27th September 2020 - Premier League - Manchester City v Leicester City - Nampalys Mendy of Leicester - Photo: Simon Stacpoole / Offside. *** Local Caption *** (Simon Stacpoole/OFFSIDE/PRESSE/PRESSE SPORTS)
Nampalys Mendy (Leicester) : «Le foot, c'est très, très aléatoire»
Enfin ! A 28 ans, Nampalys Mendy accomplit enfin ses rêves de Premier League après avoir tant galéré à ses débuts outre-Manche. Et cette saison, c'est l'éclate avec un Leicester sur le podium et qui se mêle toujours plus aux mastodontes anglais. L'ancien milieu du Gym raconte.
«Nampalys, c'est parti pour le Boxing Day et les matches pendant les fêtes en Angleterre. Une période, on l'imagine, toujours particulière...
On a la chance d'exercer un métier qui est avant tout une passion. Après, c'est vrai que nous, Français, et moi, j'ai toujours eu l'habitude de faire les fêtes de Noël avec ma famille. Là, ce n'est pas le cas. Cela fait plusieurs années que je suis là, j'ai pris l'habitude. Mais c'est dommage que les familles et les supporters ne puissent pas avoir accès aux stades. Ça, c'est vrai que ce sera un grand changement cette année dans ces fêtes de Noël. Personnellement, cette année aura été très particulière. En tant que footballeur, je n'aurais jamais pensé vivre ces situations de jouer sans supporter, faire des tests de Covid chaque semaine... C'était une année assez éprouvante physiquement et mentalement. Mais on n'a pas le choix : il faut s'y faire et rester concentré. J'espère qu'on aura de beaux jours devant nous.
«Le cadeau de Noël du coach ? Avoir de bons résultats»
Qu'est-ce qui change vraiment au moment de ces fêtes et de ces matches de fin d'année ?
L'atmosphère. On sait que c'est Noël, les gens mettent des pancartes "Merry Christmas", etc. C'est chaleureux. Dans cette période-là, on sait qu'on est pratiquement les seuls à jouer dans le monde. C'est encore plus excitant. Les regards sont braqués sur nous. On a l'envie de bien faire. Et il y a surtout l'enchaînement des matches. On joue le 26, puis le 28 : je n'aimerais pas être à la place du coach parce que ce sont des situations difficiles à gérer...
Un petit cadeau est prévu pour le coach ?
Ce serait bien qu'on gagne ! Ce serait ça son cadeau : avoir de bons résultats.
Le 27 septembre dernier, votre équipe de Leicester va claquer un incroyable 5-2 à Manchester City, sur la pelouse de l'Etihad Stadium. Est-ce le match qui symbolise votre très belle forme personnelle et collective ?
Oui, c'est vrai que c'était une grosse performance de notre part. City était aussi peut-être moins bien. Depuis ce match-là, on est sur une certaine continuité. On est un groupe qui vit bien. Les gens mettent leur ego de côté pour essayer d'aider le collectif au maximum. C'est pour ça qu'on a de bons résultats. Après, personnellement, il y a d'autres matches où ça s'est très bien passé. Après, oui, Manchester City, c'était très regardé. Il faut être bon à tous les matches ! Etre le plus régulier possible.
Septembre dernier : le Manchester City de Raheem Sterling totalement impuissant face au Leicester de Nampalys Mendy et de Youri Tielemans. (Simon Stacpoole/OFFSIDE/PRESSE/PRESSE SPORTS)
La question des ego que vous évoquez, c'est quelque chose que vous aviez déjà ressenti dans le passé ?
Non, le style Leicester, c'est un club où les gens ne se prennent pas la tête. Depuis que je suis ici, ç'a toujours été l'état d'esprit du club, de l'équipe. C'est vraiment ça ! C'est très, très simple. Un club très familial, qui essaie d'aider. A l'image de club comme l'OGC Nice (NDLR : Où il a évolué entre 2013 et 2016 puis entre 2017 et 2018). Quand j'étais un nouveau joueur, les gens essayaient de m'aider, de m'intégrer le mieux possible. Après, sur le terrain, quand vous avez un joueur comme Jamie Vardy... Quand vous le côtoyez tous les jours, c'est une personne très simple. Et c'est aussi la première personne qui est prête à courir comme un fou malade, qui fait des pressings tout le match et qui ne s'arrête pas. Quand un joueur comme ça fait ce genre d'efforts, il montre la voie. Jamie Vardy est un coéquipier très cool. Il a la joie de vivre, il essaie de mettre tout le monde à l'aise. Il pense toujours au collectif avant lui-même.
