un combat qu’il n’avait pas imaginé après une telle année. Il reviendra quelques mois plus tard, en mars 2002. Avec une incroyable ovation de ses supporters rassurés de le voir de retour.
Timothé Crépin Suivre @T_Crepin