kaka (P.Lahalle/L'Equipe)

Quand le Milan AC et Kaka renversaient Manchester United en demi-finales de la Ligue des champions 2007

Avant de se retrouver en huitièmes de finale de Ligue Europa ce jeudi soir, FF vous fait revivre la double confrontation mythique de 2007 entre le Milan AC de Kaka et le Manchester United de Rooney et Cristiano Ronaldo. Une demi-finale de C1 encore dans toutes les mémoires pour son niveau de jeu exceptionnel.

Nous sommes le 24 avril 2007, il est pratiquement 20h45. Dans un Old Trafford plein à craquer et chauffé à blanc, Manchester United accueille le Milan AC pour un duel épique entre deux mastodontes européens. Difficile de rêver mieux comme affiche. Le temps est figé. Les yeux du monde entier sont rivés vers le Théâtre des rêves. L'hymne de la Ligue des champions retentit. Une constellation de stars s'égrènent de part et d'autre devant les caméras : Van der Sar, Heinze, Scholes, Giggs, Cristiano Ronaldo, Rooney, Dida, Maldini, Nesta, Pirlo, Gattuso, Seedorf, Kaka... Au bord de la ligne de touche, Sir Alex Ferguson et Carlo Ancelotti se saluent chaleureusement, le sourire aux lèvres. La confrontation s'annonce grandiose et oppose les meilleurs joueurs de la planète football.
L'entame du match est idéale pour les Mancuniens. Sur un corner botté par Giggs, Cristiano Ronaldo se détend de son tout long devant Seedorf. Dida, auteur d'une sortie hasardeuse ne peut empêcher le cuir de rentrer dans le but (1-0, 5e). Old Trafford rugit de plaisir. Outrageusement dominé lors des premières minutes, le Milan AC est sur le reculoir et concède une pléiade d'occasions. Aux manettes des opérations, le buteur de la soirée et meilleur joueur du monde à l'époque, Cristiano Ronaldo. Le Portugais semble au-dessus du lot. Mais les Milanais ont dans leurs rangs le meilleur buteur de la compétition et futur Ballon d'Or France Football 2007, Kaka. Bien lancé par Seedorf, le génie du Milan prend le meilleur sur Heinze et trompe Van der Sar d'une frappe croisée du gauche (1-1, 22e). La première véritable situation pour le Milan est la bonne. Cette confrontation prend alors les tournures d'un match de très haut niveau. Après un numéro de soliste aux vingt-cinq mètres, Cristiano Ronaldo déclenche une énorme frappe du gauche (30e). Manchester a beau dominer, il n'est pas à l'abri. À la suite d'un long dégagement de Dida, Kaka prend de vitesse toute la défense anglaise et vient tromper Van der Sar. Un but d'anthologie avec en prime, un télescopage entre Evra et Heinze (1-2, 37e). L'international brésilien est stratosphérique et tout proche du triplé (42e, 53e).

Sans doute houspillés par Ferguson à la pause, les Mancuniens sont revenus avec d'autres attentions. Peu en vue, le jeune Wayne Rooney, 21 ans seulement, permet à son équipe d'égaliser sur un service délicieux de Scholes (2-2, 59e). Dans la dernière demi-heure, les duels se multiplient. La rencontre est serrée et intense. Les 73 820 spectateurs présents à Old Trafford ce 24 avril sont proches de la tachycardie. Ils vont bientôt exploser. Dans le temps additionnel, Giggs sert Rooney en pleine course. Sans voir où est placé Dida, l'attaquant de Man United frappe instinctivement aux vingt mètres et trompe le portier brésilien (3-2, 91e). L'Anglais peut exulter. Il a terrassé le grand Milan AC. Interrogé après la rencontre, Sir Alex Ferguson est dithyrambique sur son protégé : «Rooney a amené le premier but, a égalisé, et a marqué un incroyable troisième but pour la victoire. Il appartient à cette race de joueurs qui savent se mettre au niveau des événements comme celui-ci. Il a tout d'un grand joueur.» Mais avec la fameuse règle des buts à l'extérieur, les Rossoneri n'ont besoin que d'un petit but pour se qualifier et prennent date pour le match retour. Rien n'est fait.

L'enfer de San Siro

Battu à l'aller (2-3), le Milan AC sait qu'il doit marquer le premier pour mettre à mal une équipe de Manchester United bien décidée à se qualifier en terres italiennes. Seedorf avait même déclaré que c'était mieux «d'avoir perdu pour pouvoir contrer.» Cette équipe du Milan étant plus à l'aise quand elle doit remonter un score comme lors du quart de finale contre le Bayern Munich. Sous une pluie battante, les Milanais ne tardent pas à faire des différences. Toujours inarrêtable, Kaka idéalement servi par Seedorf à l'entrée de la surface, arme une demi-volée qui fait mouche (1-0, 11e). Son dixième but en douze matches de C1. Le Brésilien n'a qu'une chose en tête, porter son équipe vers la finale de la Ligue des champions. En face, Rooney et Ronaldo, les héros d'Old Trafford, ont beau se démener, le Milan paraît insubmersible. À la demi-heure de jeu, Clarence Seedorf, l'un des grands bonhommes du retour, est à la retombée d'un centre. Entouré de quatre Mancuniens, le milieu néerlandais réalise un numéro de soliste et ajuste Van der Sar d'une volée du droit (2-0, 30e). La messe est dite. Les Rossoneri sont sur leur nuage. Sur son banc, Ferguson mâchouille vigoureusement son chewing-gum. Le regard dans le vide. Le technicien écossais sait que le vent vient de tourner. La pluie a beau s'être arrêtée, l'orage n'est pas passé.

La deuxième période est à sens unique. Les Red Devils sont étouffés. Kaka est tout proche d'un but dont lui seul a le secret (57e) mais tombe sur un Van der Sar héroïque. Avant le coup de grâce. Alors que Man United n'est pas replié, Ambrosini lance Alberto Gilardino entre les lignes. Esseulé, l'Italien s'en va tromper le gardien de Manchester United d'un plat du pied droit (3-0, 78e). Cette soirée du 2 mai 2007 est un supplice pour les Anglais qui s'agacent et chauffent Gattuso qui n'en demandait pas tant (81e). Le calice jusqu'à la lie. Milan a survolé, à l'image d'un Kaka de haute volée. L'Auriverde est acclamé à sa sortie par un San Siro époustouflé. Les Milanais vont voir Athènes. En conférence de presse, Sir Alex Ferguson toujours aussi classe prédit qu'à moins d'un concours de circonstances défavorables : «Il est impossible que Milan ne gagne pas cette Ligue des champions.» En substance, le coach de Man United ne souhaite sans doute pas voir le rival Liverpool remporter une nouvelle Coupe d'Europe. Ses prédictions s'avèrent justes, car quelques semaines plus tard, emmené par un Kaka toujours en état de grâce, le Milan AC s'adjuge sa septième C1 (2-1) contre les Reds et prend sa revanche sur la finale d'Istanbul perdue deux ans plus tôt. La dernière à ce jour.

Thomas Bernier