david (jonathan) (A.Martin/PRESSE SPORTS)

Que penser de la première saison de Jonathan David avant le derby entre Lens et le LOSC ?

Neuf mois après son arrivée à Lille, Jonathan David évolue dans l'ombre du tumultueux Burak Yilmaz à la pointe de l'attaque des Dogues. Une discrétion qui ne doit pas occulter la force mentale impressionnante du Canadien. Et une première saison en Ligue 1 pleine de promesses.

S’imposer à la pointe de l’attaque du LOSC pour sa toute première saison en Ligue 1 à seulement 20 ans est déjà un sacré défi. Le faire aux côtés d’un Burak Yilmaz affamé en est encore un autre. Débarqué dans le Nord au mois d’août dernier en provenance de La Gantoise, Jonathan David était l’une des attractions de ce début de Ligue 1 édition 2020-2021. Fort d’une dernière saison à 23 buts et 10 passes décisives en Belgique, le Canadien avait été cédé au prix fort. 27 millions d’euros. Plus gros transfert de l’histoire du Championnat belge et record du LOSC. De quoi augmenter un peu plus les attentes et coller une étiquette de crack sur le dos du garçon. Quand son partenaire de l’attaque arrivait tardivement de Turquie sans grand-chose à prouver, pour palier le départ tardif de Loïc Rémy.

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Le contraste a fait mal au jeune buteur dès le début de saison. Hésitant, maladroit et presque timide dans le dernier tiers, il a souffert de la comparaison avec un Burak Yilmaz très vite indispensable à l’attaque lilloise. Pendant que l’international turc enquillait les buts, Jonathan David enchaînait les rencontres sans débloquer son compteur statistique. Sur les dix premières rencontres du LOSC en Championnat, le gouffre est abyssal entre les deux buteurs : six buts en deux passes décisives pour le «Kral» et… rien pour le Canadien. Pas la moindre action décisive malgré un temps de jeu conséquent (sept titularisations). La différence entre une jeune pousse en pleine découverte d’un nouvel environnement et un tueur référencé sûr de ses forces. Mais porté par un collectif lillois performant et soutenu par Christophe Galtier qui a continué de l’aligner en dépit de son rendement, le jeune buteur a fini par trouver la faille. Face à Lorient pour la 11e journée de Ligue 1 (4-0), il lâchait d’abord une passe décisive à Yusuf Yacizi. Avant de signer, enfin, son premier but sous ses nouvelles couleurs en toute fin de rencontre.

It's Dave time

Loin d’être un déclic, ce match contre les Merlus a surtout été le signe d’une progression constante pour un joueur qui enchaîne les rencontres et prend ses marques. Cinq mois plus tard, aucune explosion statistique à signaler. A trois journées de la fin du Championnat et d’un éventuel magnifique titre pour le LOSC, Jonathan David affiche 11 buts et trois passes décisives. Rien d’exceptionnel, en apparence en tout cas. Car si son nom ne ressort pas en premier pour illustrer le magnifique parcours lillois, l’ancien de La Gantoise y tient pourtant un rôle majeur. Au passage, il n’est d’ailleurs plus très loin des chiffres de Burak Yilmaz (13 buts et cinq passes). Contrairement au Turc, Christophe Galtier a toujours pu compter sur lui. Inusable, il a tenu son rang lors de 34 des 35 journées de Ligue 1. Sorti en béquilles du Parc des Princes début avril, il ne lui a fallu que deux semaines pour se remettre sur pieds. Une résistance physique à laquelle le Canadien ajoute une force mentale d’exception, lui permettant de briller quand cela compte le plus. Peu importe les périodes de doutes traversées pendant la saison. A y regarder de plus près, ses buts pèsent lourds, très lourds dans la saison des Dogues.

Né à Brooklyn, Jonathan David a visiblement traversé l’Atlantique avec la culture du money time américain dans ses bagages. L’odeur de la pression et des grandes soirées semble lui donner des ailes. Monaco, Rennes, Marseille, Paris, Lyon. Le buteur a brillé face aux gros poissons du Championnat. Mieux encore, il cumule les buts décisifs et fournisseurs de points. Pour sa première saison en France, il a déjà offert au moins six victoires au LOSC. Il y a d’abord eu ce but de l’ouverture du score contre Monaco en décembre pour mener Lille au succès (2-1). Puis ce pion importantissime mi-janvier pour s’imposer contre Reims dans le temps additionnel (2-1). Mais aussi l’unique but de la partie à Rennes la semaine suivante (1-0). Deux doublés victorieux, à Nantes (2-0), mais surtout contre l’OM dans les toutes dernières minutes (2-0). Et il y a bien sûr ces deux derniers buts essentiels dans la lutte pour le titre. D’abord celui de la victoire au Parc des Princes (1-0). Et, enfin, l’égalisation au Groupama Stadium pour lancer Lille vers un succès renversant (3-2). Au total, ce sont 18, voire même 21 points glanés par le LOSC grâce aux réalisations de son joueur de 21 ans. Une production d’une valeur inestimable pour les hommes de Christophe Galtier. A Lens, contre ce qui ressemble au dernier gros obstacle des Dogues dans leur course vers le sacre, Jonathan David pourrait bien acter une bonne fois pour toutes qu’il faudra compter avec lui pour les années à venir. Et enfin recevoir les louanges qu’il mérite.

Quentin Coldefy