Manchester City : La story de Ruben Dias
De sa longue histoire au Benfica à cette arrivée fracassante à Manchester City, retour sur le parcours de celui qui n'a pas eu besoin de temps pour s'imposer comme le patron incontesté de la meilleure défense d'Europe cette saison.
68 millions d’euros. La somme déboursée par Manchester City pour se payer les services de Ruben Dias était celle d’un défenseur de très haut standing. Mais le passif des opérations des Citizens dans ce secteur obligeait à la retenue. Eliaquim Mangala, John Stones, Nicolas Otamendi, Aymeric Laporte ou même Nathan Aké : les dirigeants mancuniens ont accumulé, en vain, les achats astronomiques ces dernières années. En quête d’un défenseur central capable de stabiliser une défense trop souvent prise à revers. L’arrivée du Portugais fin septembre 2020 s’inscrivait dans cette logique. Et il a suffi d’une poignée de matches pour constater que le défenseur, alors âgé de 23 ans, n’était pas taillé dans le même bois que ses décevants prédécesseurs. Huit mois plus tard, Manchester City peut se targuer d’être la meilleure défense d’Angleterre et d’Europe. Une ascension exceptionnelle pour Dias qui trouve sa source à Lisbonne et au Benfica, club qui a vu grandir le garçon.
Leader en gestation
Ses premiers ballons, Ruben Dias les touche à Amadora, sa commune de naissance, au nord de Lisbonne. A quelques encablures de l'Estadio da Luz, il intègre l’Estrela da Amadora, son tout premier club. Deux ans lui suffisent pour taper dans l’œil du grand voisin Benfica dont il intègre l’académie en 2008, à 11 ans. Le début d’une formation de plus d’une décennie, au cours de laquelle Dias progresse constamment et s’affirme comme un patron en devenir. En 2014, il participe à l’Euro U17 à Malte avec sa sélection. La compétition s’arrête au stade des demi-finales contre l’Angleterre. Deux ans plus tard, Ruben Dias est cette fois capitaine des Portugais à l’Euro U19. Là encore, l’aventure prend fin aux portes de la finale, contre les Bleuets d’un certain Kylian Mbappé auteur d’un doublé. Pour la saison 2016-17, les jeunes du Benfica signent une magnifique campagne en Youth League. Après s’être offert le PSV en huitièmes, le CSKA Moscou en quarts et le Real Madrid en demi-finales, les Portugais rejoignent le RB Salzbourg en finale. Mais ils manquent la dernière marche et s’inclinent contre les Autrichiens. Dans la foulée de cette déconvenue, Dias est de nouveau capitaine de la sélection pour le Mondial U20. Le Portugal quitte la compétition sur une cruelle séance de tirs au but contre l’Uruguay en quarts. Peu importe. Fort de ce statut de leader de sa génération et d’un bagage déjà riche dans toutes les catégories, le défenseur de 20 ans intègre le groupe pro du Benfica pour entamer la saison 2017-18.
Taulier du Benfica
Estes são os nossos convocados para o Mundial! #ConquistaOSonho
— Portugal (@selecaoportugal) May 17, 2018
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Cette première année XXL chez les pros attire les regards. Et c’est l’OL qui se montre le plus offrant pour s’offrir les services du défenseur portugais. Longtemps annoncé entre Rhône et Saône, Ruben Dias ne bougera finalement pas. Les dirigeants du Benfica ne cèdent pas et l’OL ne lâche pas les 45 millions d'euros de sa clause libératoire. Si bien que fin août, le tout jeune international portugais prolonge même son contrat jusqu’en juin 2023. Décision judicieuse. Bien aidés par l’arrivée en pro de Joao Félix, les Aigles réalisent un exercice 2018-19 de haute volée. Et leur défenseur s’affirme toujours plus comme un taulier. C’est simple, Dias ne manque que deux rencontres de Championnat (pour cause de suspension) et trouve le moyen de marquer dans le derby contre le Sporting début février (4-2). Avec lui, Benfica dispose de la deuxième meilleure défense du pays et arrache le titre à Porto. En sélection aussi, le défenseur prend une autre dimension. Appelé à chaque rassemblement cette saison-là, il prend la place de José Fonte en charnière centrale aux côtés de Pepe. Une place de titulaire qu’il ne quitte pas de l’année, jusqu’à la finale de Ligue des nations remportée face aux Pays-Bas (1-0). L’exercice 2019-20 de l’enfant du club est du même acabit. 33 matches joués sur 34 possibles en Championnat, jamais remplacé en cours de match et un statut incontesté. Sur le plan collectif, Benfica glane une Supercoupe du Portugal mais cède son trône de champion. A 23 ans, Ruben Dias a montré une constance rare pour un si jeune joueur au plus haut niveau. En quête d’un défenseur central après un début de saison 2020-21 très compliqué en Premier League, Manchester City vient frapper à la porte.
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— Manchester City (@ManCity) September 29, 2020
Welcome Ruben Dias to City!
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La pièce manquante du City de Guardiola
Relégué par le peloton de tête en Championnat, Manchester City se remet progressivement à l’endroit grâce à son nouvel élément et aux réajustements de son entraîneur. Avant de se lancer dans une série légendaire. Entre fin novembre et début mars, les Citizens enchaînent 17 victoires en 19 journées pour seulement… six buts encaissés. Toujours aussi inspirée offensivement, l’escouade de Guardiola est devenue une forteresse difficile à bouger. A l’image de sa recrue devenue en quelques semaines la pierre angulaire de cette stabilité nouvelle. Costaud, rapide, concentré et leader vocal, Ruben Dias crève l’écran. Et répond toujours présent même dans une saison d’une densité folle. «Nous connaissions sa qualité sur le terrain. Nous connaissions sa personnalité, mais bien sûr, nous sommes impressionnés par la mentalité et le physique qu'il faut avoir pour jouer tous les trois jours», se félicite d’ailleurs son entraîneur en janvier. Tombé de son trône la saison précédente, City engloutit la concurrence en Premier League et tue le suspense. En Europe, le parcours est de la même veine. Un seul petit but encaissé dans une phase de groupes survolée. Aucun en huitièmes, deux en quarts contre Dortmund et un seul contre le PSG en demi-finales. Le total (quatre buts encaissés en 12 matches) a de quoi faire pâlir. Au match aller au Parc des Princes, Ruben Dias sort une prestation XXL pour éteindre la quasi-totalité des incursions parisiennes. Très attendu dans sa gestion de la profondeur face à Mbappé et consorts, City répond présent et se montre imperméable dans tous les domaines. En finale de Ligue des champions pour la première fois de leur histoire, dix ans après la dernière de leur entraîneur, les Skyblues pourront compter sur une défense en acier pour renverser Chelsea. Et sur un Ruben Dias qui ne surprend plus personne.
Quentin Coldefy