
Soccer Football - Champions League Semi Final Second Leg - Liverpool v FC Barcelona - Anfield, Liverpool, Britain - May 7, 2019 Liverpool's Divock Origi celebrates scoring their fourth goal with Xherdan Shaqiri, Fabinho and team mates REUTERS/Phil Noble (Reuters)
Ligue des champions : les plus belles demi-finales depuis 1994
Ce mardi marque le coup d'envoi du dernier carré de la Ligue des champions 2020-21. Un lieu de rendez-vous pour les grands joueurs, les entraîneurs de renom mais parfois aussi des surprises. Depuis 1994, ce stade de la compétition nous livre des rencontres mémorables. Voyage dans le temps.
Suspense, remontada, larmes, désillusions, injustices, joies. Chaque année, les demi-finales de Ligue des champions nous livrent leur lot d’émotions à l’issue d’un double-affrontement intense à l’issue indécise. Dernière marche d’un long parcours pour toucher les étoiles, le dernier carré de la compétition est l’occasion de voir les meilleures équipes européennes se livrer une bataille acharnée pour une place en finale, dans des oppositions de style parfois très prononcées. A l’occasion des demi-finales de l’édition 2020-21, FF vous propose les 10 plus belles demi-finales de la compétition depuis 1994. Entre scénarios renversants et véritables corrections, le choix fut (très) difficile !
1998-99 : Les Red Devils renversent la Juve
La Juventus de Carlo Ancelotti contre le Manchester United de Sir Alex Ferguson. Match de gala pour une des deux dernières demi-finales du millénaire. La Vieille Dame se retrouvait en bonne posture après avoir obtenu un nul précieux au match aller à Old Trafford (1-1). Et le début de match était on ne peut plus parfait pour les Turinois. Le roublard Pippo Inzaghi marquait coup sur coup deux buts dès l’entame de match. Les espoirs de finale des Mancuniens semblaient alors réduits à néant, et pourtant. Et pourtant les joueurs de Ferguson allaient réaliser presque l’impossible. Emmenés par un Roy Keane exceptionnel, qui réduisait le score à la 24e minute, les diables pouvaient compter sur leur duo d’attaque intenable composé de Dwight York et Andrew Cole. Le premier égalisait à l’heure de jeu quand le second donnait l’avantage en fin de match. Pourtant menés 2-0 dès la 11e minute, les Red Devils, privés de Ryan Giggs, réalisaient un exploit incommensurable sur la pelouse du Stadio Delle Alpi. Ils devenaient la première équipe non-championne à rallier la finale de la Ligue des champions.
2002-03 : Juventus-Real, la Vieille Dame retourne la Maison Blanche
Quand deux clubs de légendes s’affrontent, le public a des étoiles plein les yeux. C’est dans un costume de champion d’Italie déjà acquis que la Juve se déplaçait chez le champion d’Europe en titre. Au match aller, les Italiens étaient mis à mal par les Brésiliens Ronaldo et Roberto Carlos, tous les deux buteurs, mais sauvaient les meubles grâce à un but de David Trezeguet (2-1). L’attaquant tricolore était le premier à faire mouche lors de la manche retour et ouvrait le score sur une belle remise de Del Piero. Ce dernier donnait l’avantage aux siens juste avant la pause avant que Pavel Nedved ne finisse le travail à la 73e. Le but de Zizou en fin de match n’y changeait rien, la Vieille Dame réalisait l’exploit (3-1) et s’envolait pour une finale à l’issue tragique face à l’AC Milan. Une qualification au gout amer pour le futur Ballon d’or Pavel Nedved, si précieux durant le match, qui écopait d’un jaune pour une faute au milieu de terrain le privant de finale.
2006-2007 : Milan et Kaka font chuter Manchester United
Si vous souhaitez vous rappeler pourquoi Kaka a remporté le Ballon d’or 2007, il vous suffit de regarder son match à Old Trafford face à Manchester United. Manchester United contre Milan, Cristiano Ronaldo, étiqueté meilleur joueur du monde, face à Kaka, meilleur buteur de la compétition, Sir Alex Ferguson face à Carlo Ancelotti. L’affiche était très alléchante, à tous les niveaux. Les joueurs de Ferguson, comme à leur habitude, se ruaient à l’attaque. Ronaldo ouvrait le score de la tête, bien aidé par Dida dès l’entame. Le milieu brésilien lui répondait un quart d’heure plus tard en croisant parfaitement sa frappe pied gauche. Avant le chef d'œuvre. Face à trois Mancuniens, l’Auriverde éliminait d’abord Heinze d’un sombrero, puis s’emmenait le ballon de la tête entre le défenseur argentin et Wes Brown qui se téléscopaient, avant d’ajuster Van der Saar.
