Les circuits d'Antonio Conte, le double-double de Romelu Lukaku, les matches clés... Le titre de l'Inter Milan passé au crible
Auteur d'une deuxième partie de saison parfaite ou presque, l'Inter Milan d'Antonio Conte et de Romelu Lukaku a logiquement remporté le Scudetto. Un titre - le premier depuis onze ans pour les Nerazzurri - acquis grâce à un système immuable, un trio défensif de très haut niveau, un milieu de terrain très complémentaire et un duo d'attaque en symbiose totale.
Joueurs utilisés
Gardiens : Samir Handanovic (34 matches).
Défenseurs : Stefan de Vrij (31 matches, 1 but), Milan Skriniar (30 matches, 3 buts), Alessandro Bastoni (30 matches), Aleksandar Kolarov (7 matches), Danilo D'Ambrosio (15 matches, 1 but), Andrea Ranocchia (5 matches).
Milieux : Achraf Hakimi (33 matches, 7 buts), Matteo Darmian (27 matches, 3 buts), Nicolo Barella (33 matches, 3 buts), Marcelo Brozovic (30 matches, 1 but), Christian Eriksen (23 matches, 2 buts), Ivan Perisic (29 matches, 3 buts), Ashley Young (23 matches), Roberto Gagliardini (26 matches, 2 buts), Aturo Vidal (23 matches, 1 but), Stefano Sensi (14 matches), Matias Vecino (4 matches).
Attaquants : Romelu Lukaku (33 matches, 21 buts), Lautaro Martinez (34 matches, 15 buts), Alexis Sanchez (27 matches, 5 buts), (Andrea Pinamonti (5 matches).
L'équipe type
Handanovic - Skriniar, De Vrij, Bastoni - Hakimi, Barella, Brozovic, Eriksen, Perisic - L. Martinez, Lukaku.
Le but : Chef-d'oeuvre collectif dans le derby de Milan
Le joueur : Lukaku, plus dominant que jamais
En décembre 2019, Romelu Lukaku confiait à FF qu'il courait désormais après les titres plus que derrière les statistiques. Cette saison, à 27 ans, il a coché les deux cases. Auteur d'un double-double historique (21 buts et 10 passes décisives jusque-là) dans un Championnat d'Italie pourtant pas réputé pour ouvrir les vannes, le Belge aura porté l'Inter Milan sur ses épaules du début à la fin de la saison. Injouable dos au but - ce qui constitue une métamorphose puisque le numéro 9 a toujours préféré la profondeur -, clutch dans de nombreux grands rendez-vous (notamment lors d'un enchaînement décisif Lazio-Milan, au cœur de l'hiver, qui l'aura vu inscrire trois buts et distribuer deux caviars pour deux succès capitaux), l'ancien de Manchester United vient de signer l'exercice le plus abouti de sa carrière. Mais par-delà ces statistiques impressionnantes, c'est l'image de taulier qu'il aura renvoyée et assumée du début à la fin de la saison (notamment dans son duel avec Zlatan Ibrahimovic) qui a pu bluffer les observateurs. C'est bien simple, il semble plus épanoui que jamais et en symbiose totale avec trois éléments essentiels pour un buteur : le club dont il porte les couleurs, son entraîneur («Je pourrai mourir pour Antonio Conte» répète-t-il à l'envi) et son partenaire d'attaque Lautaro Martinez.
La bonne surprise : Christian Eriksen
Longtemps, l'équipe de Conte a paru un brin déséquilibrée ou asymétrique. Elle combinait parfaitement et construisait la plupart de ses offensives côté droit mais se montrait beaucoup moins créative et inspirée à l'opposé. Pour le dire autrement, là où le trio Achraf Hakimi - Nicolo Barella - Lukaku régalait, Ivan Perisic, Arturo Vidal et Lautaro étaient, eux, au mieux à la finition des actions, au pire pas à la hauteur de leurs homologues. Et puis Christian Eriksen a refait surface. Alors que tout le monde le voyait quitter le club en janvier, le Danois a fini par assimiler les consignes de son entraîneur et fluidifier l'ensemble en prenant la place de Vidal. Tout est alors devenu plus équilibré au milieu de terrain. Non content de cet apport tactique fondamental, le milieu de terrain aura également inscrit deux buts importants : pour décrocher un nul à Naples (1-1 le 18 avril) et un succès précieux à Crotone pour sécuriser le titre (0-2 le 1er mai). Une renaissance. Nicolo Barella, Alessandro Bastoni et Achraf Hakimi auraient également mérités d'être mis en avant ici mais personne ne doutait vraiment de leur capacité à jouer un rôle clé dans cette équipe. Ces trois-là n'auront en tout cas fait que progresser cette saison.
