
Le football est-allemand en 10 dates
Quand bien même ce n'était pas le sport majeur en RDA, le football est-allemand a tout de même connu quelques heures de gloire. Petit tour d'horizon en dix dates marquantes.
1948 : première édition du Championnat est-allemand
Si la RDA n’a été fondée que le 7 octobre 1949, le premier Championnat de football d’Allemagne de l’Est a bien eu lieu un an plus tôt. A cette époque, le pays était divisé en quatre parties, occupées par les quatre puissances vainqueurs de la seconde guerre. L’Allemagne de l’Est était ainsi occupée par les Soviétiques. Cette première édition fut remportée par le SG Planitz, vainqueur en finale du SG Freiimfelde Halle. Un titre qui était censé qualifier le club pour la phase finale du Championnat allemand, en tant que champion de la zone est. Finalement, les autorités soviétiques n’autorisèrent pas les joueurs à y participer. En 1949, après la fondation de la RDA, le Championnat "officiel" fut créé, et nommé DDR-Oberliga.
21 septembre 1952 : Premier match officiel de la sélection
Dès 1949, la sélection est-allemande de football a été créée. La RDA n’étant pas encore membre de la FIFA, elle ne pouvait espérer participer à des rencontres officielles. Après trois ans de matches non offiels, elle fut finalement admise à la FIFA le 24 juillet 1952, ce qui l’autorisait à participer aux rencontres officielles. Ainsi, le 21 septembre de la même année, la sélection est-allemande affrontait la Pologne pour le premier match officiel de son histoire. La défaite, 3-0, était anecdotique. Elle décidera ensuite de ne pas s’aligner pour les éliminatoires des grandes compétitions jusqu’à la Coupe du monde 1958, dans l’élan de la victoire de la RFA lors de l’édition précédente. Pour son premier match réellement "officiel", la RDA a battu le Pays-de-Galles 2-1 à Leipzig le 19 mai 1957. Mais n’était pas parvenue par la suite à se qualifier pour sa première grande compétition.
1973 : Le beau parcours du Dynamo Dresde en Coupe d'Europe des clubs champions
Vainqueur de la DDR-Oberliga en 1972-1973, le Dynamo Dresde avait donc obtenu le droit de participer à la Coupe d’Europe des clubs champions la saison suivante. Une compétition où les équipes est-allemandes n’ont jamais brillé, ou même réalisé d’exploit. Au premier, tour, le tirage n’avait pas été clément avec Dresde, qui était opposé au finaliste de l’année précédente, la Juventus Turin de Dinoz Zoff ou Fabio Capello, notamment. Au match aller, l’équipe de la RDA avait pourtant fait mentir les statistiques, en l’emportant 2-0 à domicile. On se disait alors que la Juventus allait faire le travail à domicile, d’autant que les Italiens menaient déjà 3-1 après 30 minutes. Mais, grâce au but de Sachse à la 75e minute, les joueurs de Dresde tenaient bon et réalisent l’exploit. Clin d’œil du destin, en huitièmes de finale, ils affrontaient le Bayern Munich, vainqueur des deux derniers Championnats de Bundesliga. Encore un très gros morceau, avec des joueurs comme Beckenbauer ou Gerd Müller, lauréats respectivement des Ballons d’Or 1972 et 1970. Sans complexe, les joueurs de Dresde avaient regardé les Munichois dans les yeux à l’aller à Munich, ne s’inclinant que 4-3 suite à un but tardif de Gerd Müller. Un bon résultat. Au retour, on pouvait penser que c’en était fini des espoirs de la formation de la RDA quand Uli Hoeness, d’un doublé, permettait au Bayern de mener 2-0 après 12 minutes. Mais Dresde n’avait rien lâché, et était même parvenu à reprendre l’avantage suite au 3e but de Häfner : 3-2, 56e minute. Malheureusement, ce Bayern Munich-là était différent. Müller, encore lui, égalisait deux minutes plus tard. 3-3, score final, Dresde éliminé pour un petit but. Un nouvel exploit était tout proche. Le début d’une ère de domination à l’échelle européenne pour les Munichois, qui remporteront la Coupe des champions cette saison-là, ainsi que les deux suivantes.
