Que deviens-tu, Megan Rapinoe ?

Couronnée du Ballon d'Or en 2019, Megan Rapinoe porte encore les couleurs de Reign, club racheté par l'Olympique Lyonnais. Mais elle est également toujours autant présente ailleurs.

C'est ce qui s'appelle écraser un scrutin. En décembre 2019, c'est sans aucune contestation que Megan Rapinoe est devenue la deuxième joueuse de l'histoire à inscrire son nom au Ballon d'Or féminin créé par France Football en 2018. Après la Norvégienne de l'OL Ada Hegerberg, c'est donc l'Américaine du Reign FC qui s'emparait du précieux trophée doré. Son score ? 230 points de la part des 43 jurés spécialistes du football féminin. Rapinoe a même été cité à 34 reprises à la première place. Bref, un plébiscite. Deuxième, l'Anglaise Lucy Bronze accusait au final un retard de 136 unités ! Vainqueure de la Coupe du monde organisée en France avec les Etats-Unis, meilleure joueuse et meilleure buteuse de la compétition (6 réalisations), auteure de l'ouverture du score lors de la finale face aux Pays-Bas (2-0), la Californienne de naissance avait plus que marqué l'événement majeur de l'année de son empreinte. «J'ai la chance d'avoir un certain talent, peut-être une vocation, pour mener des luttes, disait-elle dans un entretien marquant pour France Football au moment de recevoir son BO. Je suis par nature une personne qui a confiance en elle, je ne crains pas les micros, donc je dis ce que dois dire. En ce sens, oui, je suis une femme puissante. Si des choses doivent s'améliorer dans notre monde, autant être en première ligne.»

Un trophée et une année qui lui avaient permis d'être encore davantage sur le devant de la scène pour démontrer son talent balle au pied, mais aussi, et peut-être surtout, s'exprimer et faire passer ses messages au sujet de différents combats. En 2019, quelques jours après le Ballon d'Or, elle avait d'ailleurs été désignée personnalité sportive de l'année par le magazine Sports Illustrated. Un "titre" toujours très prestigieux outre-Atlantique. Elle qui, dès 2016, avait posé un genou à terre (geste rendu célèbre par Colin Kapernick, joueur de NFL) au moment de l'hymne national pour protester contre les discriminations et violences subie par les minorités. Rapinoe avait également fait parler d'elle pour sa farouche opposition à Donald Trump. Et ce n'est pas son année 2019 qui l'a freiné. «Je n'irai pas à la putain de Maison Blanche», disait-elle dans une vidéo pendant la Coupe du monde et une possible visite à Washington après la compétition. De quoi s'attirer la colère du président américain.

Maison Blanche et fiches de paye

Depuis, Megan Rapinoe n'a pas lâché son engagement, ou plutôt ses engagements. L'un de ses sujets forts est celui de l'égalité salariale entre homme et femme. Elle en a parlé en mars dernier directement à Joe Biden, nouveau locataire de la Maison Blanche. «J'ai été dévaluée parce que je suis femme», a-t-elle lancé. Son objectif ? Que les joueuses de l'équipe nationale soient autant payées que leurs homologues masculins. En 2019, les Américaines avaient même porté plainte contre leur Fédération pour obtenir la parité. Rejeté. Reçue par une commission parlementaire à la chambre des représentants, Rapinoe avait déclaré : «Il est tout simplement inacceptable que nous nous battions encore pour l'égalité salariale. Si cela nous arrive à nous, si cela m'arrive à moi, alors que nous sommes sous les projecteurs tout le temps, cela arrive bien entendu à toutes les femmes.» Son combat ne se limitant pas au football, mais bien à toute la société. Fiancée à la basketteuse américaine de renom Sue Bird, Rapinoe est également très engagée en faveur de la cause LGBT.

Vous l'avez compris, Megan Rapinoe joue toujours autant sur plusieurs tableaux et n'hésite jamais à prendre position. Quant au terrain, celle qui a fêté ses 36 ans en juillet dernier porte depuis 2014 les couleurs de Reign, situé au sud de Seattle dans le nord-ouest des Etats-Unis. Un club racheté par l'Olympique Lyonnais en décembre 2019, devenu OL Reign. En 2020, elle a quasiment connu une saison blanche. Après avoir disputé cinq rencontres de qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo et trois autres pour la SheBelieves Cup remportée avec sa sélection, Megan Rapinoe n'a pas porté une seule fois le maillot d'OL Reign. La pandémie de covid-19 est passée par là. Alors que le Championnat féminin américain de NWSL ne pouvait se disputer normalement, un tournoi était organisé entre juin et juillet 2020. Avec une vingtaine de matches au programme. Mais Rapinoe, et d'autres joueuses, avait refusé d'y participer. Elle a repris la nouvelle saison en mai dernier face à North California Courage (0-0) et a pris part à six rencontres (deux victoires, un nul, trois défaites ; un but) avant de s'envoler pour le Japon et d'y décrocher la médaille de bronze (défaite en demi-finale face au Canada puis victoire contre l'Australie lors de la petite finale). De retour de Tokyo après y avoir inscrit deux buts, elle va désormais essayer d'aider son équipe à remonter au classement de la saison régulière qui se terminera en octobre. Celle qui avait porté le maillot lyonnais en 2013 n'a en tout cas encore jamais parlé de retraite. De là à être encore là en 2023 pour la Coupe du monde disputée en Australie et en Nouvelle-Zélande et continuer à concourir chaque année pour le Ballon d'Or ?