Paroles de juré avec Henry Winter : « Je m'isole trente-six heures avant de voter »

Chaque mois dans FF, un juré du Ballon d'Or raconte "son" histoire avec le trophée. C'est Henry Winter qui a joué le jeu pour le second numéro.

« Aucun joueur ne m'a jamais reproché de ne pas avoir voté pour lui, même si Steven Gerrard m'a parlé du Ballon d'Or lorsque j'ai travaillé avec lui sur son autobiographie en 2006. Mais on m'a souvent fait ce commentaire : "Pourquoi tu n'as pas voté pour un Anglais ?" La réponse est toute simple : je prends ce rôle très au sérieux, je suis le football européen dans son ensemble, pas seulement la Premier League et, ces dernières années, ce football a été dominé par deux joueurs... Vous devinez lesquels (NDLR : le Portugais Cristiano Ronaldo et l'Argentin Lionel Messi, onze trophées à eux deux). Et j'étais arrivé trop tard pour voter pour Michael Owen en 2001. Être juré du Ballon d'Or est l'une des choses dont je suis le plus fier, pas seulement dans ma carrière, mais également dans ma vie. Avant le vote, chaque année, il doit y avoir entre soixante et soixante-dix personnes qui me demandent à qui je vais donner ma voix. Mais, évidemment, je ne leur dis rien. Et c'est aussi la raison pour laquelle, quand la FIFA m'a demandé de faire partie de leur jury pour leur trophée The Best, j'ai refusé. Pour moi, le Ballon d'Or est sacré.

Je refais l'année de football dans ma tête et devant un écran. Je visionne des actions de jeu, des matches sur YouTube...

Henry Winter

J'ai établi une sorte de rituel avant d'envoyer mon bulletin de vote à la rédaction de France Football. Je m'isole pendant trente-six heures. Une sorte de retiro à l'italienne, mais pour journaliste ! Je refais l'année de football dans ma tête et devant un écran. Je visionne des actions de jeu, des matches sur YouTube... J'ai pris des notes mentales pendant la saison, je revisite mes souvenirs. Et, alors, là seulement, je prends ma décision. Pour commencer, je ne la prenais pas seul d'ailleurs : c'est peut-être unique, mais nous étions deux jurés pour l'Angleterre, moi et Max Marquis, un monsieur d'un certain âge, absolument charmant, qui avait fait une carrière étonnante. Il avait été arbitre et commentateur de matches pour la radio, mais il avait également écrit des scénarios pour des séries télévisées très populaires comme Z Cars - dont le générique est l'hymne d'Everton -, Crossroads et, si vous arrivez à croire ça, l'un des premiers épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir (malheureusement perdu pour la postérité, car diffusé en direct sur la BBC, et jamais enregistré). »