neymar (A.Reau/L'Equipe)

Forfait pour FC Barcelone-PSG, Neymar entre malédiction et fatalisme

Le quatre à la suite. Pour la quatrième année consécutive, Neymar est de nouveau touché avant un huitième de finale de Ligue des champions. Une série bien malheureuse...

A ce niveau-là, ce n'est plus de la malchance, c'est une malédiction. Mardi prochain, à 21 heures, Neymar ne sera pas sur la pelouse du Camp Nou, prêt à défier son ancienne équipe, son ami Lionel Messi pour se mettre en bonne position en vue du huitième de finale retour de Ligue des champions. Non, Neymar sera sur la touche. En tribune. Encore une fois. On n'ose même pas imaginer ce que doit se dire le Brésilien en ce jeudi noir pour lui. Car les examens du jour ont confirmé ce qui était tant redouté : touché aux adducteurs, le numéro 10 du Paris Saint-Germain est indisponible pour les quatre prochaines semaines comme l'a indiqué son club. «La tristesse est grande, la douleur est immense et les pleurs sont constants, a confié Neymar sur son compte Instagram. Encore une fois, je vais m'arrêter un moment de faire ce que j'aime le plus dans la vie, jouer au football. Ça m'attriste vraiment.»

Neymar doit évidemment repenser à cette 56e minute, mercredi soir au stade Michel-D'Ornano, là où ses ambitions de huitièmes de finale se sont envolées. Dos au but dans la moitié de terrain caennaise pour ce 32e de finale de Coupe de France, le Brésilien était séché assez violemment par une intervention absolument pas contrôlée de Steeve Yago, le défenseur malherbiste. Un Yago qui, déjà averti, ne récoltait pas un second carton jaune qui aurait été justement mérité. Enervé par ce tacle rugueux, Neymar revenait pourtant assez vite sur le pré, faisant transparaître que le geste de Yago n'avait pas vraiment fait de dégâts. Le capitaine parisien du soir recevait très vite le ballon et partait défier de nouveau son bourreau histoire de prendre sa revanche avec le cuir entre les pieds. Il perdait son duel et se retournait pour filer directement aux vestiaires, comprenant ce qu'il venait de lui arriver. Aurait-il aggravé sa blessure sur cette chevauchée ? L'histoire le dira peut-être un jour. «C'est un superbe joueur, tout le monde le sait. Il est aussi bon dribbleur, qu'il est malin, il est provocateur, a constaté Pascal Dupraz, l'entraîneur du SM Caen, sur RMC jeudi. Il faut comprendre qu'en face, il a affaire à des hommes et que le football est un sport de contact. Quand on est provoqués, on répond. Nous avons été extrêmement corrects et qu'en aucun cas c’est un Caennais qui a blessé Neymar.»

«Il faut comprendre qu'en face, il a affaire à des hommes et que le football est un sport de contact. Quand on est provoqués, on répond. Nous avons été extrêmement corrects et qu'en aucun cas c'est un Caennais qui a blessé Neymar.»

La série fait mal

Pourtant, mercredi, au coup de sifflet final, en écoutant Moïse Kean sur Eurosport, on pouvait se dire que ce n'était qu'un coup : «Tout va bien, il est prêt, promettait l'Italien. Demain, à l'entraînement, il va récupérer. Il va être prêt pour le match.» Mais dans la foulée, Mauricio Pochettino était lui beaucoup plus prudent : «C'est difficile à dire maintenant. On verra demain avec le docteur. Est-ce qu'il pourra être là la semaine prochaine ? J'ai besoin de plus d'informations.» L'information est finalement tombée aux alentours de 16 heures ce jeudi : «Neymar a été victime d’une lésion du long adducteur gauche, a indiqué le PSG dans un communiqué médical. À l’analyse de l’examen clinique et des examens d’imagerie, il est à prévoir une indisponibilité d’environ quatre semaines selon l’évolution.» Pas de Barça-PSG mardi oui, mais peut-être pas non plus de PSG-Barça le 10 mars prochain au Parc des Princes.
 
La série fait terriblement mal pour Neymar. Depuis plus de quatre ans et demi qu'il a rejoint la capitale contre 222 millions d'euros, jamais il n'a été dans les dispositions idéales, à 100% de ses possibilités, pour aborder un huitième de finale de Ligue des champions. Premier épisode le 25 février 2018. En Ligue 1, le PSG se défait de nouveau facilement de l'OM à la maison (3-0). Avec un Neymar décisif sur deux réalisations des siens. Une semaine et demi plutôt, le Brésilien et ses coéquipiers étaient tombés à Bernabeu (1-3) en huitième de finale aller, rendant leur qualification pour la suite bien difficile, sans que cela ne soit impossible. Aux alentours de 22h40, ce 25 février, cela va être une autre histoire. A moins d'un quart d'heure de la fin d'une rencontre pliée, après un duel avec Bouna Sarr, la cheville de Neymar vrille violemment. Celui qui avait jusque-là inscrit six buts au coeur d'une phase de poules de C1 impressionnante quitte le Parc en béquilles. «Les examens complémentaires effectués ont confirmé une entorse antero-externe de la cheville droite, constate le PSG le lendemain. Mais également l’existence associée d’une fissure du cinquième métatarsien.» Un an plus tard, Neymar révèlera qu'il s'était également rompu un ligament de la cheville sur le coup. Toujours est-il que quelques jours plus tard, le Real vient chercher son ticket pour les quarts de finale (1-2 ; buts d'Edinson Cavani, Cristiano Ronaldo et Casemiro).

