Jaume Roures, le patron de Mediapro. (J. Prévost/Lâ?™Equipe)

Isolement, Justice, Karting, Mediapro... L'Abécédaire de l'année dingue du football français (2/4)

De G à M : deuxième partie de l'abécédaire dédié à l'année 2020 du football français. L'isolement de la France par rapport aux autres championnats, les décisions de justice, la pique de Karim Benzema à l'intention d'Olivier Giroud...

G comme Garanties

Certainement l'un des mots de l'année pour le football français. Aucun doute que la LFP aurait aimé en avoir exigé une au moment de valider l'appel d'offres pour les droits de diffusion 2020-2024 au printemps 2018. Mais faute de l'avoir fait, la Ligue s'est retrouvée dans une voie sans issue lorsque Jaume Roures annonçait, début octobre, vouloir renégocier le montant des droits pour la saison en cours. Sans garde-fou pour maintenir le groupe Mediapro sous pression face à ses obligations contractuelles, les dirigeants du football français ont fait éclater leur amateurisme au grand jour. Une garantie, c'est ce que ces mêmes dirigeants ont été heureux de trouver auprès de l'Etat au printemps dernier, quand il leur a fallu solliciter des emprunts bancaires pour combler tant bien que mal le manque à gagner provoqué par l'arrêt de la saison.

H comme Hidalgo, Herbin, Houllier

Comme si l'année 2020 n'avait pas été suffisamment morose, le football français a perdu en quelques mois trois de ses plus illustres entraîneurs. Sélectionneur des Bleus de 1976 à 1984, Michel Hidalgo s'est éteint fin mars. Il restera cet entraîneur emblématique de l'équipe de France, symbole d'un jeu enthousiaste, de «Séville 82» et de l'Euro 84, premier titre majeur de la sélection. Un mois plus tard, c'est Robert Herbin qui lui a emboîté le pas. Entraîneur mythique de Saint-Etienne, le "Sphinx" avait guidé les Verts jusqu'en finale de C1 en 1976 en plus d'avoir glané quatre titres de champion et trois coupes de France en onze années dans le Forez. Sans doute l'un des coaches français ayant eu le plus de succès hors de l'Hexagone, Gérard Houllier est lui aussi décédé tout récemment. Auteur d'une saison 2000-2001 insensée et couronnée d'un quintuplé historique sur le banc de Liverpool, l'ancien sélectionneur des Bleus a ensuite brillé avec l'OL. Entre Rhône et Saône, il avait guidé les Gones vers deux nouveaux titres en Ligue 1, sans pour autant passer le cap des quarts de finale en Ligue des champions.

I comme Isolement

En décidant de respecter sans négocier la décision du gouvernement de stopper les compétitions sportives au printemps, les dirigeants du football français ont sans doute espérer que ses voisins en feraient de même. Tout faux. Car si Angleterre, Espagne, Italie ou Allemagne ont bel et bien suspendu leurs Championnats, les Ligues ont su se donner le temps de la réflexion pour préparer une reprise en cas d'accalmie de la pandémie. Au final, la Ligue 1 s'est retrouvée isolée en compagnie des rares compétitions domestiques à ne pas être allées à leur terme, comme en Ecosse ou aux Pays-Bas. Un coup de plus porté au supposé "Big 5" dont la France se rêve membre. Sans parler de la récente campagne européenne des clubs français...

J comme Justice

uand les résultats des compétitions se jouent hors des terrains. Rarement le football français a été autant lié au Conseil d'Etat. La plus haute juridiction administrative du pays s'est en effet retrouvée inondée de multiples recours au printemps. Car la décision de mettre un terme définitif aux Championnats professionnels comme amateurs est loin d'avoir fait l'unanimité. Au niveau professionnel, Lyon, Amiens, Toulouse, Troyes, Ajaccio ou encore Clermont ont mené la fronde contre l'issue choisie par la LFP. Leurs dirigeants, Jean-Michel Aulas en tête, multipliant les sorties sur l'iniquité supposée de cette décision et de ses impacts économiques. Mais après des mois de procédures, tous ont été définitivement déboutés par le Conseil d'Etat le 23 octobre dernier. Idem au niveau amateur où la demande de clubs amateurs de suspendre la décision de la FFF a également été rejetée.

K comme Karting

«On ne confond pas la F1 et le karting, et je suis gentil.» En live sur Instagram, Karim Benzema a trouvé judicieux de rajouter de l'huile sur le feu au sujet de la rivalité sportive avec Olivier Giroud. Arrivée fin mars, au moment où tous les Championnats étaient suspendus, la sortie de l'attaquant du Real a évidemment fait parler. Et si KB9 carbure toujours autant à Madrid, force est de constater que le supposé karting a lui aussi du répondant. Toujours aussi performant en équipe de France, Olivier Giroud s'est offert une énième résurrection en club cet automne sous les couleurs de Chelsea. Mi-octobre, le deuxième buteur le plus prolifique de l'histoire des Bleus s'est montré beau joueur quant aux propos de son ex-coéquipier en sélection : «L'histoire du karting et de la F1 ? Cela m'a fait marrer le connaissant. Je n'ai aucune rancune par rapport à ça. (...) Ma carrière chez les Bleus aurait peut-être été meilleure en étant associé avec Karim Benzema mais on ne saura jamais.»

L comme Labrune

Quelque peu disparu des radars depuis son passage à la présidence de l'Olympique de Marseille (2011-2016), Vincent Labrune a brusquement refait surface le 10 septembre dernier. Candidat outsider à la présidence de la LFP, l'homme d'affaire a finalement remporté le scrutin face à Michel Denisot, à 15 voix contre 10 au conseil d'administration. Avant d'obtenir 48 % des suffrages en assemblée générale, preuve que sa candidature n'a pas fait consensus. Soutenu par plusieurs clubs ne voulant pas d'un candidat porté par les locomotives PSG et OL, Vincent Labrune succède à Nathalie Boy de la Tour à la tête de la Ligue. Et s'est immédiatement séparé de Didier Quillot au poste de directeur général.

M comme Mediapro

Le groupe sino-espagnol était attendu comme le messie depuis ce 29 mai 2018 et l'officialisation du milliard d'euros pour les droits TV 2020-2024 de la Ligue 1. L'euphorie n'en était que plus belle lorsque la création de la chaîne Téléfoot en partenariat avec TF1 était officialisée au moins de juin dernier. Mais très vite, le brouillard s'est installé. Après un lancement plus que tardif de sa chaîne, Mediapro n'apparaissait plus comme l'acteur que la LFP présentait comme fiable deux ans plus tôt. A 25 euros par mois, les abonnées n'ont pas afflués. Et il n'a fallu que deux mois pour que Jaume Roures, son président, ne sorte du bois pour exiger une renégociation des droits. Incapable d'honorer sa deuxième échéance en octobre, le groupe en a fait de même avec la troisième prévue en décembre. La procédure de conciliation avec la Ligue n'ayant rien donné, les deux parties ont donc terminé 2020 en se séparant, après une collaboration de seulement quelques mois. Un fiasco de A à Z.

Quentin Coldefy

- La première partie de l'Abécédaire de l'année du foot français