
Un équilibre retrouvé, des nouveaux leaders de jeu, un coach qui a su se réinventer : comment Manchester City est redevenu la terreur de la Premier League
Vainqueur de ses 15 derniers matches toutes compétitions confondues, leader confortable en Premier League, Manchester City a retrouvé depuis la fin de l'automne son costume de patron en Angleterre. Un retour au sommet qui porte la marque de Pep Guardiola et de ses nouveaux leaders.
Jamais un club de l'élite anglaise n'avait accompli un tel exploit. Mercredi, en écartant Swansea en FA Cup (3-1), Manchester City a battu le record codétenu par Preston (en 1892) et Arsenal (en 1987) en signant une quinzième victoire consécutive, toutes compétitions confondues. Une série durant laquelle les Skyblues ont inscrit 40 buts et n'en ont encaissé que 5, et qu'ils avaient entamée par un succès de haute lutte face à Southampton, le 19 décembre (1-0). Avant cette partie, Pep Guardiola et ses protégés pointaient à la neuvième place en Championnat, à huit longueurs du leader, Liverpool. Deux mois plus tard, les Citizens ont atteint la finale de la League Cup, les quarts de finale de la FA Cup, ont repris place sur le trône en Premier League et comptent même dix points de plus que les Reds après avoir puni le champion en titre à Anfield (4-1) ! Revenu à un niveau brillant, le collectif mancunien a su gommer ses défauts tout en développant de nouvelles armes.
Une défense moins sous pression
L'effet Ruben Dias
À vrai dire, l'arrière-garde de City laissait déjà peu d'opportunités à ses adversaires l'an dernier, mais celles-ci étaient bien plus dangereuses, et régulièrement facilitées par des erreurs individuelles. Si les mauvaises habitudes peuvent évidemment ressurgir (à l'image de... Ruben Dias face à Liverpool), elles sont clairement rangées au fond du placard. En 2019-20, Man City était la troisième pire équipe d'Angleterre en termes d'erreurs amenant un tir adverse (0,5 par match). En 2020-21, personne n'en commet moins (0,18). Inutile de chercher plus loin selon Guardiola : «C'est la raison pour laquelle on encaisse si peu de buts : les quatre défenseurs, peu importe qui joue, sont très solides, ils ne commettent pas d'erreurs.»
Cancelo, Gündogan et l'effet papillon
João Cancelo's position in the PFA TOTY is just gonna be "auxiliary". pic.twitter.com/OR6rzffBCV
— Daniel Edwards (@Edwaardz) January 26, 2021
Pas de De Bruyne, pas d'avant-centre ? Pas de problème
Jusque-là à l'étroit dans un duo souvent contre-productif avec Rodri ou Fernandinho, Gündogan peut désormais contrôler le tempo et presser plus haut, tout en se déplaçant avec réussite dans la surface adverse dans un rôle qui peut rappeler celui que remplissait David Silva par le passé. Jusqu'à mi-décembre, l'ancien milieu à tout faire de Jürgen Klopp à Dortmund n'avait marqué qu'une fois en huit apparitions en PL. Depuis, il vient de signer huit buts en neuf matches ! Porté par ces nouveaux leaders, dont le niveau rejaillit sur leurs partenaires (Stones, Rodri, Sterling, Foden...), City a beaucoup moins souffert que prévu de l'absence de Kevin De Bruyne ces dernières semaines, mais aussi de celles, récurrentes, de Sergio Agüero et Gabriel Jesus en pointe.
Guardiola en constante réflexion
Pour arriver à ce retour en grâce encore fragile mais bien réel, Pep Guardiola a dû affronter quelques vents contraires et assumer ses choix. L'élimination face à Lyon en Ligue des champions au mois d'août (1-3), comme la gifle infligée par Leicester en septembre (2-5) avaient marqué les esprits, et cristallisaient les critiques autour du technicien catalan, entre une tendance à se renier et une incapacité à gommer les défauts si récurrents et si coûteux de son équipe. Il faut avouer que la question philosophique méritait d'être posée, Guardiola se montrant bien plus préoccupé au début de l'automne par la recherche de la stabilité défensive que par la redécouverte d'une attaque virevoltante. Son traditionnel 4-3-3 avec des relayeurs très offensifs a donc laissé place à un double pivot protecteur, qui a même parfois associé Fernandinho et Rodri. Curieux, déroutant, mais payant puisque son équipe s'est muée en coffre-fort. Guardiola voulait retrouver le contrôle, la possession sécurisante, quitte à mettre de côté la folie dans un premier temps.
Il manquait tout de même clairement l'étincelle dans cette équipe mieux structurée mais parfois trop scolaire dans ses mouvements dans le camp adverse, avec en point d'orgue un derby sans saveur ni ambition face à United, le 12 décembre (0-0). Depuis, donc, il a retrouvé la clé, disposé son nouveau puzzle, et son escouade a renoué avec le dynamisme et la variété, au fil d'un processus qui n'a pas fait dévier le coach de ses principes. Au contraire, il n'a eu de cesse de les rabacher. Pourquoi son équipe défend mieux ? Parce qu'elle conserve mieux le ballon, assurait-il. «Nous avons le ballon 67% du temps, voilà la raison de notre bilan défensif. Si vous avez le ballon le plus souvent possible, votre adversaire ne l'a pas. Peut-être qu'un jour les règles changeront, mais je crois que pour marquer, vous avez besoin du ballon...»
In an exclusive interview with Sky Sports, Pep Guardiola insists possession is the secret of Man City's defensive success ??
— Sky Sports (@SkySports) February 7, 2021
Cédric Chapuis Suivre @cedchapuis