?????? - Ð'??????, ???? ????? ?Е??.14/10/2020, ??????? "??????" ??. ???? ?????, ??????, ?????????? ?????????.© Mikhail Shapaev, The Football Union of Russia (L'Equipe)

Vyacheslav Karavaev (Russie) avant de disputer l'Euro : «La discipline règne dans la sélection et tout le monde sait la responsabilité qui lui incombe»

Juste après avoir inscrit son second but international et peu avant de disputer sa première grande compétition avec la Russie, Vyacheslav Karavaev a décrit à FF ce que cet Euro représentait pour lui et la Sbornaya. Le piston droit en a évidemment profité pour évoquer ses rêves d'Europe... (Photo : Russian Football Union)

«Vivez-vous actuellement la même vie que nous en Russie ? De l'extérieur, on a l'impression que le quotidien des citoyens et joueurs russes n'est pas tout à fait similaire au notre et celui de nos joueurs. Vos stades sont, par exemple, en bonne partie remplis depuis des semaines...
La situation est, en effet, plus calme qu'en Europe. Ici, tout fonctionne. Mais le masque est obligatoire dans les aéroports, les stades et les restaurants. Et au Zénith, nous portions des masques pour venir aux matches, nous étions régulièrement amenés à faire des tests PCR et des tests sérologiques. Les mêmes règles s'appliquent à la sélection. Notamment parce qu'il y a des joueurs qui, comme moi, n'ont pas encore eu le Covid. Mais globalement, les règles sont aussi strictes, ne vous en faites pas.

On imagine bien que le Zenith n'est, de toute façon, pas du genre à transiger sur les règles. Ici, les gens ne mesurent pas toujours à quel point il s'agit d'un grand club...
Le Zénith est le plus grand club dans lequel j'ai joué. Il suffit de regarder le palmarès pour mesurer les choses. En République Tchèque et aux Pays-Bas (NDLR : il a également évolué au Sparta Prague et au Vitesse Arnhem), je n'ai rien gagné. Ici, j'ai déjà engrangé quatre trophées et enchaîné les participations en Ligue des champions. Et puis vous le sentez à la ville : tout le monde supporte l'équipe. Je ne veux toutefois pas manquer de respect au Sparta, il s'agit d'un club important en Europe.

Et l'Eredevisie, que l'on connaît un peu mieux ici, c'était comment ?
Dans ce championnat-là, vous rencontrez de super grands clubs comme le PSV ou l'Ajax. Mais de toute façon je ne veux pas comparer le niveau des ligues, des équipes... Je ne fais que parler de mes expériences personnelles.

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Revenons-en à la Russie, alors. Vous venez, de nouveau, de remporter le championnat. A quel point est-ce important pour une équipe nationale de compter dans ses rangs des individualités qui sortent de saisons victorieuses ?
Je crois que ça y est, les joueurs qui composent la sélection ne pensent plus qu'au tournoi. Personnellement, par exemple, je ne pense plus au titre de champion. Quelques jours après, il y avait de la satisfaction, bien sûr. Avant aussi, car c'est vrai que l'on ressent des choses à l'approche de la victoire, un certain feeling qui décuple ton envie de gagner. Puis de recommencer ! Car de toute façon tu n'as pas le choix, après un trophée tu peux faire la fête un jour et puis... c'est tout. Les émotions predent vite en intensité.

«A un pas du sommet, tu es toujours beaucoup plus ému qu'après avoir atteint le but que tu poursuivais»

C'est ça, une mentalité de vainqueur ?
Tout ce que l'on est en train d'évoquer me rappelle un film : Le Guerrier pacifique (NDLR : Film germano-américain réalisé par Victor Salva, sorti en 2006 et adapté du roman éponyme, lui-même tiré de la vie de Dan Millman, son auteur). C'est l'histoire d'un athlète gravement blessé qui rencontre une personne âgée dans une station-service. Ensemble, ils partent en randonnée. Le vieillard lui a promis qu'il lui offrirait une récompense à la fin du voyage. Une fois arrivée au sommet, l'athlète demande sa récompense et son ainé lui tend... une pierre.

Où voulez-vous en venir ?
Savez-vous pourquoi il lui offre cette pierre ?

Vous allez nous le dire...
Parce que c'est en route, dans l'attente, que l'on éprouve le plus grand plaisir et non en atteignant le résultat que l'on poursuit. A un pas du sommet, tu es toujours beaucoup plus ému qu'après avoir atteint le but que tu poursuivais.