8 mai 1974 : Magdebourg remporte la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe
La Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe opposait les vainqueurs des Coupes des différent pays européens. Tombeur du Lokomotive Leipzig en finale en 1972-73, le FC Magdebourg s’était donc autorisé le droit d’y participer. En finale, le club est-allemand a affronté le Milan AC de Gianni Rivera (Ballon d’Or en 1969), entrainé par Giovanni Trapattoni. Une rencontre disputée au Stadion Feijenoord de Rotterdam, aux Pays-Bas. Grâce à un but contre son camp de Lanzi, et une réalisation de Seguin, les joueurs de Magdebourg avaient surclassé les Lombards, et s’étaient adjugé ce qui reste aujourd’hui comme le seul titre européen remporté par un club est-allemand (le FC Land Zeiss échouera en finale en 1981, et le Lokomotive Leipzig en 1987).

14 juin 1974 : Premier match en Coupe du monde pour la RDA
Les joueurs de la RDA avaient obtenu leur qualification pour leur première (et unique) Coupe du monde en s’extirpant d’un groupe composé de la Roumanie, la Finlande et l’Albanie, avec 5 victoires en 6 rencontres. Une qualification forcément symbolique, puisque la compétition se disputait en Allemagne de l’Ouest. D’autant que, dans leur groupe, ils retrouvaient l’Australie, le Chili et… la RFA. Ainsi, le 14 juin 1974 au Volksparkstadion de Hambourg, ils disputaient le premier match de Coupe du Monde de leur histoire, face à l’Australie, novice elle aussi. Les Est-Allemands avaient essayé d’imposer leur football rugueux, face à des Australiens limités. Malgré le nul 0-0 à la mi-temps, ils avaient fini par l’emporter 2-0, grâce à un but de Curran contre son camp et à une belle volée de Streich. Première victoire en Coupe du monde, donc, et une compétition (presque) à domicile parfaitement lancée.
22 juin 1974 : L'exploit contre l'Allemagne de l'Ouest
Comme écrit plus haut, le hasard du destin a fait que les deux parties séparées de l’Allemagne se retrouvent dans la même poule. Après avoir assuré conte l’Australie, la RDA avait fait un match nul décevant 1-1 contre le Chili. La RFA avait elle maîtrisé ses deux rencontres, battant le Chili 1-0 en ouverture puis venant facilement à bout de de l’Australie 3-0. Sportivement, l’enjeu était donc limité, puisque les deux sélections, déjà qualifiées pour le tour suivant, se disputaient seulement la première place du groupe. En revanche, politiquement, la symbolique était évidemment très forte. Les Est-Allemands ne partaient pas favoris face aux Beckenbauer, Breitner, Müller et autre Maier. En coulisses, le match était tendu, le gouvernement de la RDA ayant interdit aux joueurs tout rapprochement avec leurs homologues de l’Ouest. Dans les tribunes du Volksparkstadion de Hambourg, l’ambiance était électrique, avec 60 000 spectateurs, dont environ 1500 représentants ouest-allemands. Sur le terrain, les joueurs de la RDA avaient essayé d’imposer leur football physique, et avaient tenu le coup face à la domination adverse. Mieux encore : à la 78e minute, Jürgen Sparwasser était parvenu à se glisser entre Vogts, Schwarzenbeck et Beckenbauer pour tromper Sepp Maier et ouvrir le score. Les outsiders avaient tenu bon, pour une victoire historique. Un succès qui allait finalement leur coûter cher, en les mettant sur le chemin d’une poule composée des Pays-Bas, de l’Argentine et du Brésil. Trop compliqué, et une élimination avec un seul point en trois matches après le nul contre les Argentins (1-1). De son côté, la RFA avait remporté à l’issue d’une finale maîtrisée face aux Pays-Bas la deuxième Coupe du monde de son histoire. En Allemagne de l’Est, l’exploit avait été assez peu médiatisé, le football n’étant pas considéré comme un sport majeur de ce côté-ci du pays. Mais l’histoire retiendra que c’est bien la RDA qui a remporté la seule confrontation officielle entre les deux sélections.
