Soccer Football - Europa League - Round of 32 First Leg - Lille v Ajax Amsterdam - Stade Pierre-Mauroy, Lille, France - February 18, 2021 Lille's Renato Sanches in action REUTERS/Pascal Rossignol (Reuters)

Ligue Europa : vu du stade, les quatre leçons de Lille - Ajax Amsterdam

Un possible braquage qui s'est transformé en défaite très logique, malgré une pointe d'amertume autour du penalty néerlandais. Face à l'Ajax, Lille a compromis sérieusement ses chances de voir plus loin dans cette Ligue Europa. Voici ce que FF en a retenu.

Il paraît que le mot du soir était Persévérance. Après avoir cru un moment l'emporter à la surprise générale, le LOSC a donc fini par redescendre sur Terre. La persévérance de l'Ajax a payé, et c'est finalement le football qui l'a emporté à Pierre-Mauroy. Même si la décision plus que litigieuse de la VAR et du corps arbitral d'accorder le penalty du 1-1 a évidemment tout changé. Entre le leader du Championnat néerlandais et le leader de la Ligue 1, la différence de niveau a été tout de même assez criante. Et pour Lille, pas certain du tout de voir Mars dans cette Ligue Europa...

L'Ajax, c'est football

Un truisme est selon le Larousse une vérité banale, si évidente qu'elle ne mériterait pas d'être énoncée. Ainsi, rapprocher les termes Ajax et football est une forme de truisme. À Villeneuve-d'Ascq, il y a eu ce doux plaisir de voir une nouvelle fois le football sauce Ajax. Il n'a pas tout bien fait, mais après un début de match à jauger le bloc de Christophe Galtier, la machine s'est mise en marche. À chaque ligne, même sans André Onana, Quincy Promes, Ryan Gravenberch ou même Sébastien Haller, l'Ajax a récité sa partition dans le sillage d'un Daley Blind absolument partout et à qui il n'a manqué qu'un but, lui qui voyait le cadre se dérober (64e). Sur le reculoir quand il fallait installer le jeu dans le 4-2-3-1 d'Erik ten Hag qui se transformait quasiment en 3-4-3 au moment de construire, à la surveillance de Renato Sanches, à l'initiative de certaines passes dangereuses, le gaucher de 30 ans a incarné la classe néerlandaise. Regardez l'avant-dernière passe de Davy Klaassen sur le but du 2-1, regardez un Lisandro Martinez seulement à l'envers en début de seconde période sur une perte de balle face à Timothy Weah mais autrement très solide et soyeux.
 
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Les failles néerlandaises

À voir le niveau dévoilé face à Boubakary Soumaré et ses coéquipiers, on se disait aisément qu'on aurait davantage voulu voir l'Ajax évoluer le mardi ou le mercredi avec les plus grands d’Europe. Mais la faillite de Nicolas Tagliafico pour offrir l'ouverture du score à Timothy Weah nous a aussi rappelé pourquoi l'Ajax avait échoué à la troisième place du groupe D de Ligue des champions derrière Liverpool et l'Atalanta. Les erreurs individuelles coûtent trop cher. Entre septembre et décembre, on se souvient de l'approximation du même Tagliafico, qui marquait contre son camp pour offrir la victoire à Liverpool. Puis celle d'André Onana, toujours face aux Reds, cette fois à Anfield. Choses qu'on ne voyait pas forcément au moment de l'incroyable parcours de la formation amstellodamoise en 2018-19 (demi-finaliste de la C1). Reste qu'avec de tels états de services, et en gommant de petites approximations, si certains en doutaient, l'Ajax postule sans problème à la victoire finale en Ligue Europa. Compétition qu'elle a remportée en 1992 avant de tomber en finale en 2017 face à Manchester United.

André, le chaînon vraiment manquant

Ce LOSC, au-delà d'avoir il est vrai déçu dans l'ensemble, malgré une discipline de fer et une organisation quasi sans faille dans le premier acte qui pouvait faire espérer, a semblé manquer d'une âme, d'un vrai patron pour insuffler autre chose et tenir. S'il sera là au retour, Benjamin André, suspendu pour la réception de l'Ajax, a énormément manqué. Son absence s'est fait ressentir très rapidement, notamment autour du rôle et donc de l'impact de Renato Sanches (voir ci-dessous). Boubakary Soumaré a bien colmaté certaines brèches, mais l'abattage, la quantité de travail, les bonnes sorties de l'ancien Rennais auraient clairement fait du bien. Il aurait également certainement davantage tenu la distance que certains de ses coéquipiers. Car on se doit de la signaler : à force de courir, courir et encore courir après la balle, Lille a fini exténué et les événements de la fin de partie sont aussi une conséquence de cela. Le constat autour de Benjamin André est à peu près similaire pour Burak Yilmaz, qui a également brillé par son absence. La carcasse du Turc aurait certainement davantage mis sous pression une arrière-garde qui a finalement été plutôt tranquille.

Yazici-Sanches, au rendez-vous des déceptions

Toute l'Europe les avait logiquement encensés lors de la phase de poules au moment où les Dogues étaient allés dévorer le Milan AC de Zlatan Ibrahimovic à San Siro. L'un avait fait de la Ligue Europa son jouet (6 buts en 6 matches), l'autre apportait la touche de classe en plus pour rendre l'ensemble encore meilleur. Et ce seizième de finale aller était un vrai test pour Yusuf Yazici et Renato Sanches. Au final, la déception est très grande. Même si les cas sont différents. On aurait tendance à être déçu de la prestation du Turc et davantage frustré par celle de son coéquipier portugais. Sorti sans gloire dès la 62e par Christophe Galtier alors que l'entraîneur des Dogues avait tenté de faire permuter son numéro 12 avec Timothy Weah, Yazici n'a que trop peu existé. Un simple double contact sans suite (10e), et puis c'est tout concernant son bilan offensif. Il faut dire qu'Edson Alvarez jouait les surveillants bien attentifs. Dans une première période où l'Ajax a confisqué le cuir, Yazici a défendu un temps, avant de se lasser et de moins faire les efforts. Jusqu'à s'agacer et récolter un carton jaune (40e).

De l'agacement, Renato Sanches en a également montré. De retour depuis quelques matches, le champion d'Europe 2016 peine encore à retrouver son véritable niveau. Ce grand rendez-vous aurait pu ressembler à ce nouveau départ attendu. Au bout du compte, noté 3 par FF, l'ancien du Bayern a dû s'employer défensivement et n'a jamais vraiment eu l'occasion de s'illustrer dans ce qu'il sait faire le mieux. Très souvent cherché par ses copains dès lors que le ballon était récupéré, Renato Sanches voyait une meute de chiens de garde se précipiter sur lui pour rapidement l'étouffer. Illustration lors de cette 68e minute où ce sont trois Ajacides qui fonçaient sur lui pour l'arrêter. Injouable. Sa seule réelle opportunité fut juste avant la pause sur la première approximation néerlandaise au centre du terrain. Et s'il servait Weah, Tagliafico revenait superbement (45e). C'est tout, et c'est bien maigre, bien entendu. Car pour le reste, Sanches a raté des choses faciles comme ce contrôle tout bête pour lui (45e) et a surtout concédé le penalty fatal aux siens. Avant d'être complètement déboussolé et de bâcler sa fin de match à l'image de ce coup franc manqué à l'entame du temps additionnel.

Timothé Crépin, au stade Pierre-Mauroy