Karavaev, latéral engagé, sous les couleurs du Zénith cette saison face au CSKA. (Ivan Vodop'janov/Kommersant)

La Russie est lancée sur un long chemin dont le Mondial 2018 a constitué une étape majeure. L'équipe qui s'apprête à disputer l'Euro s'inscrit dans la continuité de celle qui a atteint les quarts à domicile ?
Qui a joué à la Coupe du monde ? (Roman) Zobnine, (Artyom) Dziouba, (Ivan) Koudriachov, (Denis) Cherichev, (Aleksandr) Golovine, (Mario) Fernandes et (Yuri) Zhirkov. Par rapport à la Coupe du monde, la composition a changé pour une partie. Mais c'est logique, non ? Le staff est attaché à l'idée de prendre des jeunes joueurs, notamment ceux qui font partie de l'équipe nationale Espoirs. N'est-ce pas une bonne chose ? Les novices dont je fais partie ont des ambitions et une motivation folle... Nous, nous n'avons jamais participé à un tel tournoi !

Quelles sont les principales qualités de la Sbornaya ?
Justement, ce mélange entre expérience et jeunesse. On a une équipe ambitieuse réunissant beaucoup de jeunes gens qui lui donnent un nouvel état d'esprit, de nouvelles émotions. Et à côté de ça, vous avez des joueurs expérimentés qui ont participé aux plus grandes compétitions.

«On est aujourd'hui dans un contexte de pandémie qui n'a rien avoir avec la fête que l'on a connu en Russie il y a trois ans. C'est donc... incomparable.»

Depuis que le pays a organisé la Coupe du monde, sentez-vous un vrai élan derrière l'équipe ?
Après la Coupe du monde, c'est vrai que les supporters et l'équipe se sont rapprochés. Ils s'attendent désormais à ce que nous obtenions un bon résultat, que nous remportions des victoires. A la veille du championnat d'Europe, c'est ce que l'on ressent.

Il y a donc une sorte de pression populaire ?
En comparaison de la Coupe du monde, tout est beaucoup plus calme. On est aujourd'hui dans un contexte de pandémie qui n'a rien avoir avec la fête que l'on a connu en Russie il y a maintenant trois ans. C'est donc... incomparable.

Parlez-nous un peu de votre entraîneur. Stanislav Tchertchessov est le sélectionneur national depuis cinq ans déjà. Quelles sont les principales idées qui l'animent ?
Le coach est rigoureux mais sans excès : il peut être aboyeur ou donner des conseils quand la situation l'exige ou bien encore plaisanter. Après, bien sûr, la discipline règne dans la sélection et tout le monde sait la responsabilité qui lui incombe. On a tous conscience de ce que l'on a le droit de faire et de ce qui nous est interdit.

La Sbornaya, ici Yuri Zhirkov et Vyacheslav Karavaev, se prépare tranquillement au Novogorsk Training Center. (Reuters)

Votre sélection semble partie pour jouer en 3-5-2 et cela change certaines choses pour vous. Le but que vous avez inscrit face à la Pologne (ce mardi, sur un renversement de Golovine) semble en attester. En tant que joueur de couloir, quel système préférez-vous ?
En réalité, ça ne change pas grand-chose pour moi. Dans le sens où je suis à l'aise dans les deux cas. Quand l'équipe joue avec trois centraux, j'attaque plus car je suis le seul a véritablement arpenter le couloir. Mais dans les deux cas, il ne faut pas oublier de défendre. Surtout pas. Tout ça pour dire que je n'ai pas vraiment de préférence.

C'est en Russie que vous avez appris à maîtriser plusieurs systèmes ? D'aucuns remettent régulièrement en question le niveau de votre championnat et expliquent ainsi les difficultés rencontrées par les jeunes joueurs russes en Europe...
Dans n'importe quel championnat vous trouverez des joueurs qui explosent et d'autres qui demeurent des éléments lambdas. La Première Ligue Russe est un championnat sérieux et difficile, très porté sur le duel. Les Néerlandais, par exemple, sont très technique mais vont être un peu perturbés par le nombre de duels à disputer ici. Tout est une question d'adaptation, dans un sens comme dans un autre. Pour ce qui est de vos championnats, les joueurs des petits clubs russes ont moins de chance d'y aller que nous, qui évoluons dans les meilleures équipes du pays.

«Golovine grandit, progresse, il a gagné en confiance sur le terrain»

Parce que vous êtes en quelque sorte habitué à dominer les rencontres et à avoir le contrôle du ballon ?
C'est ça. Le Zénith, par exemple, est très souvent dans la moitié de terrain adverse, multiplie les passes. A partir de là, tu as plus de possibilités de tirer le meilleur parti de ton potentiel, de te préparer pour le grand saut. Ici peut-être encore plus qu'ailleurs vu que nous venons de devenir champion pour la troisième fois de suite. Et puis nous jouons la C1, aussi, ce qui permet de se montrer. Voilà, c'est tout un ensemble de choses qui vous prépare à un potentiel départ vers l'une de "vos" ligues. Les exemples Golovine et (Alekseï) Mirantchouk en attestent. Mais je veux insister sur une chose : tout est "individuel", quelqu'un peut réussir et un autre échouer. Tout ça ne tient pas à grand-chose...

