(L'Equipe)

Tanzanie, l'amour du ballon

Quasiment épargnée par la pandémie de Covid-19, la nation est-africaine s'est affirmée ces derniers mois aux yeux du continent comme l'une des plus passionnées par le football. Mpira, en kiswahili... (Crédit photo : Cafonline)

Historiquement, culturellement aussi, l'internaute français passionné de football se tournera plus naturellement vers ces nations francophones dont les meilleurs fils sont venus distiller leur talent en Ligue 1 ou Ligue 2. Quand il s'agit d'évoquer l'Afrique anglophone, il revient à leur mémoire Abedi Pelé (Ghana), Son Excellence George Weah (Liberia), Jay-Jay Okocha (Nigeria) ou encore Benjani (Zimbabwe). Rien ou presque sur l'autre versant, oriental celui-là, de l'Afrique. Et pourtant, l'Afrique de l'Est se passionne elle aussi pour le ballon. Surtout quand ses représentants brillent sur la plus grande scène continentale. C'est le cas du Rwanda, qui va disputer les quarts de finale du CHAN au Cameroun samedi (face à la Guinée). Autre exemple majeur, la Tanzanie. Elle a placé un club, le Simba SC, en phase de poules de la Ligue des champions. Et un autre, Namungo FC, dispute le tour de cadrage qualificatif à la phase de groupes en Coupe de la Confédération. La Tanzanie, depuis le début de la pandémie, a été quasiment épargnée. Peu de cas signalés et de décès. Dans le même temps, son football fait recette : le superbe stade Benjamin-Mkapa de Dar es-Salaam, d'une capacité de 60 000 places, se remplit régulièrement pour les matches de la sélection. Comme en novembre 2020 pour les éliminatoires de la prochaine Coupe d'Afrique des nations. Mais surtout, plus régulièrement quant les deux clubs phares du pays et de Dar-es-Salaam, les Young Africans (Yanga) et Simba SC, se retrouvent pour un derby coloré qui passionne les foules une semaine avant et une semaine après ! D'un côté, les vert-jaune de Yanga, de l'autre les rouges du Simba, qui portent tous maillots ou tee-shirts officiels. A cet égard, le Simba apparaît comme l'un des clubs les mieux structurés d'Afrique et jouit d'un bassin de suiveurs considérable sur les réseaux sociaux.

L'équipe nationale de Tanzanie en pleine célébration de but. (Crédit : Tanzania Football Federation) (L'Equipe)

En 2019, la Tanzanie avait organisé, avec succès d'ailleurs, la CAN U17, démontrant un savoir-faire qui pourrait, pourquoi pas, lui valoir d'abriter prochainement un CHAN, et avant cela une finale de Coupe des clubs. Les entraîneurs étrangers, africains et européens, n'hésitent pas à s'engager avec les clubs du pays, d'autant que les présidents ne sont pas avares de moyens pour recruter des talents afin d'aller le plus loin possible dans les deux compétitions majeures. Simba a ainsi recruté quelques joueurs durant le CHAN et même un technicien, le Français Didier Gomes Da Rosa, qui a quitté brusquement El-Merreikh (SDN) à la surprise générale et qui l'affrontera en Ligue des champions !

La Tanzanie, qui était elle aussi qualifiée pour le CHAN au Cameroun, a été éliminée dès le premier tour, battue par la Zambie (2-0) et la Guinée (2-1) mais vainqueur de la Namibie (1-0) sans démériter. Les supporters africains ont découvert Aishi Manula le gardien de but, Shomari Kapombe le latéral droit passé par Cannes en 2013-14, ou encore Farid Musa, l'ailier gauche, rentré cet été de D3 espagnole. La Tanzanie, futur Eldorado du football africain ? En tout cas, sa stabilité, ses moyens, son public passionné, son championnat organisé sans difficultés et sa sélection en progrès constants apparaissent comme ses meilleurs atouts.

Frank Simon