Inter Milan : un casse-tête financier plus complexe qu'inquiétant ?
Une directive du gouvernement chinois impacte profondément la situation financière de l'Inter Milan. C'est elle qui a indirectement conduit aux négociations révélées par FF entre King Street, le futur ex-propriétaire des Girondins de Bordeaux, et les représentants de Steven Zhang, le président du club italien. Décryptage alors que des solutions sont en passe d'être trouvées.
Alors que l'Inter Milan vient d'enchaîner un 13e succès de rang à domicile (record du club égalé) et file vers un premier titre de champion d'Italie depuis 2010, son propriétaire chinois commence à peine à savourer. Car si renverser la Juve, nonuple tenante du titre, n'était pas chose aisée, celle qui a consisté à jongler entre les charges et les instructions de Pékin s'est longtemps apparentée à un casse-tête pour Steven Zhang, le président du club. Et pour cause ! Une directive du pouvoir chinois, conçue pour préserver les intérêts nationaux*, «déconseille» actuellement aux fortunes locales de faire sortir du pays des capitaux destinés à financer des activités classées dans la catégorie des «business non essentiels». Une catégorie dont le football fait partie dans l'esprit du Parti communiste chinois, ce qui empêche les Zhang (le père de Steven est à la tête de Suning et propriétaire du club) de réinjecter directement de l'argent à Milan.
«Le dépôt de bilan du FC Jiangsu a pu inquiéter certaines personnes mais cela n'a rien de comparable»
De quoi donner quelques sueurs froides aux fans de l'Inter, ravis d'observer les prouesses de leurs favoris, week-end après week-end, mais inquiets au moment d'envisager la suite. En réalité et après que le club intériste a démenti la rumeur d'une vente imminente en janvier, des réponses ont rapidement été apportées par les experts financiers mandatés. «Tout semble indiquer que les Zhang et leurs conseillers ont trouvé une solution, lançaient ainsi à l'envi plusieurs habitués du Suning Training Center dès le début du mois d'avril. Le dépôt de bilan du FC Jiangsu (NDLR : propriété de Suning**) a pu inquiéter certaines personnes mais cela n'a rien de comparable. L'Inter a une énorme valeur et c'est pour ça qu'ils vont continuer d'investir ici.» À ce moment-là, certains considéraient même qu'un pré-accord avait pu être trouvé avec un ou plusieurs créancier(s).
Un nouveau communiqué a failli être dégainé
La donne était en réalité un brin différente - plusieurs fonds d'investissement parmi lesquels King Street continuaient de négocier avec les dirigeants italiens jusqu'à il y a peu - mais le constat général n'en demeure pas moins le même : oui les Zhang doivent composer avec des problèmes de liquidités, d'où la nécessité de recourir massivement à l'emprunt, non la faillite ne guette pas. Steven Zhang, qui a atterri à Milan en milieu de semaine - après avoir décalé sa visite à plusieurs reprises -, cherche les meilleures solution pour le mercato à venir. Avec l'objectif de livrer une meilleure copie en Ligue des champions, l'Inter ayant terminé à la dernière place de sa poule cette saison. Ce décalage entre la perception de certains observateurs (internationaux) et la réalité a d'ailleurs poussé le propriétaire du club à envisager de communiquer à nouveau. À plusieurs reprises depuis le début de l'année, une deuxième déclaration a ainsi failli être dégainée pour annoncer l'imminence d'un accord avec de nouveaux partenaires financiers.
«Les résultats ont amené ce qu'il fallait de calme et de sérénité au meilleur des moments»
La montée en puissance de la bande d'Antonio Conte en 2021 a finalement conduit au statu quo en terme de communication. Ce qui vaut ce commentaire à un journaliste italien qui suit le club au quotidien : «On vit dans un drôle de monde. Après l'échec de la Super Ligue, les fans de la Juve et du Milan se sont empressés de demander la tête des dirigeants de ces deux clubs. À l'Inter, tout le monde veut que (Guiseppe) Marotta reste (rires). Autrement dit, les excellents résultats sportifs ont amené ce qu'il fallait de calme et de sérénité au meilleur des moments.» Et ne comptez pas sur l'entourage des membres de l'effectif nerazzurro pour dire autre chose. «On a pu s'interroger, oui, mais les salaires ont toujours fini par être versés et ça, c'était un signal rassurant» indiquent, en substance, les agents et les proches.
Annonces imminentes ?
Les Zhang, eux, font régulièrement savoir qu'ils ne céderont pas le club contre moins d'un milliard d'euros (après avoir déboursé près de 300 millions pour devenir majoritaires en 2016 avant de dépenser peu ou prou la même somme dans les transferts). Tout en ne donnant jamais l'impression d'être fermés à ce que de nouveaux actionnaires entrent dans la danse, au contraire. Raison pour laquelle les fans et membres du club ont hâte que ce qui subsiste de flou soit dissipé. Par l'intermédiaire d'un discours fort de leur propriétaire, par exemple. Il faudra néanmoins patienter un petit moment encore : ni les signatures d'accords financiers avec un nouveau partenaire, ni les futures ambitions du board intériste ne seront dévoilées avant que le Scudetto n'ait été cousu sur les maillots nerazzurri. La famille Zhang attend elle, peut-être plus impatiemment encore, que les portes de Guiseppe Meazza rouvrent et que le business reprenne enfin son cours.
Thymoté Pinon Suivre @ThymPinon
* Notamment en réaction au bras de fer engagé par les États-Unis au printemps 2017 au niveau commercial et des nouvelles technologies.
** Le Jiangsu FC, qui appartenait au conglomérat Suning, également propriétaire de l'Inter, a mis fin, fin février, à toutes ses activités trois mois après avoir été sacré champion de Chine. Le tout après avoir, selon le club, «cherché un repreneur (...) et tenté avec la plus grande sincérité de transférer son capital».
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