Diriez-vous que vous êtes enfin en train de savourer votre aventure anglaise ?
Oui, oui. Franchement oui. Je savoure complètement. Dommage qu'il n'y a pas les supporters pour pouvoir encore mieux savourer ces événements. Je savoure, j'ai du temps de jeu, je peux m'exprimer, je joue dans un Championnat très compliqué. C'est si excitant. C'est vachement resséré à tous les niveaux. Quand on regarde le classement, on voit que tout le monde peut jouer les premiers rôles. Donc, oui, je suis très épanoui en ce moment. Il fallait que ces problèmes physiques soient derrière moi. Il y a aussi l'adaptation et l'intégration dans la vie de tous les jours. Comme par exemple au niveau de la langue. Aujourd'hui, ça va beaucoup mieux parce que je parle et je comprends mieux. Et j'ai des coéquipiers comme Ricardo Pereira avec qui j'ai évolué à Nice. La vie est beaucoup plus facile quand on est aidé.
«Jamie Vardy est la première personne qui est prête à courir comme un fou malade, qui fait des pressings tout le match et qui ne s'arrête pas.»
«Je peux avancer tranquillement»
Etre un titulaire, avoir de bonnes performances... Cette période, vous l'avez longtemps attendu...
Oui, énormément. Je peux m'exprimer à 100%. Quand je suis arrivé ici, j'ai eu quelques pépins physiques. C'était assez difficile pour moi d'avoir du temps de jeu (NDLR : Il dispute 4 matches de Premier League en 2016-17 lors de sa première saison, avant d'être envoyé en prêt à Nice. En 2019-20, il a pris part à sept rencontres.) Aujourd'hui, c'est derrière moi et je peux avancer tranquillement.
Quel a été le déclic ?
Franchement, il n'y a pas trop eu de déclic. Je ne sais pas, je n'ai pas vraiment fait attention. C'est surtout mon état de santé. Depuis que je me sens bien, que j'ai retrouvé mes facultés, depuis que j'ai retrouvé ce qui fait mes points forts, c'est-à-dire bien me retourner, être vif sur le premier pas... Depuis que j'ai retrouvé ça, ça va beaucoup mieux. Découvrir un nouveau pays, un nouveau Championnat... Certains joueurs ont besoin d'un temps d'adaptation. Je pense que ç'a été mon cas. Maintenant, je me sens très, très bien. Je m'entends bien avec tous mes coéquipiers : je ne peux que m'épanouir sur le terrain.
Dans votre cas, puisqu'elles vous ont marqué, est-ce qu'on craint encore les blessures aujourd'hui ?
Au début, oui, j'en avais peur. Maintenant, ça fait un moment que je joue sans qu'il ne m'arrive rien. On finit par oublier. Et il faut oublier ! Il faut laisser ça derrière soi et avancer. Quand on y repense, souvent, on joue dans la retenue.
Les exigences de la Premier League ont-elles également été compliquées à appréhender ?
En Premier League, il faut surtout s'adapter au rythme, parce que ça va vachement vite, box to box, ça ne s'arrête quasiment pas. Des fois, tu vas jouer contre différents types d'équipes, qui vont davantage jouer direct, avec des longs ballons. Donc, oui, je pense que c'est surtout le rythme et l'enchaînement des matches.
Vous vous y êtes fait facilement ou vous vous rendez compte que ç'a été dur ?
Facilement, non, je ne pense pas, ou sinon je jouerais depuis un moment... Donc, non, pas facilement, mais aujourd'hui, je m'y suis fait. Franchement, dans ma tête, je n'ai pas calculé. Cela passe tellement vite. Les années passent tellement vite que je n'ai pas vraiment fait attention à ça.