Les trois matches clés
22 novembre 2020 - Cette équipe a du cœur
Après deux matches sans succès en Championnat et une défaite à Madrid en C1, l'Inter reçoit le Torino à la maison. La victoire est impérative, sans quoi la pression montera encore d'un cran au-dessus des cranes de Conte et de sa bande. En face, le Toro joue pleinement sa chance et mène 2-0 à l'heure de jeu. A ce moment-là, les Nerazzurri ont tout sauf une tête de champion. Moment choisi par la Lu-La (NDLR : surnom donné au duo Martinez - Lukaku) pour réveiller tout le monde et remettre l'équipe sur le droit chemin. Tous deux buteurs et bien aidés par Alexis Sanchez - par ailleurs à la hauteur lors de chacune de ses entrées en jeu cette saison -, Lukaku et Lautaro renversent les hommes de Francesco Conti et font passer un message : si le navire a tangué, personne n'a quitté (ni ne compte quitter) son bord.
17 janvier 2021 - Passation de pouvoir ?
Même ville d'origine pour les visiteurs de Giuseppe Meazza mais statut (légèrement) différent. Mi-janvier, c'est la Vieille Dame qui se présente à Milan. Tout le monde a hâte de voir si l'Inter, intraitable ou presque depuis sa remontada contre le Toro, a les épaules pour briser l'hégémonie de la Juve. Cinquante minutes plus tard, tout le monde sait : impressionnante au milieu de terrain et tranchante comme rarement au moment de faire mal (Ah cette ouverture de Bastoni pour Barella sur le but du break...), l'équipe de Conte frappe un grand coup. La Juventus paraît, elle, totalement dépassée et plus si loin de rendre les armes. La candidature de l'Inter pour la succession prend, de son côté, encore un peu plus d'épaisseur.
La loi des ex façon Vidal.Lei do ex com Vidal ?
— Inter ??? (@Inter_br) March 27, 2021
Ligação Bastoni-Barella pra um dos gols mais bonitos da temporada ?
E o 2 a 0 sobre a Juventus ficou até barato ? pic.twitter.com/aYHc4kt3re
La connexion Bastoni-Barella pour le deuxième but, l'un des plus beaux de la saison.
21 février 2021 - L'identité du futur champion est connue
Juste après un succès acquis de haute lutte face à la Lazio une semaine plus tôt (3-1 le 14 février), l'Inter enchaîne par un derby de Milan qui vaut (très) très cher. L'AC le sait, s'il s'incline, il ne sera pas très loin d'avoir perdu le Championnat après avoir passé de longues semaines en tête. Lukaku et cie le savent aussi et ils vont survoler les débats (3-0 sur des buts de... Lautaro et Lukaku). Dans l'envie, déjà, et puis tactiquement, aussi. Car si la partie aurait pu tourner différemment si Samir Handanovic n'avait pas effectué une ou deux parades de grande classe au retour des vestiaires, les Nerazzurri paraissent ce jour-là bien supérieur à leur rival de toujours. A l'issue de la partie, les deux formations ne semblent plus du tout boxer dans la même catégorie.
L'entraîneur : Conte avait raison depuis le départ
Durant une bonne partie de la saison, la plupart des observateurs ont jugé son équipe ennuyeuse et/ou maladroite au moment d'appliquer les circuits de relance qu'il s'efforce de dessiner depuis le début de sa carrière d'entraîneur. Mais jamais le manager n'a dérogé à sa ligne de conduite - celle qui consiste à trouver la verticalité après avoir aspiré l'adversaire - et le temps a fini par lui donner raison. Dès lors que ses joueurs ont repris confiance, son équipe est devenue un véritable rouleau compresseur. A tel point que les supporters de l'Inter et les joueurs eux-mêmes auront, au fur et à mesure des semaines, pris l'habitude de célébrer chaque ouverture du score comme une victoire. Pourquoi ? Parce que cette formation était à ce point devenue solide et sûre de sa force que personne ne l'imaginait se faire rattraper ou renverser. C'est dire. Le travail qu'il a effectué aux côtés de Lukaku pour le faire progresser dos au but et lui permettre de devenir l'un des meilleurs attaquants de la planète est, par ailleurs, colossal.
La question qui fâche : Quelles ambitions la saison prochaine ?
La presse italienne en est persuadée : Steven Zhang (président du club et fils du PDG de Suning, l'actionnaire majoritaire du club) aurait annoncé à son entraîneur que l'équipe ne pourrait pas être renforcée cet été et qu'il ne lui sera pas demandé de rééditer le même exploit la saison prochaine. Selon nos informations, l'Inter n'est toutefois pas dans l'obligation de vendre et présentera peu ou prou le même visage au coup d'envoi du prochain exercice. Reste maintenant à savoir si ce statu quo pourra satisfaire Conte. Compétiteur né, l'Italien a des choses à prouver sur la scène européenne. Et il n'est pas sans savoir que c'est, en partie au moins, l'élimination précoce des siens en C1 qui leur a permis de monter en puissance en Serie A. Reste donc à savoir s'il va relever le challenge. Le fait qu'il perçoive à Milan un salaire de onze millions d'euros par an a peut-être de quoi rassurer les fans...
Thymoté Pinon Suivre @ThymPinon
- Inter Milan : un casse-tête financier plus complexe qu'inquiétant ?