31 juillet 1976 : la RDA championne olympique
Lors des Jeux Olympiques de Montréal, les joueurs de la RDA, pour la plupart professionnels, se présentaient parmi les favoris, et comptaient dans leurs rangs plusieurs joueurs ayant participé au fameux exploit de la Coupe du monde 1974 face à la RFA. Pourtant, la première rencontre avait été un échec, et s’était conclue sur un match nul 0-0 face au Brésil. Des rumeurs avaient même évoqué un retour direct en Allemagne, pour éviter une nouvelle humiliation. Pourtant, les joueurs étaient restés, et la victoire 1-0 face à l’Espagne de Luis Arconada leur avait permis d’accéder aux quarts de finale. Les joueurs est-allemands y avaient retrouvé la France, qui comptait dans ses rangs quelques noms connus : Patrick Battiston, Jean Fernandez, Olivier Rouyer, ainsi qu’un joueur de 21 ans prometteur nommé… Michel Platini. La RDA l’emportera 4-0, avant de surclasser l’Union Soviétique en demi-finale, 2-1. La finale s’était déroulée au stade olympique de Montréal, devant plus de 70 000 personnes, contre la Pologne. Grâce à des buts de Schade, Hoffmann et Hafner, les joueurs de l’Allemagne de l’Est avaient remporté le titre, et contribué à la deuxième place de la RDA au classement des médailles.
Voir aussi : Les dix figures du football est-allemand
18 novembre 1987 : Victoire contre l'équipe de France au Parc des Princes
Les joueurs de la RDA Avaient déjà battu les Bleus lors des qualifications à l’Euro 1976, mais à domicile. Cette fois-ci, pour les qualifications de l’Euro 1988, ils ont réussi l’exploit de gagner en France. Les Tricolores affichaient un nouveau visage : quatre mois plus tôt, Michel Platini avait fait ses adieux à la sélection après un match face à l’Islande. L’occasion pour quelques petits nouveaux de faire leurs débuts avec le maillot frappé du coq, notamment un certain Eric Cantona. Titulaire face à la RDA, il n’avait pas réussi à faire la différence. Et c’est finalement Ernst Rainer qui avait donné la victoire aux Allemands dans les arrêts de jeu. Malgré cette performance face aux troisièmes de la Coupe du monde 1986, ils n’avaient finalement pas réussi à se qualifier, devancés de deux points par l’Union Soviétique.
15 novembre 1989 : Dernier match officiel de la sélection
Les éliminatoires pour la Coupe du monde 1990 en Italie représentaient les derniers matches officiels disputés par la sélection d’Allemagne de l’Est. En plein milieu de ceux-ci, le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait, ce qui entérinait la réunification des deux parties du pays. Six jours plus tard, pour la dernière rencontre de l’histoire de la sélection, la RDA affrontait pourtant l’Autriche à Leipzig, en ayant son destin entre ses mains. En cas de victoire, elle prenait l’une des deux premières places du groupe et validait son billet pour l’Italie. Certainement la tête ailleurs, les joueurs est-allemands avaient été défaits 3-0 par les Autrichiens. On ne saura finalement jamais ce qu’il se serait passé en cas de qualification.
1990-1991 : Dernier championnat de RDA
Bien que le mur soit tombé un an plus tôt, les Allemands avaient attendus un an avant de créer un Championnat réunifié. Cette 44e édition de la DDR-Oberliga avait donc été la dernière. Au terme des 26 rencontres (14 équipes qui s’affrontent en aller-retour), le Hansa Rostock, avec 35 points, était parvenu à devancer le Dynamo Dresde, double champion en titre, pour s’adjuger son premier titre de champion. A l’issue de la compétition, les équipes avaient été replacées dans le Championnat allemand réunifié en fonction de leur classement : Le Hansa Rostock et le Dynamo Dresde en Bundesliga, les équipes ayant terminées de troisième à sixième en deuxième division, alors que les équipes classées 7 à 12 avaient obtenu le droit de disputer un barrage pour accéder à cette deuxième division. Pour la petite histoire, l’année suivante, le Hansa Rostock avait fini 18e sur 20 et été relégué à l’échelon inférieur. Le Dynamo Dresde, 14e, était lui parvenu à se maintenir.
Antoine Malosse Suivre @AntoineMalosse