«En Premier League, il faut surtout s'adapter au rythme, parce que ça va vachement vite, box to box, ça ne s'arrête quasiment pas.»
Pour y croire, comme vous disiez précédemment, il faut aussi avoir un coach qui compte sur vous : comment Brendan Rodgers vous a "drivé" ?
C'est vrai qu'il faut avoir un coach qui croit en nous, mais il faut aussi montrer au coach qu'il peut croire en nous. Le truc, c'est d'être bon, au bon moment, ne pas avoir de regret, tout donner, et ensuite c'est le coach...
La méthode Brendan Rodgers en trois mots, c'est quoi ?
Je vais essayer de faire ça en un mot... (Il réfléchit.) Il est vachement dans le détail. Tactiquement, on travaille beaucoup avant les matches. Il prédit quelque chose, il nous dit : "Soyez attentifs à ça..." Et quand on l'écoute, ça se passe plutôt bien.
Champion en 2016, de plus en plus au contact des "grosses" équipes. Comment appréciez-vous la progression de Leicester ?
On est un club qui est en train de grandir, qui se développe chaque année. Cela se voit au niveau du classement : le club progresse, tente de gagner une place, deux places... De l'extérieur, il a une autre image, il a une belle image, je pense. Après le top 6, top 7, je pense qu'on n'est pas très loin. Il n'a pas fini de grandir.
«Le truc, c'est de rester toujours sur sa ligne de conduite»
Le foot va vite... Il y a trois ans, vous ne jouiez pas, aujourd'hui, on vous compare à N'Golo Kanté.
Le fait d'enchaîner les matches, c'est exceptionnel. Le foot, c'est très, très aléatoire. Le truc, c'est de rester toujours sur sa ligne de conduite, de bien travailler, ne jamais rien lâcher, toujours y croire. Aujourd'hui, je peux en voir le résultat.
Qu'est-ce qui font les bons ingrédients de Nampalys Mendy aujourd'hui ?
(Il sourit.) Franchement, j'ai du mal à répondre à ce genre de questions. Je ne sais pas... On va dire mon dynamisme.
Et qu'avez-vous envie de viser pour progresser toujours plus ?
Etre beaucoup plus décisif... Marquer des buts, faire des passes décisives. Je veux progresser là-dessus et c'est ce que je m'efforce de faire et de travailler.
Il est pour quand, ce premier but en Premier League ?
Je ne sais pas du tout... (Il sourit.) Je commence à me dire qu'il ne faut même plus que je l'attende ! On verra quand il viendra.
Avant les matches des fêtes, Nampalys Mendy a disputé 13 des 14 rencontres du Leicester de Brendan Rodgers en Premier League cette saison. (Reuters)
«Leicester n'a pas fini de grandir.»
«Depuis 1999, Manchester est devenu mon équipe»
Parle-t-on déjà d'ambition pour cette saison ?
C'est encore trop tôt pour parler de ça. On est juste à la moitié de la saison. On va enchaîner beaucoup de matches. Il ne faut pas trop s'enflammer, et on verra ce qu'il se passe à la fin. Mais il faut aussi être conscients qu'on a du potentiel. Il faut croire en nous.
On a envie de finir sur vos souvenirs de Premier League. Le jeune Mendy avait-il les yeux grands ouverts plus jeune devant sa télévision ?
La Premier League, ça ne date pas d'aujourd'hui ! C'a toujours été un Championnat agréable à regarder parce qu'on sait qu'on ne va pas s'ennuyer. Quand j'étais jeune, je supportais Manchester United : c'était le gros Manchester de Sir Alex Ferguson, David Beckham, Ryan Giggs, Paul Scholes. Le match qui m'avait marqué, c'était la finale de la Ligue des champions face au Bayern Munich où ils égalisent et gagnent tout à la fin (NDLR : 2-1, en 1999, avec des buts de Teddy Sheringham et Ole Gunnar Solskjaer aux 90e et 93e minutes). Un truc de fou. Depuis ce jour-là, Manchester est devenu mon équipe. Cela m'avait vraiment marqué.»
Timothé Crépin Suivre @T_Crepin