Et la situation est peut-être en train d'évoluer...
Je crois, oui. Cherichev, Mirantchouk et Golovine jouent tous en Europe, par exemple. Mais je comprends ce que vous voulez dire. Et puis il faut aussi dire qu'il est parfois plus facile pour un club européen de recruter un jeune européen qu'un jeune russe. En Italie, par exemple, il y a une limite pour les joueurs non ressortissants de l'Union européenne.

Dans l'esprit d'un jeune joueur russe, Golovine est l'incarnation de la réussite ?
"Sacha" est maintenant une des stars du football russe ! Il joue à l'AS Monaco, dans un des meilleurs clubs. Il est, de ce fait, très important pour nous, l'équipe de Russie. Golovine grandit, progresse, il a gagné en confiance sur le terrain. J'aime sa maîtrise du ballon !

Et Malcom, alors ? Vous jouez encore plus régulièrement avec lui et il est également passé par chez nous...
Il a ses points forts, bien sûr : il a une bonne technique de passe et est un bon dribbleur. Les critiques ? Je pense qu'il aurait besoin de temps pour s'adapter au championnat russe, d'autant plus qu'il a eu des blessures. C'est un joueur important, qui s'efforce de donner son maximum à l'équipe. Quant à la communication, tout est également ok, il parle plutôt bien anglais.

Depuis le Mondial, la ferveur est légèrement retombée en Russie. La pandémie est passée par là... (Reuters)

Comme ces deux joueurs-là, vous devez avoir envie de gouter à l'étranger de nouveau...
Oui, un jour je voudrais revenir en Europe. En Russie je joue dans un des meilleurs clubs, nous remportons des titres, jouons régulièrement en Ligue des champions, mais je garde toujours cet objectif en tête. J'essaie par exemple de suivre tous les championnats du top 5.

Vous avez une préférence ?
Depuis mon enfance, j'aime beaucoup la Bundesliga. Je pense qu'elle me conviendrait bien avec son intensité et les nombreuses courses qu'il faut y faire pour briller. Et puis le foot allemand est assez proche du foot néerlandais, ces pays ont des modes de vie similaires. Mais voilà, j'aime aussi la Premier League et La Liga. Sans oublier la Ligue 1 et l'Italie qui font partie du top... Honnêtement, je ne me fixe pas de limites en la matière.

«Je m'apprête à vivre l'un des moments les plus importants de ma carrière (...). Et puis il y a ce feeling que procure le fait d'évoluer devant une partie de sa nation.»

Et puis contrairement à bon nombre de joueurs russes dans vos âges, vous avez déjà connu l'Europe...
Mes expérience en République Tchèque et au Vitesse Arnhem peuvent, en effet, être considérées comme un pas vers l'adaptation à l'étranger. Au tout début, chez les Tchèques, j'ai eu de petits problèmes d'adaptation mais je pense que c'est chose courante, non ? Maintenant je comprends comment les choses fonctionnent en Europe. Je sais par exemple qu'il est très important de parler anglais et ça c'est désormais ok. Quand vous déménagez dans un autre pays, il vous faut absolument être capable de communiquer. C'est ce qui rend l'adaptation plus facile.

L'Euro est en tout cas une belle occasion de montrer de quoi vous êtes capable...
Je pense que je m'apprête à vivre l'un des moments les plus importants de ma carrière, oui. Je n'ai pas encore participé au moindre tournoi international et vous savez à quel point ceux-ci sont importants dans une carrière...

Quels seront vos objectifs ?
D'abord, jouer tous les matchs avec le maximum de succès. Autrement dit, prouver ma valeur et aider la sélection. Mais on peut prendre les choses dans les deux sens : ce n'est que lorsque l'équipe brille que ses individualités peuvent se montrer. Mais continuons déjà de bien nous préparer...

C'est facile de rester concentrer sur la préparation ? Cet Euro et le fait de porter le maillot de l'équipe nationale ont l'air de tellement compter pour vous...
Ah ça... J'aime mon pays et suis fier de jouer pour l'équipe russe ! D'autant que ce sera ma première vraie expérience internationale. Je suis très excité... Et puis il y a ce feeling que procure le fait d'évoluer devant une partie de sa nation. Jouer chez nous est un bonus indéniable.»

Thymoté Pinon