L'OM et ses supporters, les questions qui fâchent
L'OM et ses fans, c'est une longue histoire. Tourmentée, compliquée, comme l'ont démontré les derniers incidents. FF s'est penché sur la vraie nature des relations entre les groupes de supporters et leur club vénéré.
Marseille est plus qu’un contexte, il est un décor qui, parfois, dévore. L’OM est plus qu’un club, il est un bien collectif commun qui, parfois, est manipulé par intérêts. Ses supporters en sont épris, certains à la folie. Jusqu’à flirter avec des limites à ne pas franchir et jusqu'à certaines dérives aperçues ces dernières semaines. Ces derniers mois. Ces dernières années. Certains dirigeants en ont pris leur parti. C’était une nécessité acceptée. Rien n’est jamais tout noir. Ni tout blanc. Et c’est toute la complexité de ces relations et rapports de force que mettent en lumière ces interrogations. Extraits de notre dossier.
Qu'est-ce qu'ils veulent ?
La question a souvent laissé place à un silence, gêné ou gênant. Parce que la réponse paraît trop évidente pour être balancée sans en peser chaque mot. Ou parce qu’au fond, après tant d’années de convictions et de contradictions, de collisions et de collusions, on ne sait plus trop. «Les supporters marseillais veulent ce que beaucoup veulent dans la vie : le pouvoir, estime Christophe Bouchet, ancien président du club. D’ailleurs, ils en sont un. Parfois, ce sont eux qui peuvent décider.» De qui doit rester, de qui doit partir, une influence et une capacité de nuisance dont l’ancien boss (2002-05) a fait les frais. «Ils considèrent que le club leur appartient, admet Jean-Claude Dassier, à sa tête de 2009 à 2011. Et on a beau essayer de leur expliquer que ce n’est pas tout à fait le cas...» Certains messages affichés et revendiqués dans les travées du stade et en dehors – «L’OM, c’est nous» - ne laissent aucun doute. Les groupes de supporters ont compris la place qu’ils ont et le rôle qu’ils tiennent dans le panorama phocéen. Les plus mauvaises langues disent qu’ils se considèrent chez eux. Robert Louis-Dreyfus en plaisantait : «Je veux bien que les supporters soient propriétaires du club, mais l'actionnaire l'est aussi quand même un peu...»
«Le client est roi»
Bouchet précise : «Ils veulent avoir ce qui, selon eux, leur est dû.» Ni plus, ni moins que «des promesses tenues et du respect de la direction, de la confiance, rectifie Michel Tonini, le responsable des Yankee Nord. Une attitude de partenariat, de partage.» Qui peut très vite prendre la forme d’avantages et se décliner sur le plan financier. Les réunions groupes de supporters-direction y échappent rarement. «Des discussions de marchands de tapis, se rappelle Dassier, qui rejoue le préambule. "Bonjour président, alors, combien vous nous donnez ?"» Pour les places, les avions, les bus. «On les aidait, on les emmenait en déplacement, notamment européen. Mais il ne m'ont jamais arraché des accords qui auraient mis le club en péril, précise le dirigeant champion de France 2010. Ce ne sont pas des monstres. Il faut savoir les apprivoiser et leur résister.» C’est tout le dilemme auquel son successeur Jacques-Henri Eyraud se trouve actuellement confronté. Les récents événements (affaire Evra, envahissements de terrains, nombreux fumigènes) embarrassent et inquiètent la direction. «Ce sont des coups de pression pour tendre les relations et amener Eyraud à dealer des choses, souffle-t-on au club. Ils ont peur de perdre une partie de leurs mécanismes économiques et leur pouvoir. Quand ils veulent créer le chaos, ils le créent.» «On est juste une force mercantile, réplique Tonini. Aujourd’hui, le supporter est le client qui remplit le stade, attire les sponsors, les médias, fait vendre. Le client est roi, non ? C'est lui qui a tous les pouvoirs, qui dit s'il est content ou non, s'il met son argent ou pas !»
T.S.
L'intégralité du dossier sur l'OM et ses supporters est à lire dans le France Football actuellement en kiosque ou ici en version numérique.