Dans un match impressionnant d’intensité, les Anglais recollaient grâce à Wayne Rooney. Les occasions pleuvaient sur la cage de Dida et au bout du temps additionnel, l’inévitable Rooney offrait la victoire aux siens. Loin de leur théâtre des rêves, les Red Devils allaient toutefois vivre un cauchemar au retour. Kaka s’offrait son dixième but de la compétition. Clarence Seedorf creusait l’écart avant que Gilardino n’ajoute un troisième but (3-0). Véritable correction. Sous une pluie battante, les rêves de sacre de Manchester étaient douchés par un grand Milan.
Dans un match impressionnant d’intensité, les Anglais recollaient grâce à Wayne Rooney. Les occasions pleuvaient sur la cage de Dida et au bout du temps additionnel, l’inévitable Rooney offrait la victoire aux siens. Loin de leur théâtre des rêves, les Red Devils allaient toutefois vivre un cauchemar au retour. Kaka s’offrait son dixième but de la compétition. Clarence Seedorf creusait l’écart avant que Gilardino n’ajoute un troisième but (3-0). Véritable correction. Sous une pluie battante, les rêves de sacre de Manchester étaient douchés par un grand Milan.
2007-08 : La folle prolongation de Chelsea-Liverpool
Choc coloré au parfum de Premier League pour l’édition 2007-08. Les Reds de Liverpool affrontaient les Blues de Chelsea dans un choc qui nous a plongé au bord de l’apoplexie. Pas de vainqueur à l’aller à Anfield, les joueurs d’Avram Grant arrachaient un nul précieux grâce à un malheureux but contre son camp de John-Arne Riise en fin de match alors que l’inépuisable Dirk Kuyt avait ouvert le score. Indécis de fond en comble, le match retour allait nous emmener jusqu’au bout de la nuit et du suspense à Stamford Bridge. Après une multitude d’occasions, Didier Drogba ouvrait le score dès la 33e minute. Fernando Torres lui répondait à l’heure de jeu. Au bout du temps réglementaire, aucune des deux ne s’étaient détachées et les 22 acteurs nous offraient 30 minutes de rab.
Et quelles minutes ! Les joueurs se livraient corps et âme dans la bataille. Michaël Essien pensait avoir redonné l’avantage aux Blues mais son but était refusé pour une position de hors-jeu. Dans la foulée, Michael Ballack obtenait un penalty. Franck Lampard le transformait et embrassait le brassard noir qu’il portait en hommage à sa mère, décédée une semaine plus tôt (98e). Tout un symbole pour le capitaine du navire bleu. L’insaisissable Drogba enfonçait le clou sept minutes plus tard. Mais Steven Gerrard et ses coéquipiers n’abdiquaient pas et Ryan Babel relançait le suspense d’une frappe lointaine mal repoussée par Petr Cech (117e). Les supporters londoniens retenaient leur souffle et pouvaient exploser de joie au coup de sifflet final.
2008-2009 : Chelsea-Barcelone, «Fucking Disgrace»
La Ligue des champions offre son lot de dramaturgies. Et parmi elles, la demi-finale opposant Chelsea à Barcelone fait incontestablement partie des plus controversées. Pas de vainqueur au match aller au Camp Nou, ni de but (0-0). Tout se jouera donc à Londres. Deux coups de canon ont retenti à Stamford Bridge au match retour. Le premier signé Michael Essien. Le Ghanéen envoyait une terrible reprise du gauche dans la lucarne de Victor Valdès dès la 8e minute. Le second d’Andrès Iniesta, dans les ultimes secondes de la rencontre. Un énorme coup de clim pour les Blues qui voyaient une finale qui leur tendait les bras leur passer sous le nez. Car les Londoniens auraient dû se mettre à l’abri. Malgré un carton rouge donné à Eric Abidal à la 66e minute, toutes les décisions de l’arbitre du match, Tom Henning Ovebro, étaient en défaveur des Blues.
