26 December 2017 - Premier League - Tottenham Hotspur v Southampton - Harry Kane of Tottenham Hotspur celebrates scoring his record breaking goal - Photo: Marc Atkins/Offside *** Local Caption *** (Marc Atkins/OFFSIDE/PRESSE SPO/PRESSE SPORTS)

Mercato : le top 100 des joueurs les plus chers, comment ça marche ?

Le CIES a dévoilé lundi son classement des joueurs les mieux évalués de la planète. Et devant Neymar, Mbappé ou Messi, c'est Harry Kane, à la surprise générale, qui truste le haut du classement. Mais au fait, comment ça marche ?

Harry Kane vaut donc 201,2 millions d’euros, et il est le joueur le plus cher du moment. C’est du moins ce qu’annonce le CIES, le centre international d’étude du sport, aussi appelé observatoire du football, ce lundi. La résultante de nombreuses analyses, poussées grâce à un algorithme et des données récoltées depuis des années, de la moindre passe décisive à la petite blessure. Pour FranceFootball.fr, Raffaele Poli détaille la méthode de l’institution qu’il dirige. «La première approche, c’est de récolter les informations des anciens transferts et de les associer à un certain nombre de caractéristiques. Le club qui peut potentiellement acheter le joueur influence énormément le prix. Un joueur comme Griezmann, il va intéresser de grands clubs, dont ça augmente sa valeur. Puis il y a évidemment l’âge, la durée du contrat et les performances individuelles. Tout cela rentre en compte, même les sélections. Un international français, ça vaut évidemment plus que s’il était écossais par exemple… Et c’est la même chose pour son club. Liverpool valorise plus que West Bromwich Albion et la donnée qui est aussi importante, c’est le prix d’achat : un joueur qui vient d’être acheté 100 millions, le club ne va pas le laisser partir pour moins. Donc ça booste sa valeur.»

Autre élément incontournable, le poste. Mis à part le transfert de Paul Pogba de la Juventus à Manchester United à l’été 2016 pour 105 millions d’euros, l’intégralité du top 10 des transactions les plus chères de l’histoire regroupe des attaquants. De Neymar à Mbappé en passant par Bale, Higuain ou Ronaldo, les offensifs sont évidemment les joueurs les plus bankables, ceux pour qui les clubs sont disposés à faire des folies. «Il y a une prime à l’attaquant car l’équation prend en compte les buts, confirme Raffaele Poli. Il n’est pas si différent que les autres joueurs, mais c’est vrai que c’est un bonus très important pour la valeur du joueur.» Et ce n’est pas pour rien qu’Harry Kane, 24 ans, sous contrat jusqu’en 2022 et buteur à 167 reprises (dont 108 buts en Premier League en 153 matches et 9 réalisations en C1 en 10 rencontres) au cours de sa jeune carrière, est le plus valorisé d’entre tous…

La cuvée 2018 entre inflation et Coupe du monde

C’est l’année où tout peut s’emballer. Après les transferts pharaoniques de Neymar et Mbappé la saison dernière, les planètes sont alignées pour que tout s’accélère. Entre la compétition la plus importante du monde et les marchés anglais et italiens raccourcis, c’est autant de raisons de penser que le mercato 2018 va se rythmer de chèques à neuf chiffres, même si le phénomène n’a évidemment rien de nouveau. «Aujourd’hui, un même joueur vaut le double qu’il y a cinq ans, analyse Raffaele Poli, attentif au moindre mouvement du marché. Celui qu’on payait 50 millions, il part maintenant pour 100. Et au CIES, on est toujours un peu en dessous car il y a, chaque année, une inflation qui va de 10 à 15%. Chaque mercato amène sa petite augmentation. On ne peut jamais prédire de combien, mais cet été, je m’attends à de nouveaux records. Peut-être pas celui de Neymar, mais on peut s’en approcher.»

Et la Coupe du monde, épicentre médiatique du 14 juin au 15 juillet, n’y sera évidemment pas étrangère. Entre les confirmations et les révélations, nombre de destins vont se jouer en Russie et les performances sportives des joueurs passeront forcément au crible des directeurs sportifs du monde entier. Pour Raffaele Poli, les jeunes joueurs en sont le plus impactés : «Certains jeunes peuvent valoir 2 millions et une saison plus tard, 100 millions. Le cas Mbappé est vraiment emblématique de cela. Et si ces jeunes marquent et aident leur équipe à performer à la Coupe du monde, cela va avoir un gros impact sur leur valeur. Sur les joueurs déjà célèbres, cela ne va pas trop varier, c’est surtout pour ceux qui vont se révéler.»

Quant à la fiabilité des valeurs de CIES et leur confirmation lors des transferts, le directeur de l’observatoire situé à Neuchâtel en Suisse assure qu’elles se confirment régulièrement, malgré quelques nuances : «Il y a des joueurs surpayés et sous-payés par rapport à notre algorithme. Fabinho vient de signer à Liverpool pour 55 millions alors que nous l’estimons à 75. Après, il y a peut-être des millions de commission pour son agent (Jorge Mendes, ndlr), mais ça, on ne peut pas le savoir. Et à l’inverse, un joueur comme Carillo, parti à Southampton par le même réseau, on l’avait estimé à 7 et il part pour 20… Mais malgré cela, en général, il y a une certaine rationalité. Les clubs peuvent surpayés mais essayent de ne pas faire n’importe quoi.» Dans tous les cas, le grand feuilleton de l’été sera encore le marché des transferts. Et dès l’ouverture de ce dernier ce samedi, agents, joueurs, présidents et clubs seront déjà tous dans les starting-blocks…

«Aujourd'hui, un même joueur vaut le double qu'il y a cinq ans. Celui qu'on payait 50 millions, il part maintenant pour 100.»

Antoine Bourlon