Sofiane Diop, la bonne surprise de l'AS Monaco

Monaco-Nantes le 13 septembre dernier. La rencontre vient à peine de démarrer et les joueurs de l'AS Monaco se portent déjà vers l'avant. Sur le côté droit, Gelson Martins profite d'une erreur de Charles Traoré pour gagner du terrain. Intelligemment, le Portugais remet alors en retrait pour Ruben Aguilar qui rate totalement sa tentative de centre. Peu importe, Sofiane Diop a parfaitement lu la trajectoire et, d'une frappe enroulée en une touche, vient tromper Alban Lafont et donner l'avantage aux siens. Un premier but sous les couleurs du club princier pour le jeune joueur de 20 ans qui vient symboliser sa résilience. Arrivée à l'été 2018 sur le Rocher, le natif de Tours, en participant au succès de son équipe (2-1), lance ainsi véritablement son aventure sur la Côte d'Azur. Près de trois mois plus tard et deux autres buts inscrits, dont un lors du derby face à Nice, Diop a confirmé, prenant encore plus d'ampleur à Monaco. Dans le 4-4-2 mis en place par Niko Kovac, l'ancien Sochalien y fait presque figure de titulaire indiscutable avant d'affronter le LOSC ce dimanche.

Depuis le début de la saison, il a ainsi participé aux douze rencontres des Asémistes en Ligue 1, en débutant neuf dès le coup d'envoi. Une ascension fulgurante dans l'effectif monégasque pour celui qui a été formé à Rennes. En juillet dernier, il s'entraînait en effet avec la réserve du club de la Principauté, se demandant s'il n'allait pas faire partie de ceux poussés vers la sortie par Paul Mitchell. Mais à l'arrivée de Niko Kovac, la donne a changé. Après seulement deux entraînements, le coach croate l'a fait monter avec lui. Une récompense à la vue de l'investissement et du talent d'un gamin qui aura su avancer malgré les difficultés. A son départ de Rennes en 2018, il s'était attiré les foudres des supporters du club breton pour ne pas y avoir signé son premier contrat professionnel, rejoignant une formation monégasque qui allait vivre une saison catastrophe en 2018-19. Propulsé sur le devant de la scène à 18 ans sous la direction de Leonardo Jardim puis de Thierry Henry, l'international français U20 avait alors surnagé dans le marasme collectif des siens. Avant de s'éteindre à petit feu après la trêve, ne jouant plus un seul match jusqu'à la fin de la saison.

Une expérience qui a forgé l'homme à l'instar de son prêt à Sochaux l'an dernier. Dans un Championnat très dur physiquement, son gabarit frêle et son profil très technique nécessitaient de s'adapter afin de pouvoir s'exprimer pleinement. «Son premier match contre Clermont était bon, on gagne 4-0 et il s'était montré intéressant. Mais il a connu une passe plus délicate par la suite, explique Omar Daf, son entraineur au FCSM. Il a continué à travailler, il n'a pas lâché et il a fini par s'adapter. Sur la fin, il montait en puissance, il a marqué son premier but contre Valenciennes en février. Malheureusement, tout s'est arrêté avec le Covid». Au total, Diop aura disputé quinze rencontres de Ligue 2 dans le Doubs. De son passage chez les Lionceaux, Daf garde le souvenir d'un véritable passionné du ballon rond : «Il est amoureux du football, lance le coach sénégalais. Pour un entraîneur, c'est un régal d'avoir un joueur comme lui. Il pose sans cesse des questions et il veut toujours s'entrainer. Des fois, on était même obligé de lui dire : "Sofiane, stop, on arrête, il faut garder du jus pour le match"».

 

Une envie de travailler et de progresser qui s'additionne à des qualités indéniables. Si le temps et les épreuves l'ont quelque peu fait oublier, Diop n'en reste pas moins le gamin plein de talent en qui on fondait beaucoup d'espoirs à Rennes. «Il a tout pour faire une belle carrière. Aujourd'hui, c'est compliqué de lui fixer des limites, souligne Daf. Il a une telle marge de progression. Quand on voit ses capacités physiques, sa percussion, cette faculté à éliminer dans les petits espaces, on se dit qu'il va encore continuer à progresser et à franchir les paliers». En plus de ces aptitudes, Diop possède également une véritable force de caractère qu'il a développé à Sochaux. «J'ai été très dur avec lui. Je voulais qu'il se structure à tous les niveaux. A un moment donné, je l'ai sorti du groupe pour le piquer et le faire réagir. Il n'a pas lâché et derrière, il nous a apporté ce que l'on attendait. C'est un gamin qui a de la personnalité et je pense qu'il va réussir». Contre le LOSC ce dimanche, le natif de Tours aura une nouvelle opportunité de briller avec l'ASM et d'éclipser encore un peu plus l'absence d'un Aleksandr Golovin qu'on aurait presque oublié en Principauté.

Benoît Desaint