Ils voyaient plusieurs penaltys flagrants ne pas être sifflés. On repense évidemment aux nombreuses fautes subies dans la surface par Didier Drogba et Nicolas Anelka, ou à la main flagrante de Gerard Piqué en pleine surface. Mais surtout, dans l’ultime action du match, Michael Ballack voyait sa reprise contrée par le bras décollé de Samuel Eto’o, sous les yeux de l’arbitre. Pas de penalty, et cette course folle et furieuse du milieu allemand sur l’arbitre norvégien. “It’s a fucking disgrace”, criait alors un Didier Drogba furibond devant les caméras à la fin du match. Chelsea et son attaquant ivoirien resteront à jamais marqués au fer rouge par ce scandale.
Iniesta climatise tout un stade sur une action qui restera gravée dans l’histoire, les Blues n’en reviennent pas, la malédiction sur cette compétition semble éternelle..
— MoreZanFootball (@MoreZanFootball) November 22, 2020
Les joueurs en ont après l’arbitre, Drogba sort son fameux « It’s a disgrace ! ». pic.twitter.com/Vdx4y2vzt2
2009-10 : Inter-Barça, le chef d'oeuvre tactique de Mourinho
Tacles rugueux, maillot déchiré, carton rouge. La tension était très palpable lors du match retour entre l’Inter et le Barça au Camp Nou. Une opposition qui voyait notamment les retrouvailles entre Samuel Eto’o, échangé contre Zlatan Ibrahimovic, et son ancienne formation. Lors du premier affrontement à Giuseppe Meazza, les Italiens, pourtant rapidement menés au score, passaient trois buts aux Catalans grâce à Wesley Sneijder, Maicon et Diego Milito (3-1). Il fallait pour Pep Guardiola et ses hommes inscrire deux buts. Sauf qu’en face, José Mourinho avait un plan parfaitement ficelé pour contrecarrer les offensives barcelonaises. Et ce en dépit de l’exclusion prématurée de Thiago Motta à la 24e minute.
Solidaires, les Interistes montraient un dévouement et un sens du sacrifice sans faille, à l’image d’un Samuel Eto’o quasiment arrière gauche, pour réaliser l’une des partitions défensives les plus impressionnantes à ce stade de la compétition. Le but de Gerard Piqué en fin de match ne changeait rien (1-0), malgré une atmosphère suffocante dans un Camp Nou bouillant en fin de match, l’Inter tenait bon et filait en finale. Et à Mourinho d’exulter en courant sur la pelouse, doigt levé vers le ciel. «C’est la plus belle défaite de ma vie» concédait-il après le match. Un peu plus près de l’étoile ce soir-là, les Interistes finiront par la soulever quelques semaines plus tard face au Bayern.

José Mourinho vient parasiter les consignes données par Pep Guardiola à Zlatan Ibrahimovic (L'Equipe)
2011-12 : L'exploit de Chelsea face au Barça
Une demi-finale au parfum de revanche pour les Blues. Trois ans après l’injustice face aux Catalans, Chelsea affrontait le champion d’Europe en titre pour une place en finale à Munich. Et 180 minutes durant, la défense des Londoniens allait plier sans jamais se rompre. Mieux que de résister, Chelsea surprenait les Catalans lors du match aller à Stamford Bridge (1-0) grâce à Didier Drogba. Ultra dominateurs, les Blaugrana trouvaient la faille par Sergio Busquets avant de voir John Terry prendre un carton rouge direct pour un coup de genou dans le dos d’Alexis Sanchez. La fin de première mi-temps tournait au cauchemar pour les Blues qui concédaient un deuxième but par Andrés Iniesta. Alors qu’on pensait que le vent avait définitivement tourné dans cette double-confrontation, Ramires réduisait le score juste avant la pause. Les hommes de Roberto Di Matteo allaient souffrir toute la seconde période face à des Blaugrana à l’abordage. Mais dans les ultimes secondes, Fernando Torres partait seul, effaçait Victor Valdes et scellait la qualification des Blues (2-2). Un exploit monumental pour la troupe de Di Matteo, qui remportera la coupe aux grandes oreilles aux tirs au but face au Bayern en finale.