En 2019, l'histoire va recommencer. Mais, cette fois, Neymar se blesse avant même le huitième de finale aller. 23 janvier, seizièmes de finale de la Coupe de France face à Strasbourg. Nous sommes à vingt jours du huitième de finale à Old Trafford face à Manchester United. Paris mène, Neymar semble en jambes, mais Neymar rechute au niveau du métatarse après avoir vu Moataz Zemzemi lui chatouiller la cheville. Il est de nouveau en pleurs alors qu'il doit rentrer aux vestiaires. Pourtant, sans lui, Paris réalise le match qu'il faut à United pour être en position idéale au retour (succès 2-0 ; buts de Presnel Kimpembe et de Kylian Mbappé). Avant bien sûr la déroute restée dans les mémoires face aux "jeunes" mancuniens et un Neymar prostré sur la touche au moment de la main de Kimpembe pour le penalty de Marcus Rashford à la 94e minute (1-3, buts de Juan Bernat, Romelu Lukaku par deux fois et Marcus Rashford ; élimination).
 
Un an plus tard, face à Montpellier en Ligue 1 le 1er février 2020, Neymar est décoiffant, offrant une partie de tout premier choix (5-0). Seulement voilà, après un contact avec Arnaud Souquet, il sort de cette rencontre blessé. Diagnostic : lésion chondro-costale. Pour Paris, Dortmund, huitième de finale aller, c'est dans un peu plus de deux semaines. L'heure est de préserver son Brésilien histoire d'être d'attaque au Signal Iduna Park. Il est titulaire face au BVB et effectue, à l'image des siens, un match bien moyen. Avec une défaite (2-1) au final. Seulement voilà, c'est après, en zone mixte, que Neymar fait parler de lui. «C'est difficile de rester quatre matches sans jouer, explique-t-il au sujet de sa gestion avant le huitième. Ce n'est pas mon choix, c'est le club qui a pris la décision, les médecins. On a beaucoup parlé. Moi, je n'ai pas aimé. Je voulais jouer, je me sentais bien. Le club a eu peur et ça retombe sur moi.» Néanmoins, Neymar participe également au match retour (première fois qu'il dispute les deux rencontres d'un huitième de finale depuis son arrivée), avec la qualification et la suite que l'on connaît.

Neymar, lors de sa blessure face à l'OM. (A.Reau/L'Equipe)

«C'est difficile de rester quatre matches sans jouer. Ce n'est pas mon choix, c'est le club qui a pris la décision, les médecins. On a beaucoup parlé. Moi, je n'ai pas aimé. Je voulais jouer, je me sentais bien. Le club a eu peur et ça retombe sur moi.»

Neymar, la prise de conscience ?

Ainsi, pour sa quatrième participation à une phase finale de C1 en quatre ans de présence, Neymar est donc de nouveau touché par les pépins physiques. Il n'y avait pas pire moment, certainement, dans la saison. D'abord parce que le Brésilien paraissait en pleine possession de ses moyens malgré une absence au coup d'envoi du Classique de dimanche dernier. La motivation pour arriver au top de sa forme face au Barça était certainement décuplée. Ensuite, il y a le gros coup dur pour les ambitions européennes d'un PSG vice-champion d'Europe en titre qui va devoir également faire sans sa star alors que la Ligue 1 est bien plus serrée que les autres années. Regardez par exemple le PSG-Monaco qui s'annonce le dimanche 21 février avec Niko Kovac et ses ouailles en pleine bourre. Peut-être un détail pour certains supporters mais on parie que le titre de champion tient très à coeur à Nasser Al-Khelaïfi.
 
Cette blessure sérieuse, c'est enfin le temps de nouvelles questions : fallait-il faire jouer Neymar dans le congélateur caennais ce mercredi soir ? Le Brésilien remettait en cause sa gestion la saison dernière avant Dortmund, comment en tenir rigueur à Mauricio Pochettino qui n'avait pas pu le faire jouer plus de vingt minutes le week-end dernier ? Il fallait donner des minutes au Parisien, cela semble évident. On ose également imaginer que l'entraîneur argentin avait prévu de le gérer face à Nice samedi. Et, enfin, si ce n'est surtout : alors qu'il vient de fêter ses 29 ans, Neymar n'a-t-il pas de sérieuses questions à se poser sur sa gestion personnelle ? Les critiques sur son hygiène de vie font souvent l'objet de quelques fantasmes. Cette certaine frustration de ne pas pouvoir profiter d'un Neymar à sa plénitude est si dommageable. Et quand on sait que le PSG s'apprête visiblement à lui offrir une longue prolongation avec toujours un lourd salaire à la clé...