2012-13 : Bayern-Barcelone, ou quand le football total surpasse le tiki taka
Certaines demi-finales ont tenu les spectateurs et téléspectateurs en haleine jusqu’à la dernière seconde. Celle-ci n’en fait pas partie. Dans une opposition de style entre le football total pratiqué par Jupp Heynckes et Pep Guardiola, adepte du tiki taka qui a tant fait le succès du FC Barcelone, la confrontation a marqué une véritable rupture tant les Allemands ont surpassé les Espagnols dans tous les domaines. Dans leur Allianz Arena, les Bavarois collent une fessée aux Catalans (4-0) grâce à un doublé de Müller et des buts de Gomez et Gotze. Au retour, c’est presque le même tarif pour les hommes de Guardiola (0-3) avec des réalisations de Robben, Müller et Piqué contre son camp. 7-0 sur les deux matches, un récital allemand en deux actes, le Barça a pris l’eau comme rarement dans son histoire face à une équipe nettement supérieure qui soulèvera le trophée quelques semaines plus tard.
2012-13 : Real-Dortmund, Lewandowski serial-killer
La saison 2012-13 marquait l’émergence de ce qui sera par la suite l’un des plus grands tueurs du football de l’ère moderne. En ce soir de demi-finale entre le Borussia Dortmund, équipe sensation en Europe, et le Real Madrid, Robert Lewandowski décidait de montrer à la planète football son instinct de buteur. Au Signal Iduna Park, l’attaquant polonais, en état de grâce, a humilié les Madrilènes en inscrivant un quadruplé (4-1) ! La réduction du score de Cristiano Ronaldo semblait anecdotique mais allait nous offrir une fin de match dantesque au retour. Les joueurs de Mourinho mettaient beaucoup d’intensité dès le début du match mais manquaient de réalisme. Karim Benzema, entré en jeu, relançait un peu le suspense en fin de match (82e).
Le capitaine, Sergio Ramos, inscrivait un deuxième but qui enflammait Bernabeu (88e). Il ne manquait qu’un petit but aux Madrilènes pour réaliser l’exploit, mais Ramos manquait le cadre dans les ultimes secondes. Le Borussia avait eu peur et pouvait remercier son gardien, Roman Weidenfeller, et surtout son serial-buteur, Robert Lewandowski. Au lendemain de la terrible gifle infligée par les Bavarois au Barça, la victoire de Klopp et sa bande accentuait un peu plus la domination du football allemand sur l’Espagne. Pour la première fois de l’histoire, deux clubs allemands allaient s’affronter en finale de la Ligue des champions.
Le capitaine, Sergio Ramos, inscrivait un deuxième but qui enflammait Bernabeu (88e). Il ne manquait qu’un petit but aux Madrilènes pour réaliser l’exploit, mais Ramos manquait le cadre dans les ultimes secondes. Le Borussia avait eu peur et pouvait remercier son gardien, Roman Weidenfeller, et surtout son serial-buteur, Robert Lewandowski. Au lendemain de la terrible gifle infligée par les Bavarois au Barça, la victoire de Klopp et sa bande accentuait un peu plus la domination du football allemand sur l’Espagne. Pour la première fois de l’histoire, deux clubs allemands allaient s’affronter en finale de la Ligue des champions.

Robert Lewandowski humilie le Real en inscrivant un historique quadruplé (WOLFGANG RATTAY/Reuters)
2018-19 : La remontada façon Liverpool
Quelques années après avoir traumatisé le PSG lors d’une folle remontade, le FC Barcelone a cette fois-ci été la victime d’un scénario renversant. A l’aller, Messi et ses coéquipiers ont balayé les Reds (3-0) grâce à un but de Luis Suarez et un doublé de la Pulga. Rien ne semblait pouvoir priver le Barça d’une finale, mais s’il y a bien une équipe capable d’exploit en Ligue des champions, c’est bien Liverpool. Les joueurs de Jürgen Klopp allaient réussir un improbable retour à Anfield. Les bourreaux des Blaugrana se nommaient Georginio Wijnaldum et Divock Origi. Le Belge ouvrait le score dès la 7e minute en reprenant un ballon repoussé par Ter Stegen. Il n’en fallait pas plus pour transformer Anfield en véritable volcan. Le brouhaha montait d’un cran lorsque le milieu batave, fraîchement entré en jeu, marquait coup sur coup les 2e et 3e buts (54e et 56e). Porté par leurs supporters en fusion, les Reds arrachaient le but de la qualification à la 79e minute par l’intermédiaire d’Origi, véritable héros. Une demi-finale hallucinante, d’autant plus lorsque l’on sait que Liverpool a soulevé le trophée par la suite.
Corentin Richard